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Un militaire en fonction à la tête du CNT : le holdup de la Présidentielle 2022 déjà scellé

Le colonel Malick Diaw, numéro deux de la junte, seul membre jusqu’alors sans poste au sein de la transition vient de se voir attribuer le poste de président du Conseil National de transition (CNT).   Il a été élu samedi dernier à la tête l’organe législatif presque à l’unanimité. Le choix connu avant la publication de la liste des membres qui s’est passé comme une lettre à la poste fait craindre des lendemains semblables à ceux d’IBK pour plusieurs raisons.

 

Les 121 membres qui siègent au Conseil sont composés des politiques  des représentants de la société civile, des syndicats et des militaires. Plusieurs d’entre eux ont répondu en leur propre nom et non des partis ou regroupements. Pour sa session inaugurale, l’unique candidat, le colonel Diaw a été élu par 111 voix, dont 7 nuls et 3 absents.

Il a été choisi parmi les candidats parrainés par au moins 40 membres, disposition qui était elle aussi favorable aux militaires qui s’étaient arrogé par avance 22 sièges sur 121. Un militaire dirigé l’hémicycle, ou l’organe équivalent. Oui. C’est chose faite au Mali sous le régime militaro-civil. Tous les éléments clés du coup d’État sont désormais casés. Il revient aux militaires désormais de faire les lois dans une république, c’est toute une autre histoire d’un pays en proie à l’insécurité.

Et pourtant après la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août par un coup d’État, ces militaires avaient promis monts et merveilles de remettre le pouvoir aux civils. Il a fallu la menace de sanctions internationales, pour que ces officiers remettent le pouvoir entre septembre et octobre à un gouvernement intérimaire, censé diriger le pays pendant 18 mois avant la tenue d’élections. Avec le choix presque imposé à la tête du CNT, dernier organe de transition, il est désormais clair que les organes de transitions sont dominés par les militaires. Mais c’est un autre message qui reste à décoder. Cet organe législatif de la transition censée ramener les civils au pouvoir, mettant fin avec peine à une attente qui ajoutait à une impatience grandissante contre le nouveau régime.

La désignation du Colonel Malick Diaw est l’aboutissement d’un processus enclenché après la chute d’IBK. Et loin d’une volonté de vouloir bien faire, ces militaires semblent préoccupés par l’instinct de conservation. Car, quoi qu’on dise, la volonté de faire croire à l’opinion que l’ancien président avait démission de son propre chef est trop fallacieuse. Quitter le pouvoir est ni plus ni moins synonyme de se livrer à la justice : le coup d’État est un acte imprescriptible et condamné et puni par la loi comme telle.  Pour s’assurer une impunité, il faut prendre en otage l’appareil d’état. C’est l’essence de ce que le Mali vit avec une sorte de militarisation à outrance.

 Et qu’adviendra après les 18 mois de transition ?

Tous les moyens sont bons quand il s’agit de se tirer d’affaire. Deux opportunités s’offrent aux militaires. Voter une loi amnistiant pour tous les putschistes. Ce n’est pour rien que le ministère de la réconciliation nationale a à sa tête, un militaire. C’est d’abord baliser ce chemin pour se trouver une porte de sortie. Toutefois, la politique étant ce qu’il est, la vraie garantie ne peut venir que de l’homme qui prendra les rênes du pays après la transition. Peut-on l’avoir au sein de la classe politique mise de côté durant cette transition ou des militaires? C’est l’autre équation difficile à répondre.

Étant faite de compromis et de compromission et même les plus redoutables, la politique reste cette discipline illogique dont sa logique n’appartient nullement à la raison. Les gymnastiques actuelles ne visent qu’à imposer un homme de confiance à qui la junte pourra téléguider. Pour se faire, il faut prendre contrôle du CNT afin de faire prendre des décisions en ce sens. Mais surtout, il faut aussi gagner les élections, car la contestation est aussi une mauvaise porte peut-être fatale. C’est d’où l’autre idée de militariser certaines régions et non pour ramener simplement la stabilité.

C’est là le pire, car tenter une telle aventure risque de rabattre le pays dans les mêmes problèmes que ceux connus depuis juin 2020. La volonté du régime d’IBK de préparer la succession de l’ancien Président à travers les mains mises sur l’Assemblée a conduit le pays dans les précipices avec des élections législatives fraudées. Comme jamais un sans deux, l’élection de Malick Diaw à la tête du CNT est bien semblable à celle de Moussa Timbiné il y a quelques mois. C’est dire que tout ce qui se fait aujourd’hui est basé sur l’après-transition. Les Maliens doivent lire entre les lignes pour éviter une surprise semblable à celle de mai 2020.

La Rédaction

Source : LE COMBAT

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