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Sommets Afrique-France: quel avenir pour ce binôme ?

Après Paris 2013, le 27e Sommet Afrique-France de Bamako a vécu dans la ferveur et l’espoir d’un avenir meilleur pour l’Afrique en proie aux conflits, à l’insécurité, au sous-développement. Bamako 2017 a été un espace d’expression et de diagnostic des grandes préoccupations qui assaillent, l’Afrique, la France et au-delà le monde entier.

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Ainsi, des recommandations pertinentes ont été faites dont la mise en œuvre reste au-delà de leur pertinence une véritable problématique.
Aussi, si depuis quelques années, les Sommets Afrique-France ou France-Afrique connaissent une évolution certaine, dans leur conception et la façon de percevoir ensemble les préoccupations de l’heure, il y a lieu de s’interroger véritablement sur l’avenir d’un tel rendez-vous dans un contexte de mondialisation et de rude concurrence entre les nations.

Notre pays a abrité dans la satisfaction générale, le 27e Sommet Afrique-France. Après une analyse minutieuse de la situation politique, économique, sociale et sécuritaire de l’ensemble commun, les délégations ont proposé des alternatives aux différentes préoccupations et encouragé les mesures déjà en cours.
Le Sommet de Bamako pour le partenariat, la paix et l’émergence, co-présidé par Ibrahim Boubacar KEITA et François HOLLANDE, respectivement président malien et français, ont porté sur les enjeux de la paix et la sécurité, de l’économie et du développement, ainsi que les réponses à y apporter.
Le rendez-vous, en plus d’une soixantaine de délégations conduites par une trentaine de chefs d’État et de gouvernement, a aussi enregistré la présence des représentants des Nations Unies, de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la CEDEAO, de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de l’Organisation internationale de la Francophonie.

Défis et menaces pour la paix
Sur ce registre, les chefs d’État et de gouvernement désireux de consolider la paix et la sécurité en Afrique ont décidé d’unir davantage leurs efforts pour lutter contre le terrorisme et les trafics illicites.
Aussi, ont-ils dressé un bilan positif des actions opérationnelles conduites par les États africains et les organisations régionales du continent dans la lutte contre le terrorisme, notamment au Sahel, en Afrique du Nord, dans la Corne de l’Afrique et dans la région du Bassin du lac Tchad ainsi que dans la région des Grands Lacs. L’appui de la France aux opérations en Afrique, depuis le Sommet de l’Élysée de 2013, a été mis en relief et salué. Par ailleurs, les chefs d’Etat ont salué les progrès réalisés dans la consolidation de l’architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), notamment la montée en puissance de la Force africaine en attente (FAA) et la décision de création d’une base logistique continentale (BLC) en appui aux forces africaines.
Les enjeux de la coopération policière, judiciaire et de la surveillance des frontières dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, il en a été aussi question par les participants qui n’ont pas manqué d’appeler à une action collective accrue contre les réseaux de trafiquants, notamment de traite des êtres humains, de trafics de migrants et de trafic de drogue afin d’assécher la source de financement du terrorisme que représentent ces trafics.
Dans ce domaine, l’appui de la France à la sécurisation des frontières et à la lutte contre le trafic de drogue, annoncé en 2013, a pris des formes variées, allant jusqu’au Partenariat élargi de Barkhane avec les États du Sahel.
Toujours dans ce cadre sécuritaire, les Chefs d’État se sont félicités de la création par l’Union africaine d’un fonds de lutte contre le terrorisme. De même, ils ont pris note de la demande faite à la communauté internationale, aux Nations Unies en particulier, de participer à son financement, et à la France, membre permanent du Conseil de sécurité, de soutenir cette démarche.
Face à la cybercriminalité qui prend de plus en plus des ampleurs inquiétantes, le Sommet de Bamako a souhaité la mise en place des moyens adéquats et d’accroître leur coopération en matière de lutte contre la cybercriminalité et plus généralement, pour renforcer la cyber-sécurité. Pour ce faire, ils ont mis en place un partenariat africain pour la sécurité numérique, qui constituera un cadre d’échange d’expertise, de développement des compétences et des ressources au service d’une mutation technologique sécurisée du continent africain à laquelle serait associé le Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme.
La sécurité maritime a été également une préoccupation soulignée par le Sommet. Sur cette question, les résultats du Sommet de l’Union africaine sur la sécurité maritime et le développement en Afrique tenu à Lomé (10-15 octobre 2016) et l’adoption de la Charte de Lomé sur la sûreté et la sécurité maritime et le développement ont été salués.

Solidarité africaine en faveur du Mali
Comme le rappelait, le président François Hollande : « Ce sont les forces armées africaines qui doivent assurer la sécurité des Africains ». Au lieu des Français, ce sont elles qui devront lutter contre le terrorisme. Sur la question, le Sommet a rappelé le caractère central de la formation des soldats africains pour les besoins de la sécurité nationale et des opérations de maintien de la paix. Dans ce domaine, l’engagement de la France en 2013 de former 20.000 soldats africains par an a été atteint et, depuis 2015, dépassé. Mieux, la France poursuivra cet engagement à l’avenir.
Dans le Sahel, indique-t-on, la France reste pleinement engagée dans la lutte contre les activités terroristes aux côtés de ses partenaires, en particulier dans le cadre de l’opération Barkhane et de l’appui apporté aux forces nationales.
Aussi, face au péril que constituent la radicalisation et l’extrémisme violent pour la sécurité et la stabilité, appellent-ils à une plus grande coopération régionale et internationale dans la lutte contre ces phénomènes. Sur la question, les Chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé la nécessité de renforcer les capacités des échelons régionaux en matière de paix et de sécurité, en soutenant leurs capacités d’intervention immédiate. Ils sont convenus de renforcer les capacités des outils de prévention des conflits et d’alerte précoce, à l’échelle régionale et continentale.
Dans notre pays, les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ont été salués et les Chefs d’État et de gouvernement ont appelé à la restauration et au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, conformément aux dispositions de l’Accord.
Dans le même registre, ils ont condamné le terrorisme sous toutes ses formes et exprimé leur solidarité au Mali face à la recrudescence des attaques terroristes qui ont visé les forces de défense et de sécurité du Mali, les forces des Nations Unies, la Force française Barkhane et les populations civiles. Cette situation constitue une menace pour l’ensemble de la sous-région.
Soucieux d’éviter une généralisation du phénomène de radicalisation et du terrorisme dans la région sahélienne, les Chefs d’État et de gouvernement ont appelé à un renforcement du Partenariat militaire et de coopération transfrontalière (PMCT) entre les pays membres du G5 Sahel auquel la France apporte son soutien.
Le Sommet de Bamako a salué la contribution décisive de l’Union européenne à la paix et à la sécurité sur le continent africain. Par ailleurs, les participants ont accueilli positivement le lancement en 2014 de la mission exécutive EUFOR RCA, suivie d’une mission de formation EUTM qui a atteint sa pleine capacité opérationnelle avec l’appui de la France, ainsi que le troisième mandat d’EUTM Mali en 2016, ouvrant la voie à une régionalisation de son action, en lien avec les missions civiles EUCAP Sahel Mali et EUCAP Sahel Niger. C’est dans ce contexte que les chefs d’État et de gouvernement ont invité l’Union européenne à achever au plus vite son travail visant à compléter ses activités de formation et de conseil des forces africaines par un financement significatif des équipements non létaux des forces africaines formées, comme convenu lors du Sommet UE-Afrique du 3 avril 2014.

Emploi des jeunes
Désireux d’œuvrer en faveur du développement humain, de l’autonomisation et de l’intégration des jeunes africaines et africains sur le marché du travail, les Chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé le caractère prioritaire de l’éducation et de la formation professionnelle. Ils ont salué l’initiative dénommée Partenariat pour le Développement des Compétences en Sciences appliquées, Ingénierie et Technologies (PASET), lancée en 2013 pour renforcer les capacités scientifiques et technologiques nécessaires au développement socioéconomique de l’Afrique.
Aussi, ont-ils convenus de renforcer le pilotage des systèmes éducatifs africains par la qualité, en mettant notamment en place des politiques de formation et d’évaluation performantes.
Les Chefs d’Etat et de gouvernement, participants au Sommet de Bamako, disent avoir pris bonne note de la contribution de l’OIF dans ce domaine. Ils ont affirmé leur volonté de promouvoir une formation professionnelle d’excellence. La France, elle soutient, à cet effet, la mise en place du label RH Excellence Afrique et d’un réseau de centres d’excellence de formation aux métiers de l’énergie.
La formation professionnelle en milieu rural et la place des femmes feront l’objet d’une attention particulière. Les Chefs d’État et de gouvernement ont lancé un appel aux partenaires internationaux afin qu’ils accroissent leur soutien aux secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle en Afrique et ils ont demandé à ce que les contenus modernes, accessibles et professionnalisant soient adaptés aux besoins des marchés de l’emploi.
Ils ont appelé au renforcement de la coopération et de l’intégration régionales afin d’atteindre les objectifs de développement et des bénéfices communs grâce à des mesures gagnant-gagnant, qui ne présentent pas d’inconvénient et qui favorisent les principes du droit international.
Les Chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé leur engagement de faciliter l’autonomisation des jeunes par une formation scolaire, professionnelle et entrepreneuriale afin de créer une nouvelle génération de citoyens utiles pour l’Afrique et le monde. À cet égard, ils ont souligné la nécessité pour l’Afrique et la France de coopérer à la mise en œuvre de la feuille de route élaborée par l’Union africaine pour bénéficier du dividende démographique.
Les Chefs d’État et de gouvernement ont souligné l’importance croissante qu’accordent leurs pays à l’économie bleue considérée par l’Agenda 2063 de l’Union africaine comme l’avenir de l’Afrique et que la stratégie maritime intégrée (SMUA) pour l’horizon 2050 qualifie de « nouvelle frontière de la renaissance africaine ». Ils ont appelé à une coopération accrue à ce secteur plein d’opportunités d’insertion des jeunes et des femmes dans le système productif, qui constitue un moteur potentiel pour une croissance économique solidaire et soucieuse de l’environnement.
La santé des personnes étant aussi un levier de toute politique de développement, les problématiques du VIH, la tuberculose, le paludisme et les maladies tropicales négligées ont été posées et diagnostiquées par le 27e sommet. À ce niveau, des engagements forts ont été pris pour lutter contre ces pandémies pour permettre l’accès de tous à des services de prévention et à des soins de qualité, notamment grâce à un meilleur accès aux financements internationaux disponibles, en mettant l’accent sur la nécessité d’un appui et d’une assistance technique renforcés.
Les Chefs d’État et de gouvernement ont également insisté sur l’importance des mobilités, du tourisme, du partage d’expertise et de la circulation des compétences, afin de favoriser le dynamisme économique et l’innovation, mais aussi de répondre aux besoins des individus.

L’Agriculture, une priorité pour l’Afrique
Pour accroître la visibilité des flux de ressources pour le développement entre la France et l’Afrique et pour apporter un soutien à des relations commerciales et d’investissement qui tiennent suffisamment compte des priorités des pays africains en matière de développement, les chefs d’État et de gouvernement ont souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes de suivi afin de surveiller la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre des décisions des Sommets Afrique-France. Ainsi, compte tenu de l’importance de l’autosuffisance en produits agricoles et en marchandises, ainsi que des effets du changement climatique sur les récoltes, les Chefs d’État et de gouvernement ont convenu de travailler ensemble en réalisant des transferts de technologies pour améliorer les récoltes et ajouter de la valeur aux produits frais, ainsi qu’améliorer les systèmes de stockage, de transport et de distribution.
Il est revenu, dans les échanges que le secteur de l’agriculture constitue une priorité pour l’Afrique, non seulement du fait de son importance pour la sécurité alimentaire du continent, mais aussi plus largement pour son développement économique et social. Dans ce cadre, l’initiative AAA (Adaptation de l’Agriculture africaine) vise une transition vers une agriculture résiliente aux changements climatiques.

