Une dizaine d’années après sa prise du pouvoir, Idriss Déby a eu la chance de la découverte du pétrole. Il encourage son exploitation massive par des multinationales et très tôt, impose son pays sur la liste des pays pétroliers. Alors que l’on croyait que cette manne pétrolière allait apporter un soulagement aux peines des populations sorties de huit années de dictature de l’ex-président Hissène Habré, le président tchadien opte pour la course aux armements. Il s’arme pour résister d’une part aux assauts de l’armée libyenne contre son pays et engage d’autre part, une lutte féroce contre les rebelles et les déçus de son pouvoir.
Les différents succès engrangés finissent par révéler le Tchad comme le gendarme de la sous-région. Très vite, il sera sollicité par des puissances occidentales pour la traque des terroristes au Mali, au Niger, au Nigeria et au Cameroun. C’était des occasions pour l’ex chef de guerre de tester davantage la puissance de feu de son arsenal militaire. Les résultats de l’armée tchadienne forcent l’admiration sur les théâtres de conflits.
Mais là où le Zaghawa a commis des erreurs monumentales, c’est d’avoir manqué à ses obligations régaliennes face aux populations. A part la course aux armements, les revenus du pétrole ont été répartis entre des proches du pouvoir. Aussi, les investissements dans le domaine de la santé, l’école, l’énergie, l’eau potable, la construction des tribunaux, la formation des magistrats n’ont-ils pas été priorisés. Ces errements de Déby ont été mis à nu par la chute des cours du pétrole, dont l’économie tchadienne depuis une quinzaine d’années est tributaire.
Au moment où le sexagénaire semble ne plus disposer de toute sa fougue de jeunesse pour une meilleure approche des problèmes, son pays fait plus que jamais face à un marasme économique sans précédent et à une paralysie générale de l’administration publique.
Après l’échec des mesures d’austérité entreprises par le chef de l’Etat et à mesure que la fronde s’accélère, il convient de se demander si Idriss Déby n’est pas sur le point de subir le sort de l’ex président Blaise Compaoré, renversé par la rue après 27 ans de règne sans partage sur le Burkina Faso.
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