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Souleymane Koné, membre du M5-RFP sur RFI : «Le CNSP et le nouveau président malien doivent s’engager pour libérer Soumaïla Cissé»

Au Mali, voilà six mois, jour pour jour, que Soumaïla Cissé, le chef de l’opposition à l’ancien président Ibrahim Boubakar Keïta, a été kidnappé par un groupe armé. Quelles sont les dernières nouvelles de lui ? Où en sont les négociations pour sa libération ? Souleymane Koné a été ambassadeur du Mali à Nouakchott. Aujourd’hui, il est au comité stratégique du M5 et à la cellule de crise du parti URD – Union pour la République et la Démocratie – pour la libération du célèbre otage. En ligne de Bamako et au micro de Christophe Boisbouvier, il lance un appel à la junte au pouvoir et au président Bah N’Daw, qui doit prêter serment ce vendredi 25 septembre.

RFI : Souleymane Koné, voilà six mois que Soumaïla Cissé est retenu en otage. Que vous inspire cet anniversaire ?

Souleymane Koné : Six mois de douleur, six mois d’inquiétude, six mois d’absence… C’est très douloureux pour tout le monde au Mali et je voudrais lancer un message de compassion à Soumaïla Cissé lui-même, sa femme – ma sœur, Astan Cissé Traoré -, ses enfants, sa famille, ses camarades politiques, ses amis très nombreux, dont je suis honoré d’en faire partie.

Vous savez, Soumaïla Cissé est un homme très positif, qui, malgré l’insécurité, a voulu faire un acte de foi à son pays, en se lançant dans la campagne électorale des législatives, au cours de laquelle il a été enlevé. En tant que chef de file de l’opposition, il a voulu donner une certaine crédibilité à la parole politique et à ces élections. Elles devaient être sécurisées. En tout cas, c’est ce qui avait été dit à tous les Maliens, que tout est fait pour sécuriser l’ensemble du territoire, d’où la responsabilité première, aujourd’hui, de l’État du Mali. Parce que Soumaïla a été enlevé dans le cadre d’une activité publique, organisée par l’État du Mali. Six mois après, la libération de Soumaïla Cissé, c’est sauver aussi l’honneur du Mali.

Quant Soumaïla Cissé a été capturé, il faisait campagne pour les législatives dans son fief électoral de Niafounké, au centre du Mali. Est-ce que l’on sait qui sont ses ravisseurs ?

A ce jour, nous ne connaissons pas ses ravisseurs. On attend… On ne connaît pas les ravisseurs.

Mais les regards se sont tout de même tournés vers la Katiba Macina du prédicateur Amadou Koufa…

Oui… Vous savez, cette katiba est dans la zone, mais il y a, en plus de cette katiba, beaucoup de groupuscules dans la zone, qui vont du banditisme pur et simple à d’autres revendications, peut-être jihadistes.

Pourrait-il être passé aux mains du GSIM d’Iyad Ag Ghali ?

Nous n’avons pas ces informations, à savoir quel est le groupe qui le détient.

Quelle est la dernière preuve de vie de Soumaïla Cissé ?

La dernière preuve de vie de Soumaïla Cissé est la lettre que la Croix Rouge a pu faire parvenir à sa femme.

C’était le 21 août…

Voilà…

Et que dit-il dans cette lettre ?

Cette lettre est une lettre privée, nous n’avons pas accès au contenu de la lettre, mais on suppose que la lettre était suffisante pour rassurer sa femme que Soumaïla est en vie et qu’il est bien traité.

Soumaïla Cissé est âgé de 70 ans. Il a été grièvement blessé lors du putsch du capitaine Sanogo en 2012. Est-ce que l’on a des nouvelles de sa santé ?

Le pouvoir qui était là et qui certainement était au courant de toutes ses activités, avait dit que Soumaïla recevait régulièrement ses médicaments.

D’habitude, dans votre pays, les groupes armés capturent des étrangers. Pourquoi s’en sont-ils pris cette fois à un Malien ?

