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Mali : la responsabilité des intellectuels

Le rôle des intellectuels dans un pays en crise c’est d’analyser la situation et de proposer des pistes de réflexion pour une sortie de crise. Or tel n’est pas le cas au Mali. Pour des raisons multiples, rares sont les intellectuels maliens dont la voix porte depuis les événements de 2012. Comme s’ils avaient décidé de laisser aux seuls politiques de l’opposition et de la majorité présidentielle le soin de décider du sort du pays. C’est une attitude qui n’honore pas les dizaines de Professeurs et autres Docteurs dont regorge notre pays.

Maitre me Mamadou Ismaila Konate avocatExcepté CRI 2002 du Professeur Abdoulaye SALL et les analyses très pertinentes de Me Mamadou Ismaïla KONATE, certaines organisations de la société civile et les invités du Débat de dimanche sur Africable ou de Radio Klédu, on n’entend guère les intellectuels maliens sur la crise que traverse notre pays depuis trois ans. Certes l’ORTM reste la voix de la majorité présidentielle comme du temps du parti unique sous Modibo KEITA et Moussa TRAORE. Cependant il existe d’autres canaux qui sont des tribunes où peuvent s’exprimer les intellectuels maliens, des canaux tels que la presse indépendante qui n’attend que des initiatives pour lancer les débats.

Les raisons à ce silence sont multiples. La première est que la plupart de ceux qui auraient pu faire avancer la réflexion sur la sortie de crise et les résultats de l’accord de paix sont les fonctionnaires de l’Etat. Beaucoup ont été nommés à des postes qu’ils comptent garder le plus longtemps possible. Dans ce cas, la meilleure façon de ne pas se faire remarquer c’est de se taire officiellement et d’être très loquace dans les bureaux ou les grins.

La seconde raison est que beaucoup de ces cadres n’ont pas l’habitude de s’exprimer par écrits. En effet, les nombreux Professeurs et Docteurs maliens sont, pour la plupart, incapables de produire, par an, des écrits dans leur domaine respectif pour donner matière à réflexion à tous les citoyens qui attendent d’eux des éclairages sur tel ou tel aspect de notre pays. Les titres qu’ils exhibent fièrement ne servent qu’à s’assurer un bon salaire et à s’assurer une retraite juteuse.

Portant tout ce beau monde écoute régulièrement les débats sur les chaînes internationales et voient les intellectuels européens et africains (dont la plupart ont publié des livres dans leur domaine) réfléchir sur l’actualité ou analyser les problèmes africains et mondiaux. Car c’est à cela surtout que servent les cadres dans un pays. Susciter le débat, proposer des pistes de réflexions et éclairer la lanterne des citoyens qui sont perdus dans les discours contradictoires des politiques où l’attaque personnelle l’emporte très souvent sur la réflexion analytique.

Il ne sert à rien de s’enfermer et de critiquer la politique gouvernementale car cela est contreproductif. L’honnêteté voudrait que ceux qui ont été formés à grands frais par le pays se sentent obligés de participer ouvertement au débat national. Plus ils seront nombreux à s’exprimer mieux cela vaudra. L’intervention des intellectuels dans la réflexion politique peut influencer positivement les décideurs politiques car ceux-là ne seront pas forcément sentis comme des opposants en quête d’électeurs si leurs analyses sont objectives et appropriées.

 

En attendant, c’est la presse qui joue ce rôle tant bien que mal car nombreux sont nos confrères qui se font payer pour encenser les princes du jour ou les vilipender. Il est très peu de journaux qui proposent des analyses pertinentes et objectives de la situation malienne. La plupart des journaux font du sensationnel leur ligne éditorial car c’est cela qui se vend le mieux quitte à tomber très souvent dans la diffamation. Dans les sites d’information en ligne, la moindre reconnaissance d’un acte positif du Gouvernement est vue comme une allégeance au régime et suscite très souvent des insultes de la part de certains internautes. Or pour rester objectif donc crédible, c’est le rôle du journaliste de dire ce qui a marché et de dénoncer les lacunes et les erreurs.

Le silence des intellectuels et cadres maliens est donc coupable. IBK et son équipe ont beau être des gens engagés dans la résolution des problèmes que connait notre pays ils n’en demeurent pas moins susceptibles de commettre des erreurs. Seuls les intellectuels peuvent en toute indépendance proposer des pistes de réflexion pour faire avancer les choses. Le débat franc et constructif est le meilleur moyen d’aider notre pays dans la construction de la démocratie ou sa consolidation et d’être une troisième voix crédible entre la majorité et l’opposition.

 

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