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Libération d’Anefis : IBK ordonne, la Plateforme refuse

La situation reste toujours tendue dans la zone d’Anéfis. Selon les dernières informations, malgré l’acceptation des chefs politiques de la Plateforme de libérer cette ville, elle reste toujours sous occupation des mouvements républicains conduits par le Gatia.

Fahad Ag Almahmoud ecretaire generalgatia mali

La libération de la zone d’Anéfis étant devenue une condition du retour de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) au sein du Comité de suivi de l’Accord signé le 20 juin, le président de la République en personne est monté au créneau, pressé par la communauté internationale. Ibrahim Boubacar Kéita a, en effet, rencontré à Bamako la branche politique de la Plateforme des mouvements républicains (un regroupement de groupes d’autodéfense) réputée proche de Koulouba. Après plusieurs heures de discussions et de négociation, le chef de l’Etat aurait obtenu des responsables la libération de la zone d’Anéfis que contrôlent les mouvements républicains depuis le 17 aout, après avoir chassé la CMA. Les responsables politiques de la Plateforme ont alors fait le déplacement sur le terrain pour obtenir de leur branche militaire de quitter la zone afin que le processus de paix puisse reprendre avec la CMA. Au moment où nous mettions sous presse, ce déplacement se serait révélé inutile, les combattants et les chefs militaires de la Plateforme, notamment ceux du Groupe d’autodéfense des Touareg Imghad et alliés, ne veulent rien savoir. Et sont revenus à leur première condition : ils ne quitteront la zone que pour la remettre aux forces armées maliennes ou à la Minusma, ou aux deux. Surtout, il n’est pas question que les éléments de la CMA reviennent occuper la ville, une zone extrêmement importante pour le contrôle de la route de Kidal et l’axe Anéfis-Tabankort.

Divorce quasi-consommé

Ce refus des combattants et des chefs militaires de la Plateforme était prévisible compte tenu de la réalité sur le terrain. Et la réalité, c’est le divorce quasiment consommé entre les responsables politiques des différents membres de la Plateforme et leurs bases respectives. Les troupes, en effet sont devenues incontrôlables depuis bien avant la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, un document dans lequel la grande majorité d’entre elles ne se reconnaissait pas, mais qui a pourtant paraphé et signé par leurs responsables. En outre, depuis le 20 juin, les différentes parties signataires de cet accord ont dû mal à s’entendre pour la composition du Comité de suivi de l’Accord. Ce retard a fait que la situation s’est dégradée sur le terrain, d’autant plus que les responsables politiques de la Plateforme n’ont pas daigné descendre sur le terrain pour expliquer le contenu de l’Accord, expliquer aussi les concessions qu’ils ont dû faire au gouvernement et à la CMA. De plus, leur absence sur le terrain a nourri les supputations selon lesquelles les responsables politiques auraient perçu beaucoup d’argent pour signer un Accord inéquitable.

Méfiance et défiance

Mais si la Plateforme ne contrôle plus ses troupes, la CMA non plus n’a pas d’emprise sur ses combattants. Pour les mêmes raisons. Et la marche des femmes de Kidal, il y a quelques jours, est assez significative. Parce qu’elles soupçonnaient les responsables politiques, en connivence avec les chefs militaires, de détourner l’aide humanitaire à leurs seuls profits, elles ont organisé une marche de protestation et exigé que cette aide soit désormais gérée par les donateurs. Une marche similaire pourrait être initiée par les combattants de la CMA qui également soupçonnent leurs responsables d’avoir reçu des mallettes afin qu’ils renoncent à leur projet de partition du pays. Dans ces troupes, également, on commence à murmurer et à se poser des questions : si l’aide au développement devait être gérée par les mêmes personnes qui gèrent les fonds de la région depuis des années, on est loin du compte, la région sera toujours sous-développée, et ce sous-développement voulu et entretenu sera toujours motif d’entrer en rébellion.

Autre facteur, les habitants d’Anéfis, comme jadis ceux de Ménaka, et les populations du nord, en général, ne veulent pas du retour de la CMA dans cette zone. Ils soupçonnent les mouvements rebelles terroristes d’être toujours en contact avec Iyad Ag Ghaly, le chef du mouvement jihadiste Ansar Eddine, qui continue à se balader entre la région de Kidal et l’Algérie dont il serait le protégé.

Ces différents facteurs ne sont pas à favoriser le retour de la paix, dans l’immédiat, même si la CMA, qui de toutes les manières y est contrainte, revenait siéger au Comité de suivi. Ce qu’il faut, pour la Plateforme comme pour la CMA, c’est de reprendre le contrôle des troupes et des chefs militaires. Ce qui est loin d’être acquis avec toute la méfiance et la défiance entre sommet et bases.   Aux dernières nouvelles, les responsables du Gatia, nous apprend-on,  auraient pris pied à Anéfis afin de pouvoir convaincre les combattants de la nécessité de libérer la ville.

Cheick TANDINA

 

Source: Le Prétoire

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