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Tunis-Méditerranée : L’approche sécuritaire européenne, un autre coup d’épée dans l’eau!

Située aux confins immédiats de l’Europe, la Tunisie est devenue un pays de transit pour les migrants qui n’ont de cesse de prendre d’assaut le vieux Continent. Selon son président, Béji Caïd Essebsi, elle déploie tous les efforts possibles pour arrêter les flux migratoires tunisiens en Méditerranée, mais qu’il n’est pas dans son rôle de stopper les flux des migrants venant de Libye et d’Afrique via ses côtes. Il n’en demeure pas moins que les autorités tunisiennes ont empêché 700 personnes d’émigrer en Méditerranée.

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Au regard des moyens dont elle dispose, la Tunisie ne peut pas avoir vocation à être un acteur majeur dans la lutte contre les flux migratoires en Méditerranée souvent endeuillée par des drames dont le, dernier en date a fait au moins 850 morts au large de la Libye. Et c’est aux pays de l’Europe, notamment méridionale de s’y investir, eux qui ont assez de moyens pour protéger leurs côtes.

Néanmoins, c’est plutôt la solution sécuritaire qui est privilégiée par les dirigeants européens qui continuent à manifester une attitude frileuse face aux migrations, traitées dans le volet sécuritaire de la politique européenne. Tandis qu’elle est confrontée au double défi du vieillissement des Européens et des pénuries sectorielles de main-d’œuvre, l’Europe, depuis 1974, a suspendu l’accès de ses frontières à l’immigration salariée, un régime d’exception comparé aux autres régions d’immigration du monde. Les effets pervers sont nombreux : entrées clandestines, sédentarisation des sans-papiers, esclavage moderne, détournement de la demande d’asile. Les politiques européennes, de même que celles des Etats, ont concentré leurs objectifs sur le contrôle des frontières, dans une vision habitée par le risque migratoire, le terrorisme, la criminalité organisée et la prévention des défis à «l’intégration». Ainsi, les politiques d’immigration sont en permanent décalage avec la réalité des flux.

Le recours à la force n’est pas une solution à la tragédie des migrants en Méditerranée, assure le secrétaire-général des Nations unies Ban Ki-moon. « Il n’y a pas de solution militaire à la tragédie qui est en train de se produire en Méditerranée », ajoute-t-il , préférant un encouragement à l’immigration légale comme solution globale. L’Union européenne, réunie jeudi en sommet extraordinaire, s’est dit prête à mener des actions armées contre les passeurs installés sur les côtes libyennes, à condition d’avoir le feu vert des Nations unies.

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a été chargée par les dirigeants européens de chercher ce mandat de l’ONU. Il s’agit d’une “opération que doit être conduite dans le respect de la légalité internationale et en accord avec les Libyens.

En fait, quatre mesures ont été identifiées lors de la dernière réunion des dirigeants européens à Bruxelles : tripler les moyens financiers mis à la disposition de l’agence Frontex qui coordonne les opérations « Triton » en Méditerranée centrale et « Poséidon » en Grèce ; s’attaquer au filières de passeurs et détruire leurs embarcations en particulier en Libye ; « prévenir les flux migratoires » en demandant aux pays de transit tels l’Egypte, la Tunisie, le Soudan ou le Niger de contrôler « les routes migratoires terrestres et maritimes » et en y organisant des « camps de réception »; en signe de « solidarité », accueillir quelques milliers de réfugiés, notamment des Syriens.

Autant par les mesures répressives qu’elle implique que par les discours qui les couvrent, la politique conduite par l’Union européenne à l’égard des migrantes et des migrants tentant de franchir la Méditerranée est jugée par maints militants des droits de l’homme aussi révoltante que meurtrière.

Combien faudra-t-il encore de morts pour que l’Europe comprenne enfin que l’approche sécuritaire, menée depuis 1990, a échoué ? Qu’il ne sert à rien de lutter contre l’immigration irrégulière avec des instruments parfois utilisés pour les opérations de défense ? Que le coût consacré au contrôle des frontières en Méditerranée aurait pu être utilisé à mieux accueillir ceux qui fuient les guerres, les conflits internes, la situation économique, politique et sociale de leurs pays ? Que la politique consistant pour les pays européens à confier à leurs voisins de la rive sud de la Méditerranée le contrôle des frontières alimente les réseaux mafieux de passage dans ces pays de transit ? Autant de questions qui soulignent que l’approche adoptée par l’Europe est n’est pas celle qui permette d’endiguer un tant soit peu ce fléau qui engendre d’innombrables drames faisant de la Méditerranée un cimetière marin.

Source: African Manager

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