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Youssouf Toloba : «La décision du gouvernement est nulle et non avenue!»

À la suite du massacre de plus de cent Peulhs dans le village d’Ogossagou, le samedi 23 mars, il fallait s’attendre à une réaction du gouvernement. Ainsi, un conseil des ministres extraordinaire a été convoqué. Une des principales décisions de cette réunion gouvernementale a été la dissolution de la milice dogon «Dana Amassagou». Une mesure que les membres de cette association armée rejettent. C’est sur les réseaux sociaux que son patron, le désormais tristement célèbre Youssouf Toloba, a réagi.

«La décision prise par le président et son Premier ministre, nous ne l’acceptons pas. Nous la rejetons. Pourquoi et de quel droit disent-ils avoir dissout notre regroupement ? De 2016 à nos jours, combien de personnes ont été tuées dans le pays dogon ? Nous n’en voulons ni aux Peulhs, ni aux Bamanas. Nous ne leur reprochons rien, nous sommes tous les mêmes. On veut juste savoir pourquoi certains se lèvent dans cette zone pour tuer les gens (Dogons).

Tout le monde connaît les bandits qui sont dans cette zone.Le gouvernement sait qui fait quoi dans cette zone. Nous avons soutenu l’Etat contre eux et si chacun était resté dans son rôle, je jure, moi, Toloba, je n’allais pas réagir. Ce n’est pas l’Etat qui a mis en place notre milice, DanaAmassagou, que cela soit clair. Il ne peut pas le dissoudre. Si les bandits qui sont dans les maquis déposent leurs armes, je jure que DanaAmassagouen fera de même.

Sans cela, nous n’allons pas déposer nos armes, ni aujourd’hui ni demain. La famine est plus dévastatrice que les balles de fusil. Nous ne cultivons pas depuis plusieurs années maintenant à cause des bandits. L’Etat et le gouvernement le savent. Qu’ont-ils dit ou fait ? Ceux qui nous empêchent de cultiver pour nous nourrir et nourrir nos familles valent-ils mieux que nous ?

Vous avez vu Boly (chef d’une milice peulhe) et ses hommeslors de certains évènements. Qui est-ce qui les a emmenés ?En plus des tenues militaires leur ont été offertes gracieusement. Ils se sont même permis de se filmer et poster des images sur les réseaux sociaux. Qui a réagi ? Personne. Maintenant que les choses prennent une mauvaise tournure, puisque le gouvernement voit son monstre lui échapper, on accuse Dana Amassagou.

Ce qui s’est passé à Dioura, est-ce aussi la faute à Dana Amassagou ? Les mines qui sont placées le long des routes, est-ce aussi nous ? Tout ce que moi je dis au Mali et aux Maliens, c’est que je n’ai pas peur de mourir car meilleurs que moi sont morts ; et tant que moi je serai en vie, les Dogons ne seront asservis par personne !

L’armée a souvent commis des vexations sur les populations, récemment à Bankass ; aucun Dogon n’a réagi. Ne parlons pas du reste de la population ou des autorités, à commencer par le préfet. Le gouvernement connaît le bilan. Ce que je demande aux autorités maliennes, c’est de se souvenir toujours du nombre de morts à Dioura, en passant par Hombori, Youwarou,  Wankoro, jusqu’à Djenné et dans le reste du pays. Il y a eu trop de morts.

Je voudrais affirmer ici que tout cela s’explique par l’absence de l’armée. Si l’armée revient, vous ne verrez personne faire la guerre. Au gouvernement, si vous voulez que le pays soit apaisé, il faut aller au dialogue entre tous les fils du pays. Ce que la population locale demande, c’est le retour de l’Etat et de l’armée pour assurer et garantir leur sécurité.

Nous ne combattions pas auparavant l’Etat, mais là, il est venu nous provoquer et nous n’avons pas peur de mener bataille. D’ailleurs, nous n’avons plus confiance en ce gouvernement. Le reste de la population, aussi, ne vous fera bientôt plus confiance. Vous voulez dissoudre notre milice comme si c’est vous qui l’avez créée. Pour Dana Amassagou, il n’est pas question de dissolution tant que l’Etat ne sécurisera pas la population.

Tout ce qui se passe, c’est la faute de l’Etat qui favorise l’injustice entre les ethnies. Aujourd’hui, il y a combien de mouvements dans la région de Mopti ?Ce que je demande à l’Etat, qu’il rappelle les belligérants qui sont en brousse de venir discuter avec Dana Amassagou.

C’est à cause de l’agression des intrus que Dana Amassagou a été créée pour se défendre. Ce que je demande aux Maliens, sans distinction d’ethnie, s’ils sont de bonne volonté, qu’ils viennent afin qu’on puisse s’asseoir et dialoguer. Je leur demande d’arrêterde dénigrer Dana Amassagou.

Maintenant, les généraux, les colonels, l’état-major, les lieutenants, qu’ils sont en train de nommer, où étaient-ils ?Attendaient-ils la destruction de ce pays pour pouvoir réagir? Je ne voulais pas parler mais on m’y a poussé. On ne se laissera pas faire face à tous ceux qui ont des armes en brousse et qui viennent agresser la population. S’ils ne veulent pas du pays dogon, ils n’ont qu’àl’avouer. Alors, nous chercherons d’autres endroits sûrs.

Un chasseur dans le Macina sur les réseaux sociaux

Ce n’est pas parce que nous sommes énervés, on ne s’énerve pas. Nous ne sommes que de pauvres gens. Nous qui sommes (les Donsos) à Macina, si nous déposons les armes ce soir, je jure,les djihadistes assiègent Ségou en deux semaines. La population de Ségou lesait et le gouvernement aussi.

Vous êtes à Bamako, vous ne pouvez pas comprendre cela,demandezau gouverneur de Ségou. Les Donsosdu Macina jusqu’à Sofara, si nous déposons aujourd’hui nos fusils, je jure que les djihadistes prendront Ségou. Nous n’allons pas cacher cela. C’est nous qui vous protégeons.

De 2017 à nos jours, les djihadistes ont tué 132 Donsos. Nous ne sommes pas des soldats, nous n’avons ni salaire ni pension. Mais nous intervenons pour empêcher le vol du bétail et le pillage des ressources des villages. En l’absence de soldats, d’autorités (qui n’interviennent pas même quand on leur fait appel), comment voulez-vous désarmer les Donsos?

Dans la région de Mopti, tous les militaires maliens savent où se trouventles djihadistes. Si vous arrivez à les désarmer, les Donsos ne constitueraient plus un problème. Le contraire signifierait la destruction du Mali, si les Donsos seuls étaient désarmés.»

La Rédaction

 

Source: Nouvelle Libération

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