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Braquage de forains entre Sélingué et Ouélessebougou Un blessé et plus de 50 millions Fcfa emportés Mécontents, les habitants saccagent la brigade de gendarmerie

Dans la nuit du samedi au dimanche, suite à un braquage qui a eu lieu sur des forains entre Sélingué et Ouélessebougou, des habitants mécontents se sont attaqué à la brigade territoriale de gendarmerie (BT), brûlant la voiture personnelle du CB et celle d’un autre citoyen. La furie des populations n’a rien épargné.

GENDARMERIE ARMEEEn effet, deux frigos, des ordinateurs, dont un portable appartenant au CB, ont été emportés. Des dossiers importants parmi lesquels ceux des candidats au concours d’entrée à la gendarmerie. Les populations accusent la gendarmerie d’être injoignable ou d’être intervenue très en retard. Faux, rétorque le CB qui soutient que pour la première fois, il y a eu échanges de tirs entre ses éléments et les braqueurs. Le bilan du braquage est de un blessé léger et près de 50 millions Fcfa emportés selon les victimes.

L’axe Sélingué-Ouélessebougou a la triste réputation d’être l’un des tronçons les plus dangereux pour les forains. En effet, les braquages et autres attaques à main armée y sont monnaie courante. Et à chaque fois, de paisibles citoyens sont dépouillés de leurs biens acquis après plusieurs années de labeur. Le dernier cas en date remonte dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 août 2015. Des braqueurs ont profité de la foire hebdomadaire de Ouélessebougou pour dépouiller des forains qui rentraient. Leur méthode a été des plus banales.

Des braqueurs en tenue de la gendarmerie ont emporté plus de 50 millions Fcfa

En effet, voici le récit d’une victime, Adama Soumaoro dit «nanfin Tiémoko » c’est-à-dire Tiémoko le vendeur de condiments : «Nous avons quitté Sélingué vers 18h. Après avoir fait la prière du crépuscule peu avant 19 h à Tinkélé, nous avons pris la route en direction de Sélingué. Moins d’un km de trajet après Tinkélé, nous avons été signalés par un individu qui nous signifiant de nous arrêter avec la lumière de sa torche avec des troncs d’arbres et des branchages qui coupaient la route. Nous étions dans un tournant où il fallait ralentir. J’ai tout de suite compris que c’étaient des bandits. J’ai instruit au chauffeur de se tirer en faisant marche arrière mais la manœuvre n’a pas marché. Nous avons brusquement été envahis par des individus qui criaient : c’est toi nanfin Tiémoko, on sait que tu as de l’argent. Rendez-le ou vous tue tous. Ils m’ont dépouillé de plus de 10 millions avant de me donner un coup de cross à la tête».

La deuxième victime, Amadou Traoré fait, quant à lui, des révélations troublantes : «Avant d’arriver sur le lieu du braquage, j’ai vu une Mercedes noire garée sur le bas-côté de la route. Non loin de là, se trouve un véhicule Pick-up. Les braqueurs qui étaient au nombre de 6 ou 7, ont tout de suite sauté sur nous. Je suis formel que certains portaient la même tenue que la gendarmerie. D’ailleurs, celui qui m’a fouillé pour me prendre 1.700.000 Fcfa portait non seulement la tenue de la gendarmerie, mais également il portait des galons. Je suis formel. D’après les témoignages que j’ai pu obtenir auprès des autres victimes qui se trouvaient dans les six véhicules braqués, le montant total emporté par les braqueurs dépassent les 50 millions de nos francs.»

Colère noire des populations de Ouélessebougou

D’après certains parents de victimes, lorsque la nouvelle leur est parvenue, ils ont tenté d’entrer en contact avec le CB Dah Diarra. En vain. D’autres soutiennent que la gendarmerie aurait prétexté n’avoir pas de carburant pour intervenir sur les lieux. Renseignement pris auprès de la BT, il n’en est rien. D’après la gendarmerie, le samedi 29 août 2015, comme d’ordinaire, lorsque la patrouille, dirigée par l’adjudant-chef Salif Doumbia, sortait pour la routine vers 17 h, le CB lui aurait demandé de prendre suffisamment de munitions. Il aurait répondu par l’affirmative avant d’embarquer ses éléments. C’est ainsi que vers 19h, un appel anonyme informe le CB qu’il y a un braquage en cours non loin de Tinkélé. Le CB que nous avons joint confirme cette information et ajoute qu’il a immédiatement instruit à la patrouille conduite par l’A/C Salif Doumbia de se rendre sur les lieux. Entre-temps, un véhicule 4×4 appartenant au ministère des Mines, qui revenait d’une mission et dont les occupants ont été soulagés d’environ 500.000 FCFA, se présente à la BT. Après avoir écouté le chef de mission, le CB a pris place dans ce véhicule pour se rendre sur les lieux, non sans avoir confié la brigade à un adjudant.

D’après des sources sécuritaires, des habitants se sont présentés à la BT pour manifester leur mécontentement. Un gendarme témoigne : «Nous avons réussi à calmer les manifestants qui avaient barricadé toutes les voies mais il a fallu l’arrivée de l’honorable Bréma Tidiani Traoré, élu RPM de la circonscription électorale de Kati pour que tout bascule. C’est lui qui a incité les manifestants à s’attaquer à la BT qui a été mise à sac en sa présence. Les manifestants ont brûlé deux voitures dont une appartenant au CB, incendié des documents précieux, des frigos, des matelas. Ils ont également volé des ordinateurs, des motos que nous gardions et plein d’autres choses. Ils ont coupé la corde du mat et découpé le drapeau national». Joint au téléphone, l’honorable Bréma Tidiani Traoré soutient que ce sont des affirmations gratuites. «J’étais à Bamako quand il y a eu le braquage. Puisque c’est ma circonscription électorale, je me suis nuitamment rendu à Ouélessebougou. Mais avant, j’avais prévenu la direction générale de la gendarmerie. Quand je suis arrivé, j’ai trouvé qu’il y avait environ 300 à 400 manifestants devant la BT. Ils étaient contents de la promptitude avec laquelle je suis arrivé. Je leur ai parlé en leur demandant de rentrer avant d’aller rendre visite à des camarades et autres parents. C’est pendant ce moment que le saccage de la gendarmerie, que je déplore et condamne, a eu lieu. Autant je condamne ce saccage, autant je dénonce le comportement de la gendarmerie, notamment le CB qui fait tout sauf son travail dans notre circonscription. Contrairement à ce qui se raconte, je n’ai rien contre la gendarmerie ou contre qui que ce soit, seulement je me bats pour que les pauvres populations dont je suis le représentant à l’Assemblée nationale puissent vivre, aller et revenir tranquillement dans le cadre de leurs activités quotidiennes».

Le saccage de la BT de Ouélessebougou par les populations pose encore la problématique de la sécurité dans notre pays. Les plus hautes autorités se doivent de prendre en compte les préoccupations des citoyens pour éviter qu’on n’en arrive au stade où les populations se rendent justice. Celles-ci, à leur tour, doivent comprendre que la BT leur appartient avant tout et qu’à ce titre, saccager la BT revient à s’autodétruire. En attendant de trouver une position médiane à cette équation, la hiérarchie a dépêché un renfort du Peloton d’intervention de la gendarmerie (PIGN) à Ouélessebougou pour la sécurité des populations et pour faire toute la lumière sur cet incident. Le dossier a été confié aux services d’investigations judiciaires de la gendarmerie.

Sinaly KEITA

Le reporter

 

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