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Sur le vif: aux actes !

Depuis vendredi, on connaît la composition de la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par Dr Choguel Kokalla Maïga. Conformément à la Charte, le Gouvernement III de la Transition (le deuxième n’a existé que sur le papier) est composée de 25 ministres, dont six femmes et trois ministres délégués. Ce sont ces hommes et ces femmes qui conduisent désormais l’action publique dans notre pays et qui ont la lourde responsabilité de mener la Transition, avec comme mission principale, l’organisation des élections générales, début 2022.
En tout et pour tout, le nouvel exécutif n’a que neuf mois pour un chantier à la fois gigantesque et complexe.

Le délai est-il tenable ? Voilà la question qui anime les débats depuis plusieurs mois, car elle est au centre des préoccupations de plus d’un Malien à cause de la situation que vit le pays. Et la question est d’autant plus importante que les neuf premiers mois de la Transition, censée durer 18 mois, donc la moitié, se sont achevés sur un échec, avec la démission du désormais ancien président de la Transition et du Premier ministre.
Depuis le 24 mai, le Mali a donc tourné la page de Bah N’Daw, un homme dont l’arrivée au pouvoir avait suscité un grand espoir chez nos concitoyens, mais qui, en neuf mois d’exercice du pouvoir, n’a jamais réussi à imprimer sa marque à la Transition et prouver qu’il pouvait être l’homme de la situation. Sans douter de la bonne foi du colonel-major à la retraite et de son esprit patriotique, il faut dire que Bah N’Daw a manqué d’expérience et de tact dans la gestion de la Transition.

Cela s’est traduit notamment par la mise à l’écart progressive du vice-président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, provoquant de facto l’interruption de la collaboration directe entre les deux hommes. L’entourage du colonel Assimi Goïta reproche à Bah N’Daw d’avoir décidé de dissoudre le gouvernement et de mettre une nouvelle équipe en place, sans consulter le vice-président, alors que la Charte de la Transition dit clairement que les questions de défense et de sécurité relèvent de la compétence du vice-président.

Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, accuse l’entourage d’Assimi Goïta, c’est la décision de Bah N’Daw de remplacer les deux ministres qui étaient en charge de la Défense et de la Sécurité, à savoir les colonels Sadio Camara et Modibo Koné. Pour le colonel Assimi Goïta, la mise à l’écart des deux colonels, tous de la Garde nationale qui est la deuxième force des FAMa en termes d’effectif, constituait une menace grave pour l’unité de l’Armée nationale et ne «pouvait être tolérée».

Si des voix se sont élevées pour déplorer les conditions dans lesquelles est intervenue la double démission de Bah N’Daw et de Moctar Ouane, force est d’admettre que les explications données par le colonel Assimi Goïta lors de ses rencontres avec les forces vives de la Nation ont permis de lever bien des équivoques. Ainsi, contrairement à la communauté internationale, la plupart de nos concitoyens soutiennent aujourd’hui le colonel Assimi Goïta et espèrent qu’il soit l’homme de la situation.

Dès sa nomination comme président de la Transition par la Cour constitutionnelle, Assimi Goïta a tenu à dissiper les doutes sur ses intentions en assurant que les élections générales se dérouleront en février 2022, avant d’annoncer que le futur Premier ministre sera issu des rangs du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui a joué un rôle clé dans la chute du régime de l’ex-président, Ibrahim Boubacar Keïta. «Notre seul agenda, c’est un Mali sécurisé et apaisé. Je ne souhaite même pas qu’on fasse des éloges de moi, mais plutôt de la Transition», a ainsi martelé le nouveau président de la Transition lors de sa rencontre avec la presse.

Sur le plan national, les nouvelles autorités peuvent compter sur le soutien des Maliennes et des Maliens pour les neuf mois restants de la Transition, mais cela sera-t-il suffisant pour réussir la période transitoire ? Ce qui est sûr, c’est que la tâche sera ardue, car depuis les événements du 24 mai dernier, le Mali est mis au ban par la communauté internationale. L’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la Banque mondiale, la Francophonie pour ne citer que ces organisations, ont pris des mesures contre notre pays et disent attendre des gestes forts des nouvelles autorités. Pour un pays comme le nôtre, en proie à une crise multiforme depuis près d’une décennie, le soutien de la communauté internationale est indispensable pour mener la Transition à bon port.

C’est pourquoi, l’une des priorités de la nouvelle équipe gouvernementale sera sans doute de sortir le pays de l’isolement diplomatique. Cela passe par une diplomatie forte et active. À cet égard, le choix d’un diplomate chevronné pour conduire les relations extérieures est judicieux. Les nouvelles autorités n’ont pas droit à l’erreur. Le chef de l’État l’a dit à maintes reprises lors de ses prises de parole. C’est aux actes que les Maliens et nos amis étrangers les jugeront.


Souleymane B. TOUNKARA

Souce: Essor
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