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Veille de Tabaski : L’AUTRE DIMENSION DE LA FETE

A côté du très convoité bélier, la fête de Tabaski implique de nombreuses autres dépenses. Ambiance au Grand marché de Bamako.

marche-vendeur-habillement

La communauté musulmane célèbre ce lundi la fête de l’Aïd El Kébir, communément appelée chez nous  la fête de Tabaski. Au fur et à mesure que le jour J approche, la tension monte à Bamako.  Les marchés à moutons sont pris d’assaut par une clientèle aux profils et aux fortunes divers. Des points de vente spontanés de moutons ont fait leur apparition sur certains grandes artères et autres espaces publics. Des jeunes arpentent des rues conduisant des petits groupes de béliers proposés à la vente. Les ateliers de couture tournent à plein régime. La circulation d’habitude déjà très compliquée devient chaotique pendant une bonne partie de la journée.
Mais c’est surtout au Marché rose appelé aussi Grand marché, que l’ambiance est la plus fébrile. Nous sommes dans ce poumon économique de la capitale. Dans les rues, sont exposés toutes sortes d’articles étalés à même le sol. La voie passant devant l’agence principale de la Poste  pour aboutir à la Maison des artisans est particulièrement animée. Tout comme la ruelle qui débouche sur la Place du souvenir. Ici sont installées des coiffeuses. Elles sont alignées sur une vingtaine de mètres. Les clientes arrivent  au compte-goutte,  constate Aminata Touré, une jeune Ivoirienne de 22 ans, portant sur ses jambes un mannequin en caoutchouc, à la tête de laquelle elle tresse une coiffure modèle. Sa voisine, elle monte une « Raïssa » un modèle de coiffure très en vogue, sur la tête d’une cliente qui assure qu’elle est là depuis 7 heures du matin.
L’affluence  s’intensifie au fur et à mesure que le soleil monte. Il est 10 heures quand une foule nombreuse prend d’assaut la boutique « Doudani » située sur la Place du souvenir. Devant cette boutique réputée pour la cherté et la qualité des ses produits, deux haut-parleurs crachent des décibels  du  morceau « Danse » du musicien Sidiki Diabaté, sur fonds  d’annonces de remise de 30% sur les prix habituels des articles.
A l’entrée de cette boutique spécialisée  dans l’habillement et les objets divers pour enfants, sont exposés berceaux, vélos, baignoires et d’autres accessoires pour enfants. Une lumière tamisée éclaire l’intérieur du commerce.
La clientèle est essentiellement constituée de femmes. Certaines d’entre elles  portent leurs enfants au dos. D’autres les tiennent par la main. Certaines clientes semblent avoir l’embarras du choix. Elles tournent en rond pendant de longues minutes dans la boutique, avant de porter leur choix sur une marchandise.
Astan Traoré, une cliente, jette son dévolu sur des habits pour enfants. Elle en achette  six à raison de 7000 Fcfa par modèles. Debout derrière son comptoir, Mohamed Doudani, le maître des lieux, encaisse les sous.  A notre question de savoir comment va le marché, il reconnaît que c’est le moment des bonnes affaires et confie qu’en cette veille de fête, sa recette journalière tourne autour de 1,5 millions de Fcfa, contre une moyenne de 200 000 Fcfa en temps normal.
DES CHEFS DE FAMILLE TRES SOLLICITES. De la Place du souvenir,  pour rallier le Marché rose, c’est la croix et la bannière. Les étalagistes ont obstrué tous les passages. Les ruelles grouillent du monde. L’on marche, les uns serrés contre les autres.
Fatoumata Coulibaly, une Ségovienne bon teint vend  au Marché rose des habits en tissus bazin et wax pour fillettes et adolescentes. Elle estime que le marché est morose et qu’il y a beaucoup plus de visiteurs que d’acheteurs. «  Voyez-vous même. Combien de personnes  avez vous vues avec des sachets contenant des articles qu’ils ont achetés ? », nous a-t-elle interpelé avec un sourire ironique. La  jeune femme dit comprendre les pères et les mères de famille qui sont déjà sollicités sur d’autres fronts de dépenses alors que le pouvoir d’achat des Maliens est très faible. Elle espère néanmoins que les affaires iront mieux  pendant les tout derniers jours avant la fête, comme c’est le cas très souvent.
