La petite ville de Marea, dans le Nord syrien, va-t-elle tomber ? A l’offensive depuis début août, les jihadistes de l’Etat islamique sont entrés dans les faubourgs de la bourgade dans la nuit de mercredi à jeudi. Ils s’étaient auparavant emparés de trois localités situées à proximité. Marea, contrôlée par les rebelles depuis 2012, est stratégique car située sur une route qui relie Alep, la grande ville de la région, à la frontière turque. L’EI a également pris deux villages au nord d’Alep, à quelques kilomètres de la Turquie.

Ces deux localités étaient auparavant sous le contrôle du Front al-Nusra, la branche syrienne d’Al Qaeda. Le groupe les a quittées début août, lorsque la Turquie, les Etats-Unis et une partie de la rébellion ont annoncé vouloir créer une zone de sécurité dans le Nord de la Syrie. Celle-ci doit s’étendre de Marea, à l’ouest, jusqu’au poste-frontière de Jerablous, le dernier à être tenu par l’Etat islamique dans la région, à une centaine de kilomètres à l’est. Elle pourrait accueillir des réfugiés syriens, dont les 1,8 million vivant en Turquie, qui rentreraient d’exil. Le Front al-Nusra a refusé d’être associé à une opération à laquelle participent les Etats-Unis.

CAMPAGNE «TOTALE»

Pour autant, l’offensive annoncée n’a pas réellement débuté. Jusqu’à aujourd’hui, la Turquie a cantonné ses frappes, à quelques exceptions près, sur des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak et surtout sur le territoire turc. Cette stratégie a laissé le champ libre à l’EI qui en a profité pour relancer ses attaques dans le Nord de la Syrie.

Lundi, le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Çavuşoğlu, a assuré dans une interview à Reuters que son pays et les Etats-Unis allaient bientôt lancer une campagne «totale» dans la région syrienne qui borde la frontière turque. L’envoi de troupes au sol semblant exclu, les armées turques et américaines devraient procéder à des raids aériens pour aider les rebelles à chasser les jihadistes de la région. L’Arabie Saoudite, le Qatar et la Jordanie, ainsi que la France et le Royaume-Uni pourraient s’associer aux opérations.

Luc MATHIEU
Source: Le Figaro