Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Obama face à l’absence d’avancée sur le contrôle des armes aux États-Unis

ARMES À FEU – Fusillade après fusillade, la question des armes à feu aux Etats-Unis revient dans le débat public et politique américain. La polémique est une fois de plus relancée avec la tuerie en direct à la télé, où deux journalistes d’un décrochage local de CBS, Alison Parker, 24 ans, et Adam Ward, 27 ans, ont été abattus par un collègue à eux, un présentateur télé nommé Bryce Williams (Vester Lee Flanagan de son vrai nom).

barack obama president usa amerique etats unis

Et aussi : Deux journalistes de CBS tués par balles en direct aux États-Unis

Cette fois, pas de tuerie aveugle, les motivations du tueur étaient claires et il ne frappait pas au hasard dans la foule. Mais la question reste la même: ces morts auraient-elles pu être évitées si l’accès aux armes pour le citoyen lambda avait été plus strict. Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait un hasard si c’est non loin du lieu du drame qu’un homme avait abattu 32 personnes sur le campus de Virginia Tech en 2007 avant de se suicider. Il est en effet très facile de se procurer une arme dans l’Etat de Virginie.

En fin d’après-midi, La Maison Blanche a pour la énième fois appelé jeudi le Congrès à légiférer pour mieux encadrer la vente et l’utilisation des armes à feu. Déplorant une “fusillade tragique”, Josh Earnest, porte-parole de Barack Obama, a souligné que le Congrès pouvait prendre des mesures “de bon sens” pour limiter ce genre de drames, “trop fréquents” aux Etats-Unis.

De son côté, la candidate démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton s’est dite “dévastée et en colère” sur Twitter. “Nous devons agir pour arrêter la violence par armes à feu et nous ne pouvons plus attendre”.

Impuissant face au lobby

Déjà, le 14 décembre 2012, un jeune homme de 20 ans, apparemment perturbé, tuait 26 personnes, dont 20 enfants de classe de CP, dans l’école de Sandy Hook à Newtown (Connecticut). Peinant à retenir ses larmes, Obama avait appelé le Congrès à légiférer pour durcir l’accès aux armes à feu. Il avait réclamé des contrôles plus stricts sur la vente de fusils d’assaut de type militaire, comme celui utilisé par le tireur de 20 ans, Adam Lanza. Mais l’influence de la National Rifle Association (NRA) et de l’industrie des armes est tellement puissante sur le Congrès que la législation visant à renforcer la vérification des antécédents criminels pour toutes les ventes d’armes n’a jamais franchi le Sénat.

A peine quatre mois plus tard, le Congrès sonnait effectivement le glas de cette réforme. Obama dénonçait alors “un jour de honte pour Washington”, pointant du doigt le lobby des armes, la puissante NRA qui martèle que le droit de posséder des armes est inscrit dans la Constitution qu’elle défend bec et ongles.

Été meurtrier

Chaque Américain a effectivement le droit de “posséder et de porter une arme”, un principe jalousement protégé par des millions de détenteurs d’armes respectueux de la loi considérant qu’il s’agit notamment d’un symbole de liberté. Un sondage de l’institut Pew Research réalisé fin 2014 a révélé que, pour la première fois en plus de vingt ans, davantage d’Américains soutenaient le droit au port d’armes (52%) que ceux prônant un contrôle (46%).

Neuf mois après Newtown, une nouvelle fusillade -dans un immeuble de la Navy à Washington- avait coûté la vie à 13 personnes. Une fois encore l’Amérique était en émoi et une fois encore Obama s’était “inquiété face à ce qui devient un rituel”. Au lendemain de ce nouveau massacre, le président américain avait rappelé qu’il “avait signé une série de 23 décrets dans la foulée de la tuerie de l’école Sandy Hook de Newtown” et que la balle n’était donc plus dans son camp, mais dans celui du Congrès.

Et cet été, plusieurs tueries ont remis le débat au premier plan. Le 17 juin, un jeune Blanc de 21 ans, Dylann Roof, s’affirmant partisan de la suprématie blanche, a été inculpé de crimes racistes par un grand jury fédéral, accusé du meurtre de neuf paroissiens noirs dans une église de Charleston. Cinq militaires américains ont par ailleurs été tués le 16 juillet à Chattanooga (Tennessee), par Mohammad Youssuf Abdulazeez, un jeune homme de 24 ans abattu lors de l’attaque. Cet Américain naturalisé né au Koweit avait agi seul sans que son éventuelle radicalisation religieuse n’ait été prouvée, sa famille évoquant des troubles mentaux.

En parallèle, un jury du Colorado a délibéré en août pour ne finalement pas condamner à mort James Holmes, un jeune homme reconnu coupable du meurtre de 12 personnes lors d’une fusillade dans un cinéma d’Aurora en juillet 2012 pendant la projection du film de Batman “The Dark Knight Rises”. Fin juillet 2015, un homme de 58 ans a à nouveau ouvert le feu dans une salle de cinéma de Lafayette (Louisiane), tuant deux personnes et blessant sept autres avant de retourner son arme contre lui.

