Tels sont les propos de Tahirou Dembélé, cotonculteur et Président de la Société coopérative des Producteurs de coton de Koutiala. C’était jeudi 5 mai, au Centre International de Conférence de Bamako. En marge du Forum sur le bilan de la campagne 2015/2016 de la Confédération des Sociétés coopératives de Coton (C-SCPC). En termes de perspective, le cap est mis sur la production de 800 000 tonnes de coton. Tout semble indiquer que ce cap sera difficilement atteint.
Le malaise est palpable chez les producteurs de coton. A quelques semaines de la nouvelle saison des pluies, les tracteurs promis aux agriculteurs à grand renfort de publicité ne sont toujours pas là. Pourtant, les formalités exigées et la caution bancaire ont été réglées. L’esprit préoccupé, le regard amer, la déception se lisait sur le visage du vieux Tahirou Dembélé. Malgré lui. Après avoir éjecté leurs maigres ressources pour l’acquisition des tracteurs sans y parvenir, du moins pour l’instant, les agriculteurs sont sur les dents. Et c’est peu de le dire.
Venu témoigner de l’excellence de la dernière campagne cotonnière dans sa zone – en dépit du fait que l’on a enregistré des problèmes dans la zone cotonnière de Koutiala d’une part et d’autre part, malgré la mauvaise campagne officiellement reconnue – le vieux Dembélé, tout comme ses collègues des autres localités, a rempli à la perfection son témoignage à l’endroit du président de la CSCPC, Bakary Togola. A Koutiala, dit-il, la campagne s’est très bien passée. Les cotonculteurs se sont réjouis de la bonne pluviométrie. Le problème des ‘’engrais frelatés’’ c’est à Bamako pas au niveau des producteurs de coton, ça n’existe pas, indique-t-il.
Poussant le bouchon un peu loin, Tahirou Dembélé ajoute : « il y a, cependant, une inquiétude. Les tracteurs sont à la télé mais pas les champs. La saison des pluies est toute proche. Nous aurions voulu que les tracteurs nous soient remis plutôt, pour que les moins qualifiés d’entre nous puissent connaitre leur machine. Nous avons ouvert les comptes bancaires et payé les 3 millions FCFA en guise d’acomptes exigés par la Commission d’attribution des tracteurs. Mais depuis là, rien. Qu’on nous dise ce qui se passe », martèle-t-il, dans un tonnerre d’applaudissement.
Indexé, le président de la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs de Coton, Bakary Togola répond. Vous avez raison, dit-il, le problème des tracteurs est en train de créer des tensions dans les villages. Dans des familles, certains membres ont versé leurs petites économies pour l’achat des tracteurs qui n’arrivent jamais. Ceux qui ne l’ont pas se moquent d’eux. « Je me suis moi-même déplacé à la Commission d’attribution des tracteurs, ils m’ont dit que les tracteurs sont au niveau de la BNDA. A la banque on nous fait savoir que l’affaire se trouve au niveau de la Commission d’attribution des tracteurs », dit le président de l’APCAM. Et de poursuivre: « le Premier ministre m’a appelé, disant que le président de la République voudrait que les tracteurs soient distribués avant la Journée du paysan prévu le 28 de ce mois ou le 04 juin prochain. Je lui ai dit de se référer à qui de droit. J’ai demandé, aussi, au PDG (ndlr: PDG de la CMDT) qui doit rencontrer le président de la République cette semaine de lui faire part de notre préoccupation, étant donné que c’est le maitre-chien qui rend le chien méchant », a indiqué Bakary Togola.
Mamadou TOGOLA
Source: Canard dechainé