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Gabon: l’Afrique centrale entend tirer tous les profits de l’Agoa

« Pérennisation du partenariat pour le commerce et l’investissement entre les Etats-Unis et l’Afrique » : c’est sur ce thème que planchent depuis lundi 24 août près de 2 000 personnes du monde des affaires et les délégations d’une trentaine de pays africains, au 14e forum de l’Agoa (African Growth and Opportunity Act). Cet accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Afrique permet à plus de 6 000 produits africains d’entrer sans frais de douane sur le marché américain. En 15 ans, c’est la première fois que l’évènement a lieu dans un pays d’Afrique centrale. Cette région a longtemps été à la traîne des échanges avec les Etats-Unis, mais elle compte aujourd’hui tirer tous les profits de cet accord.

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Quinze ans après la signature de l’Agoa, en 2000 sous la présidence de Bill Clinton, l’économie régionale reste principalement basée sur le commerce d’hydrocarbures. Un secteur avec peu de créations d’emplois et de retombées économiques. Au Tchad, qui est le deuxième exportateur de l’Agoa après l’Afrique du Sud, le secteur énergétique représente 92 % du commerce avec les Etats-Unis. Dans la région, l’agriculture et les PME locales n’ont pas encore pu profiter pleinement des aides américaines. En cause : un manque de modernisation des infrastructures et des entreprises trop petites.

Un bilan mitigé en Afrique centrale

Pourtant, le but affiché de l’Agoa est clair : augmenter la capacité des pays africains à commercialiser des produits manufacturés à forte valeur ajoutée, grâce à une franchise de frais de douanes sur le marché américain. Au Gabon, au Congo-Brazzaville ou au Tchad, les retombées se font donc encore attendre. Aujourd’hui, pour les entreprises d’Afrique centrale, le forum est avant tout l’occasion d’engager une diversification des économies de leur pays. Olivier Dimala, représentant de la chambre de commerce du Cameroun, explique que cette plateforme doit être le tremplin pour « changer de cap et attirer des investisseurs ».

L’Afrique centrale : nouvel eldorado de l’Agoa ?

Le fait que le forum se tienne à Libreville, au Gabon, est un signe politique fort. Jusqu’à maintenant, les pays anglophones sont ceux qui ont le plus profité de l’accord. Citons par exemple l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya. Mais cette année, la tendance pourrait bien s’inverser. Aida Mourani, ministre des PME au Congo-Brazzaville, a suivi les évolutions de l’Agoa depuis le début. Pour elle, les pays d’Afrique centrale sont aujourd’hui prêts à tirer parti de cet outil : « Je crois que nous sommes tous dans le même état d’esprit, et que nous voulons donner un réel sens à l’Agoa dans nos relations avec les Etats-Unis. » Elle témoigne d’un réel volontarisme politique pour développer le secteur privé. Le forum de Libreville est donc un rendez-vous majeur pour l’Afrique centrale.

Avec sa population très jeune, l’Afrique centrale présente de grandes opportunités dans l’entreprenariat, ainsi que dans les secteurs du textile et de l’agro-alimentaire. Les filières du coton et du tabac ne sont pas encore réellement exploitées dans le cadre de l’Agoa. Les pays comptent cette année sur de nouveaux partenariats avec les Etats-Unis : des parrainages de pôles commerciaux pour améliorer l’efficacité des chaînes d’approvisionnement, des aides pour respecter les normes sanitaires internationales et une ouverture vers le secteur des nouvelles technologies.

Les conditions américaines

Tout cela ne sera possible qu’à une condition : que la région progresse en matière de droits de l’homme. C’est ce que souligne Peter Barlerin, un des responsables des affaires africaines au département d’Etat américain : « Le potentiel de l’Afrique centrale n’a pas encore été exploité. Mais sans la démocratie, sans les droits de l’homme, il ne peut y avoir de progrès dans la région. »

Le mois prochain, un groupe de travail se réunira pour examiner les progrès en matière de droits de l’homme des pays éligibles à l’Agoa. Mauvais élèves, selon les Etats-Unis : la République démocratique du Congo, exclue de l’Agoa en 2011, et le Soudan du Sud, exclu en janvier dernier. Aujourd’hui, c’est le Burundi qui risque sa place suite à la crise liée au 3e mandat de Pierre Nkurunziza. Le défi pour la région reste donc autant politique qu’économique.

 

Source: RFI

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