La chancelière allemande Angela Merkel devait se rendre mercredi dans un foyer de réfugiés dans un contexte de montée des violences xénophobes alors qu’un nombre croissant de migrants afflue aux frontières de l’UE, en particulier de Hongrie.

Budapest, qui fait face depuis plusieurs jours à afflux record de migrants et réfugiés à sa frontière avec la Serbie, a annoncé le prochain envoi de 2.100 policiers en renfort pour traquer les immigrés illégaux.

Mercredi matin, des incidents ont éclaté devant le principal centre d’accueil des migrants, situé à Roszke, où la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour empêcher environ 200 personnes de quitter ce centre d’enregistrement.

La veille, un nouveau record avait été atteint avec le passage en une seule journée de 2.500 personnes — Syriens, Afghans et Pakistanais en majorité — arrivant de Serbie.

Depuis janvier, la Hongrie a enregistré 100.000 demandeurs d’asile et a entrepris d’ériger une clôture de grillage métallique le long des 175 km de sa frontière avec la Serbie, qui devrait être achevée le 31 août.

Egalement en première ligne, l’Allemagne attend quant à elle 800.000 demandes d’asile en 2015, soit quatre fois plus que l’année précédente.

Angela Merkel est attendue à la mi-journée au foyer de Heidenau (Saxe, est), devant lequel policiers et militants d’extrême droite se sont affrontés durant le week-end, des heurts qualifiés d'”abjects” par la chancellerie et qui se sont multipliés depuis le début de l’année.

Si 60% des Allemands (sondage de la chaîne ZDF du 21 août) juge que le pays a les moyens d’accueillir autant de migrants, ces coups d’éclats de militants d’extrême droite ont choqué l’opinion.

Mais le quotidien conservateur Die Welt souligne qu'”il y a plus de livres et d’études sur le thème que d’extrémistes de droite” et que le phénomène n’est pas en train “de se répandre comme une épidémie”.

Deux incidents ont cependant encore eu lieu dans la nuit. A Leipzig (Saxe, est), un engin incendiaire a visé un bâtiment devant accueillir mercredi 56 demandeurs d’asile. A Parchim (nord-est), deux hommes ivres armés d’un couteau ont pénétré dans un centre d’accueil.

– En bus, à pied, sous les barbelés –

Mme Merkel, qui a appelé à plusieurs reprises l’Union européenne à agir enfin pour répondre à l’ampleur de la crise migratoire, se rend aussi jeudi à Vienne pour un sommet sur les Balkans de l’Ouest, ces pays constituant une des grandes routes pour les Syriens ou les Irakiens fuyant la guerre mais aussi pour les Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d’une vie meilleure.

Cette réunion verra aussi la participation de la patronne de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini.

En bus, à pied, passant sous les barbelés ou prenant d’assaut les trains, les scènes de chaos se multiplient en Europe orientale à mesure que des milliers de migrants venant de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak ou des Balkans avancent à travers le continent.

Des milliers d’autres continuent de par ailleurs tenter la traversée périlleuse de la Méditerranée, où la seule semaine dernière 5.300 migrants ont été secourus par la marine italienne et la mission européenne Triton.

– Schengen menacé? –

Confrontées à l’arrivée massive de ces migrants, l’Italie, la Grèce ou la Hongrie se sont vu reprocher par certains de leurs partenaires de les laisser passer.

Répondant aux critiques, le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, a qualifié mercredi son pays de “modèle positif” sauvant “des dizaines de milliers de vies humaines” en Méditerranée.

“L’Europe a besoin d’aller dans la direction exactement opposée à celle qui consiste à taper sur les pays situés sur sa frontière extérieure”, a insisté le ministre, militant pour une “européanisation de la gestion des flux”.

“Les migrants arrivent en Europe, pas en Italie, en Grèce, en Allemagne ou en Hongrie. Au train où vont les choses, on risque de remettre Schengen en cause”, a-t-il prévenu.

Les 28 n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une répartition équitable des demandeurs d’asile.

Les Européens peinent aussi à mettre en place les centres censés soulager les pays de première entrée pour faire le tri entre migrants économiques et réfugiés.

Berlin a néanmoins fait savoir mardi avoir suspendu de longue date le renvoi des Syriens vers leur pays d’entrée de l’UE, un geste de “solidarité” salué par Bruxelles.

Source: AFP