A quelques pas de marche de son  kiosque se trouve l’un des deux anciens parkings du Marché rose.  Aujourd’hui, des dizaines de hangars ont été installés sur cet espace. Les stands sont disposés selon les types d’articles qu’ils vendent. Les vendeurs de colliers, de chaînes, de perles, de maquillages, de barètes, de boucles d’oreilles se côtoient dans le même rayon qui draine une foule nombreuse. En ce moment, le marché des parures serait dopé, selon les commerçants que nous avons interrogés.
De l’autre côté, des femmes préparent de l’acens. Des odeurs envoutantes se dégagent des lieux. L’une d’elles nous explique qu’il est bon d’encenser la maison et les habits le jour de la fête de Tabaski. Pourquoi ? Cette question ne sera pas répondue.  Elle  se contente de constater que les achats se font au ralenti. Aussitôt, les débats basculent sur la cherté de la vie et la situation politique du pays.
UNE BOUTIQUE UN PEU SPECIALE. De là, une ruelle mène à la boutique appelée « Super bazin »  non loin de l’immeuble Djigué. Dans cette ruelle, nous croisons Mamadou Keïta qui pousse une  charrette remplie de divers condiments. L’air satisfait, il dit avoir déjà vendu trois chargements de condiments depuis le matin.
Au cœur du Grand marché, des crieurs publics accompagnés de tam-tam et  autres Tamani invitent les clients à venir acheter des articles à bon prix. « Venez ! Nous sommes en promotion. Il y en a pour tous les tarifs et pour toutes les catégories de clients !», entend-on ici et là. Parmi ceux qui font de bonnes affaires, il y les marchands de couteaux de cuisine. Ils très nombreux et leurs étals sont très fréquentés. On sait pourquoi… Les moutons sont avertis.
Dans la boutique de vente de bazin « Gagny Lah » du nom du célèbre opérateur économique décédé il y a quelques mois, l’affluence  est très faible en cette veille de fête de Tabaski. Pourtant le bazin est roi chez nous les jours des fêtes musulmanes.  Explication d’un  connaisseur : Pour que leur boubou en bazin soit prêt pour le jour de la fête, les gens achètent leur tissu des semaines  à l’avance pour l’amener chez le tailleur.
Au milieu du tohu-bohu du Grand marché, l’affluence est grande vers une boutique un peu spéciale. Elle appartient à une ressortissante chinoise du nom de Li Feng, mais plutôt connue sous le nom de « Chinois Fatim ». Nous sommes dans la rue Famolo Coulibaly, derrière la Cathédrale.  La boutique chinoise vend des habits et chaussures pour femmes, hommes et enfants. En gros comme à l’unité.  L’on se bouscule à l’intérieur, tant les clients sont nombreux. On se marche sur les pieds. Des caméras de surveillance contrôlent tous les mouvements.
Un autre visage du marché montre qu’aux côtés des adultes, des enfants tirent leur épingle du jeu. Lassine Coulibaly a 12 ans est de ceux-là. Il est élève en classe 7è année de l’enseignement fondamental. Le garçon vend des chaussettes, des ceintures et des casquettes pour enfants. Il dit s’être lancé dans cette activité depuis seulement deux semaines. « Je vend en moyenne entre 1000 et 5 000 Fcfa d’articles par jour.  Ma mère garde les bénéfices pour moi. A la rentrée des classes, elle m’achètera des habits avec ces économies »,  confie-t-il. La rentrée des classes, justement. Voilà une autre épreuve de dépenses que les chefs de famille vont devoir affronter juste après s’être saignés aux quatre veines pour assumer les charges de la Tabaski. Décidément, le répit pour eux n’est pas pour demain.
C. M. TRAORE

Source : L’ Essor

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