Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

[Témoignage] Éducation sexuelle : comment Internet a remplacé mes parents

La sexualité est un thème passionnant, surtout pour les adolescents à partir de la puberté. Le sujet est tabou mais intéresse tout le monde. A défaut d’en parler avec les parents, Internet est l’alternative idéale pour de nombreux jeunes.

 

J’ai 22 ans aujourd’hui. Appelez-moi Coumba ou Coumba 223, le pseudo que j’utilisais pour aller sur les forums qui traitent de sexualité. Mes premières règles sont apparues à 16 ans, j’étais encore au lycée. En fille avisée, je savais ce que c’était, même si j’ignorais comment gérer. J’avais paniqué et étais gênée d’en parler à ma mère. J’ai tout simplement pris mon smartphone et tapé sur Google : « Que faire quand on a ses règles ? » Ce fut le début de plusieurs années d’autoformation en sexualité.

Au moment où j’écris ce billet, je maîtrise assez le sujet, mais je ne peux toujours pas en parler avec ma mère qui se contente de me dire de tout faire pour rester vierge jusqu’à mon mariage. Souvent, je me demande comment j’aurais pu me prendre en charge sans Internet. Et cette fille au fond d’un village de Kayes ou de Sikasso, où l’accès à Internet peut être un luxe ?

La pornographie, l’épisode sombre

C’est une lapalissade que de dire qu’Internet est une encyclopédie. Des milliers d’articles intéressants sont accessibles en un clic. Cependant, le revers de la médaille est également lourd. On tombe assez souvent sur du contenu pour adulte si on fait des recherches sur la sexualité. Cette aventure a commencé par une vidéo de plus d’une heure qui détaillait les positions à prendre pour faire l’acte sexuel. J’étais naturellement stupéfaite et de plus en plus curieuse.

Ensuite, ma curiosité m’a poussée vers les sites pornographiques. J’étais addictive à ces vidéos, qui me dépravaient plus qu’elles ne m’éduquaient. Je suis vite tombée dans un cercle vicieux. Imaginez, à 16 ans, tu n’as personne avec qui en parler, personne pour te dire que c’est mauvais à part une amie aussi jeune et imprudente que toi.

Masturbation, perturbation

Malgré la tentation, j’ai longtemps résisté à l’idée de me masturber. Mais il faut bien un jour joindre la théorie à la pratique. Je m’étais rendu compte que dans notre classe de 11e année à l’époque, cinq de mes amies pratiquaient la masturbation. Cela m’a rassurée, car je me disais que je n’étais pas la seule. Au fond de moi, je savais que ce n’était pas une bonne chose. En plus, je viens d’une famille pieuse. Jusqu’à mes 20 ans, je me livrais à la pratique à une fréquence régulière. Ce qui a fini par me troubler. J’ai même développé une dépression par la suite.

Là encore, c’est grâce à internet que j’ai pu m’en sortir. Notamment des vidéos spécialisées sur YouTube. Je n’avais toujours pas de gens autour de moi avec qui discuter.

La société a changé, les mentalités doivent évoluer. Les mœurs sont dépravées, les grossesses non désirées chez les adolescentes se comptent par millier. La mixité garçon-fille est présente partout. C’est aux parents de prendre leur responsabilité.  L’éducation sexuelle, comme toute autre forme d’éducation, doit être inculquée aux jeunes au moment opportun pour éviter le pire.

Source : Benbere

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance