Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

IBK boucle ses deux ans à la tête du pays : Entre désillusions, espoirs et scepticisme

4 septembre 2013 – 4 septembre 2015. C’est aujourd’hui le deuxième anniversaire de la prestation de serment du président Ibrahim Boubacar Kéita. En prenant les rênes du pouvoir dans un contexte de grands défis à relever pour remettre le pays sur les rails après la grave crise qui a failli l’engloutir, IBK avait pris un pari risqué mais courageux. A mi-chemin de ce mandat de cinq ans, les Maliens sont… ” trimballés ” (IBK ne veut pas l’être) entre déceptions, doutes et espoirs. 

ibk exellence ibrahim boubacar keita president malien investiture

Pour ce deuxième anniversaire de l’ère IBK, l’on peut se permettre de jeter un furtif regard dans le rétroviseur du passé et se rendre compte que le chemin parcouru a été plein d’embuches. Ce qui donnait à la tâche du nouveau pouvoir un caractère herculéen. Comme dans le mythe de Sisyphe, IBK va pousser au sommet d’une montagne (difficile à atteindre) un rocher, qui roule inéluctablement vers la vallée avant que le but du héros ne soit atteint. Comme si une malédiction s’abattait sur le pays, presque chaque mois de la première année de la gouvernance aura sa petite crise à gérer : les épisodes d’affrontements au sein des ex-putschistes, les problèmes de santé publique comme Ebola, les scandales de la gouvernance avec de cas d’indélicatesses notoires, des attaques armées affectant la paix sociale (front sécuritaire), le front social en ébullition … Cette entame tumultueuse a fini par créer un scepticisme plus ou moins généralisé.

Appréhensions et doutes

Or, il faut reconnaître que le nouveau président de la République avait été simplement surestimé par ses compatriotes. Qui ont vu en lui le Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré, qui avait été l’acteur majeur du retour de la paix sociale au moment où le climat social était tendu avec des grèves répétitives, des marches intempestives d’opposants… Oubliant que le contexte a changé et que IBK locataire du palais de Koulouba était à mille lieues de ce qu’il pouvait faire en tant que chef du gouvernement et chef du parti majoritaire d’alors, l’ADEMA-PASJ. Cette surestimation est aujourd’hui cause de la désillusion qui s’est emparée d’une importante frange de la population.

Aux yeux du Malien lambda, le pouvoir a des difficultés à impacter son mieux-être. Et le changement souhaité peine à être visible, du moins sur son quotidien. Les associations de consommateurs et d’autres organisations de la société civile scrutent l’horizon pour ressentir la nouvelle ère promise.

Le constat n’est pas brillant : les religieux et autres associations de défense des droits humains et des consommateurs se disent déçus  par le mal-vivre, la rareté de l’argent, la hausse des prix des denrées de première nécessité comme la viande, etc. Ils constatent que le pays s’enlise dans la crise sécuritaire surtout avec le blocage d’Anefis, alors que tous les Maliens pensaient que seul IBK était l’homme de la solution.

Celui-ci apparaît aujourd’hui impuissant face aux groupes armés, dont la Plateforme qui refuse de quitter ses nouvelles positions, à une centaine de kilomètres de Kidal.

Le changement à peine perceptible

Dans une récente interview au magazine Marchés Africains, le président du Parti citoyen pour le Renouveau (PCR), Ousmane Ben Fana Traoré n’a pas pu dissimuler son scepticisme quant à la gestion du pays. A la question de savoir s’il est ” satisfait ” de la conduite des affaires du pays deux ans après son ralliement au candidat IBK, ce candidat malheureux à la présidentielle 2013, dont le parti est membre de la majorité présidentielle, a préféré se dire optimiste. ” Le président IBK a hérité d’un pays divisé et ravagé… Deux ans, le temps passe vite. Mais j’ai la conviction que le président IBK comprend les enjeux. Il reste digne de confiance. A Rotterdam aux Pays-Bas, à Marrakech au Maroc et récemment à Zurich en Suisse, lors de rendez-vous importants des libéraux du monde, j’ai constamment demandé un soutien pour mon pays. Le président IBK est un homme à poigne, avec une solide réputation d’homme de parole. Sincèrement, je suis optimiste “ a-t-il déclaré, sans véritablement répondre à la question.

D’autres leaders de la majorité présidentielle pourfendent le régime, constatant que le changement attendu se fait toujours désirer. Tel est le cas du député et président du parti SADI, Dr Oumar Mariko, pour qui IBK doit revoir son mode de gestion du pays et délester son entourage de certains ministres se préoccupant plus de leurs intérêts qu’autre chose.

Améliorer la gouvernance économique

Même l’ex-Premier ministre Moussa Mara trouve que le Mali doit renforcer son leadership et améliorer sa gouvernance économique. Ce qui induit que M. Mara n’est pas satisfait de la conduite des affaires publiques, même si celui qui est à la tête du pays est quasiment son mentor (il voue une admiration de fils à la première dame) dont il a été un très proche collaborateur durant plusieurs mois.

Du côté de l’opposition, point besoin de souligner que la déception est à son comble. Et Tiébilé Dramé du PARENA disait dans les colonnes de Marchés Africains ceci : “ Vous ne rencontrerez personne au Mali qui vous dira qu’il est satisfait de la gouvernance du président IBK. Si vous en rencontrez, donnez-moi des signalements ! “. Mais ce que cet opposant a oublié c’est qu’au moins IBK lui-même devrait être satisfait de sa conduite du pays. Si ce n’est pas le cas, qu’attend-t-il pour rectifier le tir et surprendre agréablement ses compatriotes?

Efforts certains pour juguler la crise

Il faut tout de même reconnaître que la tâche du président IBK est simplement immense. Le Mali était, en effet, tombé dans un gouffre abyssal avec un Etat quasiment en déconfiture. Le chef de l’Etat devait alors engager un combat herculéen contre les mauvaises pratiques telles que la corruption, le laxisme et le laisser-aller, avant de poser les jalons du processus de paix  ayant en face de lui des groupes terroristes et jihadistes des plus bellicistes.

On peut donc mettre au compte des déceptions actuelles les effets complexes de cette crise multidimensionnelle, qui ont grevé la gestion des affaires publiques. Avec un président, qui n’a pas toujours la main heureuse dans le choix porté sur certains de ses collaborateurs. Ce qui ne doit pas dédouaner une gouvernance plus critiquée qu’applaudie

En définitive, après 24 mois du règne IBK, l’espoir du peuple semble s’amincir du fait des doutes liés aux difficultés qui s’amoncellent sur le chemin du relèvement du pays. L’on ne peut que croiser les doigts !

Bruno  D SEGBEDJI

Source: Autre presse

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance