Depuis près de 44 ans, le rituel est le même (1973-2017) le Président de la République française arrive dans les salles de réunion le dernier. Les chefs d’Etat africains attendent sagement qu’il fasse son entrée puis, ils se lèvent tous et restent debout face au «père».
A un pas de l’ouverture du fameux sommet France-Afrique, pardon Afrique-France puis que la dénomination a changé depuis cette 27ème édition.
Ne faudra-t-il pas dénoncer cette institution (unique du genre dans le monde).
Les dirigeants d’un continent (Afrique) entier réunis autour du chef d’Etat d’un seul pays (la France).
Créé, en 1973, par Georges Pompidou, ce sommet de la honte est à sa 27ème édition et aucune des vingt six (26) éditions précédentes n’a posé d’acte concret qui peut être cité comme réalisation sur le continent.
Notre pays va accueillir ce sommet satanique à partir du vendredi prochain pour la deuxième fois, car en 2005, le même rituel s’était déroulé sur notre terre.
De 2005 à aujourd’hui, personne ne peut indiquer une réalisation, fruit de la tenue de ce sommet.
Qu’est-ce que le sommet Afrique-France ou France-Afrique ?
Balance déséquilibrée dès le départ : Deux (02) jours de rencontre entre les ministres des affaires étrangères d’Afrique et de la France, deux jours d’échange entre les hommes d’affaires français et africains et une demi-journée de succession de discours entre les Chefs d’Etat africains et le Chef d’Etat français (le chef d’Etat français a le plus grand temps de parole).
Symbole de la concurrence déloyale entre les hommes d’affaires : Au cours des deux jours de rencontres entre les hommes d’affaires du continent et ceux de la petite France, l’éternel rapport de force de la devise monétaire s’invite dans le débat, car pour un pays comme le Mali comment fabriquer un produit avec le franc CFA et aller le vendre en France en Euro ? Et surtout que la question du commerce reste la zone oubliée dans les débats.
En un mot l’objectif est de permettre aux hommes d’affaires français comme Bolloré de mieux s’implanter sur le continent à travers des représentants décelés parmi nos hommes d’affaires qui se considèrent désormais comme des chanceux, car ils aident le franc-maçon (Bolloré) à piller davantage nos maigres ressources.
Rencontre des Chefs d’Etat : ceux de l’Afrique au service de celui de la France
Le seul et unique objectif de cette rencontre est de permettre au Chef d’Etat de la France colonisatrice de soigner son image à travers un discours que les medias de l’hexagone vont décrypter dans tous les sens. Comme ce serait le cas le samedi prochain, François Hollande le mal aimé de la France va s’arrêter devant la trentaine de Chefs d’Etat (c’est 35 qui ont confirmé leur présence) pour parler de l’opération «SERVAL», les attaques djihadistes, la lutte contre le terrorisme, les crises en Afrique, notamment le départ de Yaya Jammeh.
Oui comme des ordres, il dira aux chefs d’Etat africains la ligne de conduite dans les différentes affaires pendantes sur le continent. Pourtant le donneur de leçons n’a même pas pu rehausser d’un pouce l’économie de son pays, il n’a pas pu protéger la population contre le terrorisme, il n’a pas pu faire bouger la courbe du chômage d’un pouce.
Malheureusement que certains Chefs d’Etat qui n’ont pas de leçons à recevoir de lui ne seront pas présents (Paul Kagamé du Rwanda).
Tout ce qu’on souhaite est qu’un jour, nos dirigeants aient la sagesse de comprendre que ce sommet symbolise la honte pour le continent. Mais ils ne vont pas vite comprendre cela, car ils font semblant de ne pas comprendre du moment où l’héritier du trône a un parc automobile et ses affaires roulent à travers ses véhicules loués pour la circonstance.
Que Dieu nous en garde.
Issa Kaba
Source : L’Express de Bamako
