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Un an après: le bilan mitigé de l’opération Serval au Mali

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Le Mali s’apprête à célébrer une année d’opération Serval. Alors que les Français sont au Mali depuis près d’un an, l’heure est désormais au bilan. La France a-t-elle rempli sa mission de sécurisation du territoire malien ? Les dernières élections ont-elles rétabli l’Etat de droit dans le pays ? Eléments de réponses avec Francis Simonis, membre du Centre d’études des mondes africains.

JOL Press : Il y a bientôt un an, la France lançait l’opération Serval au Mali. Un an plus tard, quel bilan peut-on tirer de l’intervention française. Doit-on parler de réussite ?

Francis Simonis : L’intervention française a permis de stopper l’avancée des djihadistes et de sauver Bamako. C’est de ce point de vue une réussite incontestable et tout le monde s’en félicite et en remercie la France au Mali.

Elle devait aussi permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, et de ce point de vue, nous sommes loin du compte, puisque la France a permis à un groupe rebelle moribond, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), de reprendre pied à Kidal et d’y faire régner sa loi, ce qui provoque de très vives critiques des autorités et de la population malienne. Ces critiques se focalisent sur la personne de l’ambassadeur de France qui est accusé ouvertement par la rue et par les intellectuels d’être le principal soutien du MNLA.

L’opération Serval avait pour objectif inavoué de récupérer les otages français. La libération des quatre otages d’Arlit montre que cela a réussi. Mais à quel prix ? C’est la question qui se pose à Bamako…

JOL Press : Si les groupes terroristes islamistes semblaient avoir fui, ils ont prouvé qu’ils avaient pu se reconstruire et poursuivre leurs actions au Nord-Mali. Peut-on aujourd’hui savoir qui sont ces djihadistes, combien sont-ils et où sont-ils ?

Francis Simonis : C’est très difficile à dire. Les groupes directement liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et issus de l’Algérie se sont probablement dispersés et reconstitués en Libye. Ceux d’entre eux issus de la communauté touarègue de l’ADRAR, qui ont oscillé entre AQMI, Ansar Dine et même le MNLA semblent toujours présents dans la région de Kidal. Les djihadistes du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) sont eux aussi présents dans la région de Kidal où ils bénéficient parfois du soutien de la population dans les villages. Ils se sont fondus dans la population et commettent épisodiquement des attentats. Ils savent que le temps joue pour eux et attendent des jours meilleurs pour frapper à nouveau.

JOL Press : Durant cette année, les Maliens ont également choisi leur président tandis que l’Assemblée nationale s’apprête à être élue. Le processus démocratique est en place. Les Maliens ont-ils retrouvé confiance en leurs institutions ?

Francis Simonis : Absolument pas. Les Maliens n’ont aucune confiance dans leurs institutions ! Ils ne sont pas allés voter lors du premier tour des législatives, et le taux de 38 % de participation annoncé n’est que de la poudre aux yeux à destination de la communauté internationale pour donner un semblant de légitimité à un scrutin qui a laissé la population indifférente.

Alors que le second tour des élections s’est déroulé le 15 décembre, la population a prouvé qu’elle s’en moquait totalement. Ce dont on parle ici, c’est de la situation de Kidal, du charnier découvert récemment  à Diago et qui semble accuser l’ex-putschiste Sanogo et de la mort de Nelson Mandela.

JOL Press : Désormais, c’est donc sur la situation des Touaregs que l’actualité se concentre notamment. Malgré les Accords de Ouagadougou signés en juin, les rebelles du MNLA n’ont pas rendu les armes dans leur fief de Kidal. Quelles sont aujourd’hui leurs revendications ?

Francis Simonis : Il est très difficile de savoir quelques sont les revendications du MNLA tant ses dirigeants se déchirent et se contredisent entre eux. L’idée générale reste celle d’une large autonomie qui permette de s’accaparer la manne de l’aide financière internationale et de continuer les trafics en tous genres (cigarettes, drogue, armes) en tout impunité ! En langage politiquement correct cela donne « reconnaissance de la spécificité culturelle de l’Azawad, et aide au développement ». Mais à Bamako, personne n’est dupe de ce discours à destination de l’Occident !

JOL Press : L’intervention française devait être courte et les militaires devaient vite passer le relais à une force internationale. Les ambitions françaises seront-elles réalisables ?

Francis Simonis : Seuls les naïfs ont pu croire que l’intervention française serait courte. Il s’agit là d’un discours à l’attention de la population française qui n’acceptera pas éternellement que Serval lui coûte environ 1,7 million d’euros par jour ! La France est en passe de s’installer durablement au Mali dont elle est la seule capable actuellement d’assurer la sécurité. Croit-on vraiment que la force des Nations unies, la Minusma, qui est incapable d’empêcher une manifestation de femmes et d’enfants à Kidal  puisse protéger qui que ce soit ?

Les ambitions françaises sont claires mais inavouées : prendre pied au nord du Mali et s’y installer pour longtemps. La persistance de troubles permet ainsi de légitimer une implantation durable en jouant de la corde sensible : c’est nous ou le chaos ! De ce point de vue, les objectifs de Serval semblent atteints.

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