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Spirale de violence: où est la société civile malienne ?

Ces derniers mois, notre pays, en guerre depuis 2012, est victime d’une véritable tragédie humaine, à travers des massacres de populations civiles, au Nord et au Centre, notamment dans la région de Mopti. Le drame a atteint son paroxysme, ce 23 mars 2019, avec le massacre de plus 160 civils dans le village d’Ogossagou, cercle de Bankass. Alors que la solidarité internationale s’exprime, à travers des marches à Bruxelles et à Paris, les organisations de la société civile se barricadent dans une tour de silence alarmant.

Sur les réseaux sociaux, un avis de marche pacifique de Tabital Poulakou ; Société Civile Dogon avait été lancé pour ce samedi 30 mars 2019, mais annulée ou reportée sine die, sans grande précision. «Bonsoir, Grande Marche Populaire Pacifique de Tabital Poulakou ; Société Civile Dogon. Demain samedi à partir de 15 h. De la place de liberté au boulevard de l’indépendance pour demander JUSTICE’’, pouvait-on lire sur la page Facebook d’un organisateur de ladite marche. Des sources évoquent des raisons de deuil national de trois jours décrété par le gouvernement pour justifier ce report.

Selon une source, pour cette raison de deuil, les organisateurs de la marche ont tout simplement voulu remettre la marche à une date ultérieure. D’autres, par contre, évoquent une interdiction de la marche par les autorités nationales.

L’une dans l’autre, le silence actuel de la société civile de notre pays face aux graves violations des droits de l’homme qui se joue actuellement en terre malienne est simplement inquiétant et condamnable.

Inquiétant, parce que ce peuple connu pour sa solidarité légendaire, son patriotisme est en train de se métamorphoser sous diktat d’une autorité incapable et complice d’une puissance colonisatrice qui ne défend que ses propres intérêts. Au Mali, c’est désormais l’Etat d’urgence ou le deuil national qui sont mis en avant pour casser toutes les initiatives patriotiques des organisations de la société civile ou même des partis politiques qui décident de se faire entendre sur des sujets de préoccupation nationale. Sinon, comment expliquer aujourd’hui que le gouvernement du Mali et les Nations unies continuent de se satisfaire des avancées de mise en œuvre d’un accord pour la paix signé en 2014 qui n’est qu’à un taux d’exécution de 25%, en 2019, soit 4 après sa signature. Autrement dit, si les choses devaient se poursuivre à ce rythme, en 2024, le Mali et les groupes armés signataires de cet accord seront encore à 50% de taux de mise en œuvre et Kidal continuera à être sous le contrôle de la CMA et ses complices narco-jihadistes. Entre-temps, ceux qui ont intérêt à la poursuite de ce marché de dupes auront réussi à embraser l’ensemble du pays et à mettre dos-à-dos les Maliens.

Aujourd’hui, il n’y a qu’une société civile consciente et responsable qui peut sortir notre pays de ce gouffre, par ses actions citoyennes à tous les niveaux. C’est pourquoi le silence actuel de la société civile est condamnable, dans la mesure où la mobilisation en faveur du Mali est déjà en cours, à travers le monde.

Ce 27 mars 2019, devant le Palais de justice de Bruxelles, un grand symbole du droit de l’homme, des centaines de personnes ont manifesté. L’objectif était de dénoncer le massacre des Peuls au Mali. « Nous dénonçons avec la plus grande fermeté ce qui se passe au Mali, parce que ça va à l’encontre du droit humain», a déclaré un manifestant.

Les manifestants, qui sont issus de plusieurs communautés africaines vivant dans la capitale belge, ont particulièrement interpelé le Président IBK : « Il se passe des choses inacceptables au Mali, la communauté internationale devrait se mobiliser davantage, les autorités européennes devraient être informées de ce qui se passe ; elles le sont peut-être, mais elles ne réagissent pas parce qu’il y a tellement d’accords commerciaux, militaires, etc. avec les pays du Sahel ».

Ce samedi 30 mars, les Français ont aussi marché pour dire halte aux tueries au Mali. Plus de 2000 Personnes étaient dans les rues de Paris pour dire non aux tueries dans le village d’Ogossagou. Au même moment, c’est le silence à Bamako où semble d’ailleurs se préparer l’ensemble de ces massacres contre les paisibles populations à l’intérieur du pays.

Ce conflit a déjà fait plus de 500 morts, selon des sources onusiennes. L’an 2019 a débuté par un massacre par des hommes armés non encore identifiés dans le village de Koulongo ayant fait plus de 30 morts. Le 27 février 2019, l’explosion d’un corps piégé par un engin explosif à Diankabou a fait dix-sept civils tués et plusieurs blessés. Le comble a été atteint ce 23 mars par l’attaque barbare et traitresse dirigée contre le village d’Ogossagou peul ayant occasionné plus de 100 morts.

Tous ces drames se passent sous le regard impuissant ou complice d’une MINUSMA, qui continue de se bunkariser, malgré son mandat de protection des civils.

Par Sidi DAO

Info-matin

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