Les parcelles prévues par le lotissement de Sotuba ACI pour servir d’équipements publics (terrains de football, centre de santé, marché, école) étaient menacées par des spéculateurs fonciers. Il a fallu un sursaut d’orgueil des résidents à travers un collectif pour alerter les plus hautes autorités du pays. Malgré certaines actions en son temps comme la démolition de certaines réalisations, le problème persiste. Le dernier en date est relatif à la parcelle prévue pour le marché que le conseil municipal a morcelé et vendu à des richissimes au détriment d’un projet d’aménagement souhaité par le collectif des résidents de Sotuba ACI.
Le Collectif des résidents de Sotuba ACI avait depuis août 2011 adressé des correspondances aux autorités compétentes de sauvegarder leurs espaces verts. Il avait identifié ces sites en y mettant des plaques en attendant de les mettre en valeur. Pour le cas particulier du marché, le Collectif a pris contact avec la mairie de la Commune I pour rendre viable l’espace prévu pour être un équipement marchand. Un plan a été ébauché dans ce sens par le collectif faisant ressortir le type de marché moderne qu’il souhaite construire dans le quartier.
L’idée de bâtir un marché a été favorablement accueillie par la mairie de la Commune I et par le gouvernorat du district, qui sont habilités à donner l’équipement marchand en contrat bail ou en gérance assortie de cahier de charge.
Malheureusement, selon des sources proches du collectif, à l’ACI Sotuba, les choses ne se sont pas passées dans les règles de l’art. Le Collectif des résidents accuse la mairie d’avoir réalisé un plan différent du sien en augmentant le nombre de boutiques et en mettant une boulangerie qui n’était pas prévue. Pis, le bureau communal et le conseil municipal se seraient servis à satiété et aurait même donné la boulangerie au gouvernorat du district.
Selon des sources proches du dossier, plusieurs membres du bureau communal ont reçu chacun deux lots dans le futur marché. Un richissime membre du bureau communal, en la personne d’Alhousseini Maïga, a lui seul acheté des lots pour la somme de 36 millions de F CFA, qui n’a pas été mis dans le compte de la mairie, mais utilisé à d’autres fins.
Le gouverneur du district, Hady Traoré, tout en reconnaissant en la mairie sa vocation de gérer les équipements marchands dans le cadre des dispositions prévues par la loi en lieu et place des populations, dénonce le conflit d’intérêt qui peut se créer lorsque la municipalité met en avant ses propres intérêts. Il s’inscrit en faux contre ceux qui soutiennent qu’il a reçu sa part en l’occurrence une boulangerie. » Je mets quiconque au défi de le prouver « , a-t-il dit confié.
Le maire de la commune I, Mme Konté Fatoumata Doumbia, qui est revenue d’une suspension de trois mois en octobre dernier suite aux inondations d’août 2012, dit avoir pris le train en marche. C’est son 1er adjoint, M’pè Diarra, qui avait piloté le dossier pendant la suspension de Mme le maire. Cependant, elle reconnait avait rencontré le Collectif des résidents de Sotuba ACI. Selon elle, le projet du collectif de bâtir un marché moderne dans un quartier aussi huppé est une bonne initiative. » Mais le collectif avait un autre agenda, celui de gérer à ses propres fins le marché. J’en connais parmi eux qui n’inspirent pas confiance « , a-t-elle dit.
Le secrétaire général de la mairie de la Commune I, Toumany Sow, a indiqué que l’espace en question a été attribué par le gouvernorat du district, au moment où Georges Togo était le gouverneur, sous décision n°05 du 27 mai 2014. Selon lui, le schéma d’aménagement a été approuvé par l’actuel gouverneur Hady Traoré et le plan réalisé par la direction nationale de l’urbanisme.
Il reconnait à son tour que le Collectif est venu voir la mairie dans le cadre d’une collaboration d’aménagement des espaces verts. » Il n’y a pas eu de vente de parcelles, au sens du droit. Tout ce qui existe comme décision administrative ce sont des contrats de bail établis avant la suspension des attributions de parcelles « , a affirmé M. Sow. Il a poursuivi que les intéressés doivent mettre en valeur leurs lots et payer à la mairie, 225 F CFA/m2 pendant dix ans et la première anuité est payée dès la signature du contrat.
Tout en rejetant avoir signé de contrats de beaux, Mme Konté Fatoumata Doumbia, soutient que la boulangerie a été mise plan le plan sur recommandation de la direction nationale de l’urbanisme.
Le président du Collectif des résidents de Sotuba ACI, M. Siby se refuse d’admettre qu’il avait demandé à gérer le marché ou à prétendre avoir des parcelles. Selon lui, le souci de son collectif est qu’il y ait un marché moderne et que l’endroit ne soit pas vendu à n’importe qui pour en faire n’importe quoi. Il dit être convaincu que la mairie a outrepassé ses droits en tirant un profit mercantile de leur futur marché.
Youssouf CAMARA