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TRANSITION : Ces « goulots d’étranglement «

Dans la conduite de tout grand chantier, notamment en matière de « gestion de réformes et de Changements », il est toujours nécessaire, voire indispensable, de procéder à une ou des évaluations à mi-parcours. Cela permet d’identifier, le processus, les écueils et les « goulots d’étranglement », qui empêchent l’atteinte des objectifs fixés, afin d’y remédier en temps utiles.

Un regard rétrospectif du déroulement de la Transition fait ressortir quelques constats.

Premier constat : le pays arrive à assurer le paiement régulier des salaires des fonctionnaires et le fonctionnement normal de l’État en dépit des sanctions économiques et financières imposées. Cela nécessite évidemment de « l’ingénierie financière », c’est-à-dire la réponse à la question : comment trouver les ressources nécessaires et les combiner pour « l’allocation optimale des ressources » entre les emplois classés par priorité ? La guerre coûte excessivement cher. Cela est indéniablement des performances qu’il faut saluer.

 2ème constat : au plan diplomatique, de la coopération et des relations internationales, notre pays brille sur la scène internationale, au gré des évènements et de la plus belle manière : l’information, la sensibilisation des opinions, l’écoute, l’attention et le respect.

Troisième constat : des gros efforts enregistrés sur le plan militaire et sécuritaire. Les efforts sont financiers et humains. C’est bien beau de contempler les livraisons d’armements, mais combien ils ont coûté en investissements et combien vont-ils coûter en frais de fonctionnement ? L’effort humain va jusqu’au « don de soi’’.

Quatrième constat : c’est la préservation des deniers publics par l’intensification de la « lutte contre la corruption et la délinquance financière ». Elle a pris une certaine allure que l’on pourrait apprécier différemment, mais certainement ascendante.

Cinquième constat : on observe une certaine « stagnation » dans l’avancement du « chantier découpage territorial », avec son corollaire les délimitations des nouvelles régions, les circonscriptions électorales, l’identification des populations, le registre d’état civil (les pièces d’état civil), le fichier électoral, l’Organe unique de gestion des élections, toutes choses sans lesquelles, il serait très difficile de parler d’élections. Une des faiblesses de notre pays, c’est la lenteur dans la réalisation des chantiers, l’immobilisme et le non-respect des délais fixés. Rarement les projets sont menés à terme dans les délais impartis. L’identifiant unique NINA et le nouveau découpage sont des chantiers légués par les régimes antérieurs. Mais on les traine toujours comme des boulets aux pieds. Or le coût est fonction du temps. Plus un chantier dur, de nouveaux aléas apparaissent, généralement sources de complications et d’augmentation de coûts.

En tout état de cause, on a commencé, ou on renonce, on fait donc marche arrière, ou on termine. On ne peut rester coincé dans l’ascenseur, il faut en sortir. L’opérationnalisation des 10 nouvelles capitales régionales est excessivement coûteuse, surtout en temps de guerre. Elle nécessite des investissements lourds de départ en locaux, bureaux, véhicules, matériels et équipements. Il faut un Gouverneur et son staff, des logements, des avantages. Aussi toutes les Directions régionales des Ministères doivent être créées. Enfin, les nouveaux cercles vont nécessiter des investissements et du personnel avec des avantages. Au final l’opérationnalisation des nouvelles régions va nécessiter des dizaines de milliards en investissements et un accroissement du budget de fonctionnement de l’État à hauteur des dizaines de milliards également. Alors une approche progressive serait beaucoup supportable pour les finances publiques.

Ensuite le découpage soulève, entre autres problèmes, des « questions de terroir ». Des localités qui ne voudraient pas être rattachées à une nouvelle région. Ces écueils peuvent être levés en mettant en avant les avantages du nouveau découpage, à savoir le rapprochement de « l’administration aux administrés ». Par exemple, réduire les distances, les coûts et les temps de déplacement entre les localités et leurs capitales régionales.

Les questions d’état civil ne peuvent pas être traitées progressivement. Il convient de garder les anciennes pièces en attendant la « normalisation » des relations avec la Cedeao, cela en vertu du « Principe de précaution  » Un « chat échaudé craint l’eau froide » doit-on. Nous sommes sous des sanctions, soit en l’absence de textes, soit en violation des textes, des statuts de la Bceao.

Tous ces efforts mis côte à côte et dans la dynamique du recouvrement du territoire, engagée par les FAMa, le « retour à l’ordre constitutionnel normal » pourrait être envisagé dans un délai maximum de deux ans.

Ensemble, unis la main dans la main, le défi est certes colossal, mais pas impossible à relever pour un peuple décidé à se prendre en charges. Il n’y a plus de domaines réservés, il n’y a plus de personnes intouchables.

Siné DIARRA, Expert-comptable Essayiste

Source: Le Démocrate
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