Ces fusillades meurtrières ont partagé les gros titres de la presse aux Etats-Unis cet été. Avec toujours le même fil rouge: l’accès facile aux armes à feu. La coïncidence a ravivé les appels au Congrès pour revoir la législation sur la vente d’armes dans le pays. “C’est l’un des jours les plus marquants dans l’histoire américaine en matière de violence avec des armes à feu”, a indiqué le 18 juillet Dan Gross, président de l’association Brady Campaign to prevent gun violence, cité dans un communiqué. “Le même jour où un jury a rendu son verdict concernant un homme responsable d’un meurtre de masse dans un cinéma du Colorado, un autre s’est lancé dans une équipée mortelle et a tué quatre militaires américains”, a-t-il relevé. “Si ça n’incite pas les parlementaires à prendre un moment pour réfléchir aux conséquences de la violence par armes à feu dans notre pays, qu’est-ce qui le fera”, s’est-il interrogé.

“L’accès facile à un nombre croissant d’armes létales est l’un des éléments quasiment commun à toutes ces attaques”, a relevé Josh Sugarmann, directeur général du Violence policy center à Washington. “Des vies sont perdues, des familles sont détruites et les communautés ont peur, et pourtant, trop souvent nous cherchons des réponses en ignorant les instruments mêmes qui sont utilisés pour perpétrer ces actes abominables”, a-t-il déploré.

Par contre, le meurtre des cinq militaires dans le sud des Etats-Unis mi-juillet a généré des appels d’élus à armer les militaires américains pour qu’ils puissent mieux se défendre, une proposition jugée dangereuse voire inefficace par les experts et qui n’est pas envisagée par le Pentagone. Quand Mohammad Youssuf Abdulazeez s’est attaqué à un bureau de recrutement des Marines puis à un centre de réservistes à Chattanooga, il a choisi des cibles “vulnérables” qui sont “très différentes des bases et des forts lourdement armés”, avait noté Ali Soufan, ancien agent du FBI spécialiste d’Al-Qaïda. Si bien que plusieurs élus, à l’instar du turbulent candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump, avaient réclamé que les soldats puissent mieux “se protéger”. Cette logique n’est pas sans rappeler celle de la NRA. Également au nom de l’auto-défense, elle avait suggéré d’armer les enseignants après le massacre de 20 écoliers à Newtown en 2012 ou d’armer les étudiants après des fusillades sur les campus.

Vente à une personne connue des forces de l’ordre

Les vérifications existantes, limitées, ne peuvent éviter une vente à une personne connue des forces de l’ordre. C’est le cas de Dylann Roof qui a acheté un pistolet quelques semaines après son arrestation dans une affaire de stupéfiants, profitant de défaillances dans le système de vérification du FBI.

Les enquêteurs n’ont pas encore expliqué comment Abdulazeez s’était procuré ses armes. Ils ont indiqué qu’il avait “au moins deux armes longues” et “une arme de poing”, dont “certaines (…) achetées légalement”.

Dans les mois précédents le massacre dans le cinéma, Holmes avait acheté deux pistolets Glock, un fusil semi-automatique, un fusil de chasse et 6300 munitions, en personne et sur internet. En toute légalité.

L’éprouvante frustration d’Obama

Fin juillet, de manière presque concomitante avec la fusillade du cinéma de Lafayette, Obama avait exprimé son “éprouvante” frustration face à l’absence d’avancées sur le contrôle des armes aux Etats-Unis, dans une interview diffusée par la BBC.

Dans l’entretien accordé à la chaîne publique britannique, Obama estimait que son pays était “la seule nation développée sur Terre dans laquelle nous n’avons pas suffisamment de loi sensées de contrôle des armes”.

Le président américain dressait la comparaison entre le relativement faible nombre d’Américains victimes du terrorisme depuis les attentats du 11-Septembre et celui, beaucoup plus élevé, de victimes des armes à feu dans le pays. “Si vous regardez le nombre d’Américains tués depuis le 11-Septembre par le terrorisme, c’est moins de 100. Si vous regardez le nombre de gens tués par la violence due aux armes à feu, ça va chercher dans les dizaines de milliers”, déclarait-il. “Et ne pas être capable de résoudre ce problème est pour nous quelque chose d’éprouvant. Mais je ne compte pas lâcher l’affaire dans les 18 mois qui restent” avant la fin de son mandat présidentiel, avait-il ajouté.

Les meurtres de masse -au moins quatre personnes tuées, selon la définition de la police fédérale- ne représentent que 1% des meurtres commis aux Etats-Unis, selon le quotidien USA Today. Mais il s’en produit environ un toutes les deux semaines, a relevé le journal, se fondant sur des statistiques du FBI.

 

Source: huffingtonpost.fr

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance