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Sur l’es violations de droits humains : Le bras de fer se corse entre l’ONU et le Mali

Le fossé des malentendus s’élargit du jour au lendemain entre le Mali et l’ONU. Après l’épisode du clash survenu du renouvellement du mandat de la Minusma, la défiance se conforme avec la publication du dernier rapport du Groupe d’experts  mis en place par la Résolution 2590 du Conseil de sécurité. En réplique au contenu de son document, le gouvernement est resté de marbre sur son rejet des enquêtes de l’ONU et l’a manifesté par un mémorandum où les affirmations sont battues en brèches les unes après les autres.

Ledit rapport s’est vraisemblablement voulu exhaustif sur les dimensions multiples de la situation malienne dont il ne néglige le moindre aspect. De la mise en œuvre du processus d’Alger à l’émergence d’un Cadre Stratégique Permanent en passant par la criminalité transfrontalière, les violences extrémistes  et les violations des droits humanitaires, tout y passe.

  Un processus de paix paralysé par la méfiance entre les parties de l’Accord

Perçu par la communauté internationale comme la panacée à la crise malienne, le devenir de l’Accord issu du processus d’Alger n’inspire pourtant aucun optimisme au Groupe d’experts dont le mandat est prolongé dans la foulée par le Conseil de sécurité. En cause, soutiennent-ils, un mécanisme de mise en œuvre paralysé tant par le dysfonctionnement des instances décisionnelles (suspension de réunions du CSA et du CTS, entre autres), les désaccords ou divergences d’intérêts que par leurs impacts négatifs sur l’évolution de certains piliers de l’APR telles les DDR, les réformes politiques et institutionnelles, etc.  «Aucune des réformes politiques et institutionnelles prévues par l’Accord n’a été finalisée par le Conseil national de transition», mentionne le document des Experts en soulignant, par exemple, le retrait de la loi sur la police territoriale.

Et d’en déduire, par ailleurs, que la lourdeur de la machine a eu comme corollaire une périlleuse méfiance entre les parties signataires de l’Accord, exacerbée par sa dénonciation par des voix officielles et se traduisant par un certain bellicisme d’acteurs à l’affût d’éventuelles alternatives à l’Accord : le gouvernement par un renforcement des effectifs militaires en dehors du cadre de l’APR, les mouvements armés par des recrutements massifs dictés par la présence des partenaires «non conventionnels» auprès des FAMa.

Il en résulte, aux yeux des Experts onusiens, une dégradation de la situation sécuritaire imputable au piétinement de l’Accord, notamment aux désaccords qui empêchent une symphonie des parties signataires dans l’organisation de la lutte contre le phénomène terroriste. En atteste, entre autres, les difficultés d’opérationnalisation du Cadre Stratégique Permanent en dépit de l’implication des plus hautes autorités du Mali ainsi que de certains pays des champs également affectés par les équations sécuritaires.

     Les FAMa et «Wagner» à l’épreuve des droits humains et humanitaires

Le rapport, à l’instar des études précédentes de même portée, n’a pas passé sous silence la brûlante question de violation des droits de l’homme et du droit international humanitaire qui découle aussi bien des habituelles violences généralement perpétrées par les groupes terroristes sur les populations civiles que de la traque de ces groupes terroristes par les forces régulières. L’intérêt du Groupe d’Experts ainsi porté entre autres sur les présomptions d’exactions et exécutions sommaires qui pèsent sur des patrouille des forces armées maliennes dont l’épisode dramatique de la trentaine de Mauritaniens morts en territoire malien. Référence faite aux récits et témoignages qu’il juge crédibles et par défaut d’une présence physique sur le terrain, le Groupe d’Experts décrit une expédition rondement menée de tuerie collective qui a eu raison de pauvres bergers en chasse de pâturage à la frontière mauritanienne. Les victimes auraient été ligotées, battues et dépouillées devant femmes et enfants avant d’être transportées quelques kilomètres d’un breuvage nommé «Robinet El Ataye» pour ne plus retourner parmi les leurs.

Au demeurant lesdites atrocités sont l’objet d’une panoplie d’enquêtes dont celle conjointe des parties maliennes et mauritaniennes qui n’a pas encore donné son verdict. L’équipe onusienne estime néanmoins que les faits et témoignages concordent tous vers une expédition meurtrière menée par des soldats de l’armée régulière et leurs  partenaires étrangers.

Le gouvernement malien s’inscrit en faux

Ces allégations, ainsi que bien d’autres contenues dans le rapport, n’ont pas laissé indifférentes les autorités maliennes. Celles-ci ont officiellement réagi sous la forme d’un mémorandum qui s’emploie à démonter les descriptions du Groupe d’Experts dans l’ensemble de leurs compartiments. Les évènements de Al Attaye sont ainsi battus en brèche par le gouvernement, lequel anticipe le résultat de ses investigations en cours en soutenant qu’aucune patrouille des forces armées maliennes n’a sillonné la zone concernée par l’identification des crimes pendant la période indiquée. Il en déduit par conséquent un rapport en souffrance de sérieux et de rigueur scientifique, à cause des témoignages tendancieux qui émaillent sa description des faits. Aux yeux des autorités maliennes, la crédibilité et l’impartialité de l’enquête sont en outre entachées par l’inobservance du principe du contradictoire dans la démarche, par delà moult autres réserves sur la forme du rapport. Le gouvernement s’inscrit, comme on le voit, dans la continuité d’une hostilité affichée aux questions des droits de l’homme et de droit humanitaire, une position fondée notamment sur les craintes de déstabilisation du pays par d’éventuelles et qui préfigure son inflexibilité sur l’ouverture d’enquêtes onusiennes sur d’autres présomptions similaires auxquelles allusion est faite dans le mandat renouvelé de la Minusma.

A KEÏTA

Source: Le Témoin

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