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Sur les traces de Um Nyobe à Boumnyebel

Que reste-t-il de Ruben Um Nyobe 60 ans après son assassinat, dans le Nyong et Kelle, son département d’origine?

La question taraude les esprits.

Entre un monument érigé à son honneur, le cimetière dans lequel il est enterré et qui mal entretenu, ses deux épouses abandonnées à leur propre sort, et des populations qui appellent à la reconnaissance et la célébration du courage de Ruben Um Nyobe, son village natal vit encore ses idéaux comme si c’était hier.

Assis sur un tabouret à l’air libre, un jeune homme vend les tickets de voyage. Nous sommes au carrefour Boumnyebel, point de départ pour Eseka, chef-lieu du département du Nyong et kelle.

Pour rallier cette ville située à 40 kilomètres de Boumnyebel, nous prenons place dans une voiture cinq places.

Et nous sommes 10 passagers à bord.

Le goudron fend la forêt à perte de vue.

Une heure plus tard, c’est Eseka.

Non loin du point de chute, une imposante statue au carrefour Abbé Nicolas Ntamack.

C’est l’unique monument de Um Nyobe au Cameroun.

Justin Etienne Yamb est un fils du coin.

C’est un monument qui fait bon vivre à tout le monde. Ça a même fait la fierté des uns et des autres, mais c’est l’entretien qu’il faut. C’est une place publique pour tout étranger, mais c’est ne que l’entretien qu’il faut. Ça même fait grandir la ville, puisque qu’à l’aide ce monument, eseka se sent plus qu’une ville. C’est un carrefour qui nous plait, ça nous réjouis énormément.

Inauguré le 22 juin 2007, ce monument représente l’arrivée de Ruben Um Nyobe à la gare d’Eseka en 1952 alors qu’il revient de son voyage à l’Onu après sa déclaration à l’Onu.

L’initiative est du pasteur Samuel Bikoi 2, alors maire d’Eseka.

Mais pour admirer la pierre tombale de Um Nyobe, il faut se rendre à quelques kilomètres de son monument, sur une moto, cinq minutes sur un sentier non bitumé.

Là-bas sous des touffes d’herbe, on distingue à peine la tombe.

Le coin sert de refuge aux fumeurs de drogue de la zone.

A Eseka, c’est l’indignation.

Là où il se repose devait être un endroit très embelli, un endroit propre, un endroit clair, mais actuellement c’est devenu un endroit où tous les jeunes qui prennent la drogue, qui prennent le chanvre indien se refuge.

Les gens viennent tout le temps-là, se photographier et ils repartent. Il faut au moins qu’il y ait un mausolée, qu’il repose en paix. Parce qu’ils viennent tout le temps. Chacun vient récupérer son image, et dans tout ça, personne n’a construit. Il est fâché dans sa tombe.

A Eseka, l’on pense que Um Nyobe mérite mieux que cette tombe, Marcel Ndjama, 58 ans, un planteur, natif de la contrée.

“Um nyobe a été pour nous un monument. C’est quelqu’un qui a beaucoup servi, que jusqu’à ce jour, il manque quelqu’un pour le représenter. A sa mort, Ruben Um Nyobe, laisse tout un peuple orphelin. Son histoire semble être tabou, au point où même ses propres veuves ne souhaitent pas en parler.

A la rencontre de ses veuves à Boumnyebel

Premier arrêt, chez Marie Ngo Njock, la deuxième épouse de Ruben Um Nyobe.

Elle est catégorique. Elle ne veut pas parler de son mari, encore moins de ses conditions de vie actuelle.

Son petit-fils, conducteur de moto, que nous avons pris sans le savoir pour arriver ici, nous sert de traducteur.

Après quelques minutes d’échange avec celle qu’il présente comme sa grand-mère, il nous annonce qu’elle consent à raconter sa rencontre avec Ruben Um Nyobe il y a une quarantaine d’année. L’échange dure à peine 03 minutes. Elle répond en bassa, la langue locale.

La grand-mère dit qu’elle était venue au marché à l’époque, et qu’elle dansait bien et c’est là qu’il se sont connus. Et après, ils ont commencé à vivre ensemble, mais elle dit qu’elle ne peut pas nous raconter ce qu’elle vivait avec son mari.

Deuxième arrêt, la première épouse, Marthe Ngo Mayack, 90 ans.

C’est elle qui est allée au palais de l’unité le 20 mai dernier, jour de la fête nationale.

Aucun de nos arguments ne la fera plier.

Nous rentrons sans un mot d’elle.

Chacune des deux femmes habite dans une maison, à moins de 10 mètres d’intervalle.

Mais elles disent être oubliées du gouvernement.

Mazarin Kobla Libock, est l’un des petits-fils de Ruben Um Nyobe.

A 38 ans, il est conducteur de moto-taximan.

Il dit attendre du gouvernement, une reconnaissance nationale, et une prise en charge matérielle et financière de la famille

Les veuves de ce grand-père ne sont pas récompensés à base de leur mari, ne sont même pas reconnues. Puisque quand on regarde certains pays, les Lumumba et consorts, on reconnait que leur famille ou les enfants ou les veuves que Lumumba avaient sont bien. Normalement le gouvernement devait prendre les deux femmes en charge. Mais on ne sait pas pourquoi la famille camerounaise ne reconnait pas ce que le vieux a laissé

Ici dans le Nyong et Kelle, département d’origine et où il a été tué à 45 ans, Ruben Um Nyobe est immortel.

Ses idées restent puisque l’UPC règne sans partage dans la zone.

Les élus locaux sont de cette formation politique dont Ruben Um Nyobe a été secrétaire Général.

Un souhait formulé ici: que le Cameroun fasse la promotion de la mémoire héroïque du Mpodol, entendez porte-parole des siens en langue Bassa .

 

BBC

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