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Statut autonome de l’enseignant: l’école prise en otage

Alors que l’on s’achemine inexorablement vers la fin de l’année scolaire 2016-2017, à part la volonté de négocier de part et d’autre, les chances d’un accord entre gouvernement et syndicats d’enseignants s’amenuisent, exposant dangereusement l’avenir de nombreux enfants. Si la partie gouvernementale veut toujours croire à un rapprochement de points de vue, les syndicalistes restent catégoriques, depuis un certain temps : le « Statut autonome ou rien » !

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Avec le nouveau gouvernement dirigé par Abdoulaye Idrissa Maïga, et le signal qu’il a donné, l’on croyait révolue la saison des grèves ou du moins une trêve, comme sollicité d’ailleurs par le nouveau PM lui-même à l’endroit de certains syndicats de la place.
Le temps, dit-on, de s’imprégner des dossiers afin de réfléchir à des alternatives de compromis. Au niveau de la santé, la solution a été trouvée et le travail a repris. Cependant, avec les syndicats d’enseignants, les horizons semblent bouchés, malgré la volonté de dialogue affichée par les ministres en charge de la question. En tout cas, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Ag Erlaf, lors de sa rencontre avec ses collaborateurs au niveau de son département, n’a pas caché sa volonté manifeste pour une amélioration des conditions de vie et de travail du monde des enseignants. Il a même exprimé rapidement son souhait de renouer le dialogue avec les syndicats pour créer une nouvelle dynamique d’écoute et d’échange.
Favorable à l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants, le ministre va plus loin en optant pour une solution plus pragmatique concourant à la définition d’un plan de carrière aux enseignants qui leur est plus profitable, en termes d’avancées et de gratifications professionnelles. A-t-il la chance d’être écouté ?
En tout cas, ses interlocuteurs ne donnent pas suffisamment de gages dans ce sens. Au contraire, ils semblent être gagnés par un esprit de scepticisme et même de suspicion où toutes les initiatives venant d’ailleurs sont prises comme piège. Le seul refrain entonné à tous les coups, c’est oui au dialogue, mais notre « statut autonome ou rien ». Au point que les observateurs s’interrogent aujourd’hui sur l’intérêt d’un éventuel dialogue avec ces grévistes, qui cherchent contre vents et marées un statut autonome.
Évidemment, le gouvernement lors d’un précédent accord avec le Collectif des syndicats de l’éducation s’est engagé « à donner aux enseignants un statut » et qu’aucun « aspect, dont la grille, ne sera occulté lors des travaux de la commission qui sera mise à cet effet au plus tard le 31 janvier ». À en tenir à la clause du PV de conciliation, signée par toutes les parties, et qui n’a été contesté par aucune d’entre elles, nulle part, dans les termes des accords, on ne parle de « statut autonome des enseignants ».
À quoi jouent les grévistes de l’école ? S’interrogent plusieurs observateurs neutres qui s’intéressent à la problématique de l’école malienne. En fait, selon de nombreux milieux, y compris certains anciens responsables syndicalistes, naturellement plus enclins à la crédibilité syndicale, tout change dans l’action syndicale, une fois qu’il est établi que c’est le syndicat qui viole ses propres engagements.
Alors que les deux parties s’étaient convenues de l’octroi d’un statut, le 8 janvier dernier, aujourd’hui, les enseignants grévistes font volteface et brandissent un « statut autonome ». Le PV de conciliation, qui a été signé entre les parties, le 8 janvier dernier, dans la salle de conférence du ministère de l’Éducation nationale, et qui a amené les syndicalistes à lever leur mot d’ordre de grève, n’a pas fait cas d’un « statut autonome », comme le semblent affirmer aujourd’hui les grévistes, lesquels se cramponnent sur un statut autonome qui n’a pas été obtenu dans les accords, conclus avec la partie gouvernementale. De ce fait, les syndicats d’enseignants savent qu’ils n’agissent pas véritablement dans le sens des termes des accords, auxquels ils ont eux-mêmes souscrits, au cours des négociations ultérieures.
Si la grève est un droit constitutionnel dans notre pays, ce serait moins dire aujourd’hui que des enfants innocents du Mali souffrent des effets pervers des grèves perlées à l’école.
Au sortir d’un arrêt de travail de 216 heures, on a encore vu les enseignants regroupés au sein du Collectif des syndicats de l’éducation signataire du 25 octobre 2016 (le fondamental et le secondaire compris) décréter une grève de 210 heures le lundi 10 avril qui a pris fin le 20 avril dernier. Comme si cela ne suffisait pas, les mêmes enseignants ont déposé un autre préavis de 15 jours puis de 20 jours avec rétention de notes des évaluations de fin d’année.
Pire, malgré le dialogue en cours, les syndicalistes ont récemment dénoncé le choix des sujets pour les deuxième et troisième évaluations, fait par les inspecteurs régionaux et les conseillers pédagogiques en lieu et place des enseignants. Ils considèrent que cet exercice est anti pédagogique et contraire à toutes les dispositions en vigueur. Ils se sont alors mis dans une logique de boycotter lesdites évaluations et sont également dans la dynamique de boycotter les examens de fin d’année. Certains enseignants, à travers ces mouvements de grève, semblent avoir leur agenda propre à eux. Il s’agit de conduire le pays sur le terrain d’une année blanche et mettre le régime devant le fait accompli. Nous pensons qu’il s’agit d’un jeu trop grossier pour lequel le pouvoir ne se laissera pas distraire.

Par Sidi Dao

 

Source: info-matin

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