C’est la première fois qu’ils s’en prennent à une personnalité politique de grande envergure. Sinon, par le passé, ils s’en sont pris à des gendarmes, des gardes forestiers ou d’autres, tous ceux qui représentent l’administration. C’est pour cela, justement, qu’il y a cette grande mobilisation à travers le Mali et même à travers le monde. Partout en Afrique, Source: Journal le Républicain-Mali il y a des intellectuels qui se sont levés. Vous avez la Francophonie qui travaille pour cela, aussi. Les sénateurs français, les députés, ministre des Affaires étrangères de la France… Toutes ces grandes voix – la Cédéao et même le Conseil de sécurité -, toutes ces grandes voix se sont levées pour demander la libération de Soumaïla Cissé.

Soumaïla Cissé a présidé la Commission de l’UEMOA. Il a été deux fois deuxième dans une présidentielle malienne… Est-ce que ce n’est pas aussi cette notoriété, qui fait qu’aujourd’hui il est retenu en otage ?

On peut supposer que ceux qui l’ont enlevé savent ce que représente Soumaïla Cissé – et pour le Mali et pour l’Afrique -, et que cela peut faire monter les enchères, quelque part, oui. Mais qu’à cela ne tienne, c’est au Mali de remplir toutes les conditions pour la libération de Soumaïla Cissé, avec l’aide bien sûr, de tous nos amis et de tous les partenaires du Mali.

L’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta s’est mobilisé pour faire libérer son ancien adversaire Soumaïla Cissé. Mais aujourd’hui, est-ce que le changement de régime ne risque pas de compliquer les négociations avec les ravisseurs ?

Je ne sais pas si l’ancien président s’est mobilisé pour libérer Soumaïla Cissé. Il a fait des annonces, mais nous n’avons pas eu ce sentiment que la libération de Soumaïla Cissé était vraiment une priorité chez lui. J’en veux pour preuve : il a fait un discours juste après l’enlèvement de Soumaïla Cissé et il n’en a pas pipé mot.

Il a fallu la grande vague populaire du M5-RFP contre lui-même, pour qu’il intervienne, pour faire de la libération de Soumaïla quelque chose pour apaiser le mouvement. Je pense qu’il y avait plus de manœuvre dans sa démarche, que de réelle volonté d’aller vers la libération de Soumaïla Cissé. Je suis d’accord avec vous, le nouveau pouvoir doit s’engager résolument, avec plus de force, avec plus de transparence, pour montrer la volonté nationale qu’il y a, aujourd’hui, à libérer Soumaïla Cissé.

Vous pensez que le CNSP du colonel Assimi Goïta peut faire plus ?

Il doit faire plus. Le CNSP, le nouveau président qui est investi, l’ensemble des forces qui vont accompagner la Transition, doivent s’engager résolument, plus que jamais, pour la libération de Soumaïla Cissé.

Il parait que le CNSP a dit à votre compagnon du M5, Choguel Maïga, qu’il travaillait sur ce dossier, même s’il ne pouvait pas donner de détails.

S’ils l’ont dit à Choguel Maïga, c’est très bien. Je crois savoir que le colonel Goïta a rencontré un des fils de Soumaïla Cissé et c’est une très bonne chose. C’est une volonté exprimée. C’est très bien !

Est-ce que, dans le M5, le très influent Imam Mahmoud Dicko peut aider à la libération de Soumaïla Cissé ?

Absolument. Cela, je peux le dire, dès les premiers jours de l’enlèvement de Soumaïla Cissé, nous avons été de ceux qui sont allés voir l’imam Dicko pour demander son implication. Et depuis ce jour à aujourd’hui, l’imam Dicko est fortement impliqué dans la recherche pour la libération de Soumaïla Cissé. Je peux personnellement l’attester.

Et s’il vous écoute ce vendredi, que voulez-vous dire à Soumaïla Cissé ?

Je lui dirai, avec émotion, de tenir bon, que sa famille et le Mali pensent à lui, que nous sommes mobilisés – avec toutes nos forces intellectuelles, morales, nos prières -, pour sa libération, que le Mali découvre chaque jour que Soumaïla Cissé est un grand facteur de stabilité dans notre pays, qu’il nous manque, qu’il faut qu’il tienne.

Publié le : 25/09/2020

Source, RFI : Invité Afrique

Source: Journal le RépublicainMali

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