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Virginité avant le mariage : Perle rare pour l’honneur

Au Mali, environ la moitié des jeunes ont leur premier rapport sexuel avant l’âge de 18 ans. Dans un contexte de mutations sociétales, certaines jeunes filles trouvent encore la formule magique, au nom des valeurs, pour attendre le mariage.

« Des vierges, il y en a encore. J’en suis une ». En toute fierté, Saran, 28 ans, pâtissière, nous dévoile ainsi son statut. « Je ne suis pas pressée. J’ai toujours été patiente et rassurée d’attendre de me marier d’abord. C’est vrai que 28 ans paraissent inédits dans mon entourage, mais je sais que j’ai beaucoup gagné pendant ce temps. Je vais rompre les barrières bientôt, au mariage », nous confie-t-elle, toute souriante.

Tout comme elle, Danielle, 23 ans est de cette école de conservateurs. Son défi, c’est de patienter jusqu’au mariage. « Le sexe avant le mariage ne garantit pas forcément sa place auprès de celui que l’on croit être l’idéal. Il faut du temps pour apprécier et se convaincre de son choix. Après tout, seul Dieu peut aider à rencontrer l’âme sœur », martèle cette étudiante en deuxième année de médecine.

Ces témoignages contrastent bien avec la tendance dans la société actuelle au Mali. En témoigne l’incidence croissante des grossesses en milieu scolaire, soit 2503 grossesses pour 398 850 pour l’année 2017-2018, selon Plan-Mali.

Au nom de l’amour et des valeurs      
Pourquoi s’abstenir jusqu’au mariage ? Ousmane Soumahoro, sociologue justifie cela par la tradition et l’attachement aux valeurs. « Dans l’histoire, la jeune femme est garante de l’honneur de toute la famille. Du coup, la virginité était ce qu’elles avaient de plus précieux à offrir », explique-t-il.

En réalité, suite à la dot d’une demoiselle comme nouvelle épouse, le drap blanc tacheté du sang vif doit être dévoilé à la famille du marié en guise d’hommage à cette dernière. « Les valeurs inculquées à nos enfants n’étaient pas de l’eau versée sur le dos du canard, ce qui n’est pas le cas chez nos demoiselles d’aujourd’hui », confie Aicha Samaké, une sexagénaire.

Les défenseurs de cette exigence coutumière érodée voient d’un mauvais œil les pratiques sexuelles chez les jeunes de nos jours. « C’est la curiosité des enfants, l’impatience de ces jeunes filles qui les impliquent dans la dépravation des mœurs. Ce n’est pas la faute des parents, puisque malgré l’éducation de ces derniers, les jeunes filles d’aujourd’hui s’entêtent à suivre ces irresponsables qui les détournent de la tradition avec quelques petits bonbons », s’offusque Aicha Samaké.

 Autre temps, autres mœurs    
Il est certain que la virginité ne court plus les rues. Selon les témoignages recueillis, c’est une perle rare qui expose même celle qui essaie de l’incarner. « Il arrive que quand des amies, même des hommes sont informés que je suis encore vierge, ils me voient d’un mauvais œil. C’est un peu comme si j’en fais de trop. Alors que ce n’est pas une course de vitesse pour que je me lance au même rythme qu’eux », fulmine Saran.

Certains indexent le fait que la dépravation de ces jeunes filles serait sans doute liée à l’inconscience et la désobéissance. « La virginité d’une femme importe peu sur le mariage. La trahison a gagné les cœurs », déplore Abdoulaye Coulibaly, économiste. Selon le sociologue Soumahoro, les hommes ont toujours voulu épouser une femme vierge parce que c’est un honneur d’être et le premier et probablement le dernier dans sa vie. « Toutefois, des hommes profitent des femmes de mœurs légères pour assouvir leur besoin charnel. Hormis cet aspect de la chose, la quête du gain facile n’est pas du reste. Le problème se pose beaucoup désormais chez les plus jeunes. Une étude réalisée sur les pratiques sexuelles des adolescents et jeunes des établissements scolaires dans le District de Bamako par l’UNICEF en 2018,  met l’accent sur l’éducation sexuelle.

Il s’agit d’une étude transversale descriptive qui s’est déroulée sur une période de deux mois(02) allant du 02 mai au 02 juillet 2018. L’échantillonnage était non probabiliste. Ont été inclus les adolescentes et jeunes de 10 à 24 ans fréquentant les écoles secondaires de Bamako qui ont donné leur consentement.

L’analyse des données a été faite grâce au logiciel SPPS. Résultats. La moyenne d’âge des 147 collégiennes enquêtées était 19 ans, avec des extrêmes de 12 à 24 ans. Plus d’une source d’informations sur la sexualité étaient évoquées par l’enquêtée et les principales étaient les cybercafés ou internet 51% (n=75) et l’éducation familiale 56,5% (n=83). Parmi les enquêtées 43,5% (n=64) avaient déjà eu leur premier rapport sexuel et qui pour la plupart (47/64) avait eu lieu avant l’âge de 18 ans.

Un à trois rapports sexuels par semaine étaient déclarés par 41% (26/64) des collégiennes. Toutes les collégiennes sexuellement actives (n=64) avaient déclaré avoir des rapports hétérosexuels. La pratique d’acte sexuel de groupe en présence de plusieurs partenaires sexuels («partouze») a été rapportée par 76,6% (49/64). Le partenaire sexuel était occasionnel dans 29,7% (n=19/64) et l’envie sexuelle a été la motivation dans 68% (n=13). Les rapports sexuels étaient non protégés dans 80%. Conclusion. Les pratiques sexuelles des collégiennes de Bamako étaient précoces et à haut risque d’infection sexuellement transmissible (IST), de grossesses non désirées malgré la proximité des centres d’éducation.

Paul Y. N’GUESSAN

 Source: Bamakonews

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