Afrique-France des engagements
Depuis 1973, l’Afrique et la France ont appris à se concerter dans ce cadre qui a connu de nombreuses évolutions.
De la Françafrique des réseaux, le cadre a évolué pour prendre la forme d’un partenariat d’égal à égal vis-à-vis des préoccupations concernant l’ensemble.
Le ton avait été donné depuis le 23e Sommet où le porte-parole de la jeunesse africaine, Tamoifo Nkom Marie, avait mis en garde les chefs d’État :
« Si les politiques ne s’occupent pas de la jeunesse, le vent du changement, en contexte démocratique, conduira la jeunesse à s’occuper des politiques afin que les engagements aient un sens ».
Au 24e sommet de Cannes en 2007, des participants ne cachaient plus leur volonté de voir la fin des réseaux de la Françafrique et l’installation pleine et entière de l’Union européenne dans les discussions avec l’Afrique ?
C’était en présence de la chancelière allemande, Angela Merkel, présidente de l’UE et du G8, et Louis Michel, le commissaire européen au Développement, sont présents.
C’est ainsi qu’au 25e sommet, Nicolas Sarkozy, dans son discours de clôture, a plaidé pour ‘’une relation décomplexée’’, tournée vers l’avenir. «Je suis intimement convaincu qu’il n’est plus possible d’évoquer les grandes questions du monde sans la présence de l’Afrique», a déclaré le président français.
C’est véritablement au 26e sommet de Paris en 2013 que des engagements forts de la France vers l’Afrique ont été enregistrés.
Au sommet de l’Élysée pour la Paix et la Sécurité, la France s’est engagée à débloquer 20 milliards d’euros en prêts et en dons en faveur des pays africains. À côté de ce premier engagement, François Hollande a promis une grosse participation française dans le cadre de la formation « d’une force de réaction rapide sous l’égide de l’Union africaine ».
Par an, le « premier partenaire économique du continent africain » s’engage à former 20 000 soldats. Il s’agira de «préparer des forces africaines pour répondre à toutes les menaces », a souligné François Hollande.
L’Union européenne, de son côté, s’engage par la voix du président de la Commission à débloquer 50 millions d’euros pour soutenir l’intervention des Nations Unies en République Centrafricaine qui vient de donner un mandat à la France d’intervenir militairement dans ce pays secoué par une guerre civile.

Comment concrétiser ce partenariat ?
Le président tchadien, Idriss Deby, a son idée : « Le nouveau partenariat que nous appelons de tous nos vœux, ne saurait se construire que dans le respect mutuel, la confiance réciproque, l’égalité, loin du double méfait du complexe d’infériorité et des velléités de domination. Les valeurs de liberté et d’égalité fondatrices de la République française forment ici une belle symbiose avec l’attachement de l’Afrique à son identité, sa dignité, son indépendance et à ses autres valeurs qui structurent l’imaginaire collectif de ses peuples. Le maintien d’une concertation permanente et la promotion de méthodes fondées sur l’écoute attentive de l’autre sont la garantie que de telles valeurs communes seront, en toutes circonstances, sauvegardées ».
La France de François Hollande s’engage dans ce sens : « dès lors que nous sommes unis, dès lors que nous sommes solidaires, dès lors que nous sommes ensemble pour relever le défi majeur de la paix, il est possible de réussir. Il est possible de réussir là où l’on pense que l’horreur s’est installée », a indiqué le président français au sommet de Bamako.
Si la France est en Afrique, dit-il, elle ne cherche pas à exercer une influence, à peser sur le choix politique d’un peuple et encore moins à capter ses ressources. « Elle n’est là que pour participer à des opérations de maintien de la paix, et pour travailler avec les Africains, au renforcement de leur capacité de défense.
Parce que, je vous le confirme ici, ce sont les Africains qui devront assurer la sécurité des Africains », a-t-il souligné. C’est d’ailleurs dans ce cadre, ajoute-t-il ; que lors du Sommet de Paris, il y a trois ans, son pays a pris l’engagement de former 20 000 soldats africains par an.
« Nous avons tenu cette promesse et elle a même été dépassée et je vous propose aujourd’hui, de réévaluer encore l’engagement de la France, et de porter à plus de 25 000 pour les 3 prochaines années, la formation des soldats africains », a-t-il promis.
Nous le ferons aussi, parce que nous sommes conscients que les réseaux terroristes et criminels utilisent les nouvelles technologies, pour que les forces africaines puissent, également, relever ce défi.
C’est la raison pour laquelle, la France, a décidé de soutenir un projet d’école internationale de la cyber-sécurité, qui sera installé sur le sol africain.
Cet engagement, selon le président français, c’est aussi un devoir, parce qu’il ne peut pas y avoir de sécurité en Europe si les groupes terroristes s’installent à ses frontières.
« Il ne peut pas y avoir de maîtrise de l’immigration, sans stabilité politique. Il ne peut pas y avoir de paix durable, sans sécurité en Afrique. La France agit donc, partout où elle pense qu’il est utile de le faire, on a été, par solidarité, par devoir, et également par la volonté de porter partout le message de la sécurité et de la paix », a-t-il martelé.
La balle est ainsi lancée, aux acteurs de jouer, chacun, sa partition pour le mieux-être de tous.

PaR Sidi Dao

 

Source: info-matin

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