Le Sous-Secrétaire général des Nations Unies et Coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel vient d’effectuer un séjour dans notre pays. Au terme d’une visite de 4 jours qui l’a conduit dans les régions de Gao, Ménaka et Mopti, Toby Lanzer dresse un bilan préoccupant selon lequel près de 3 millions de personnes demeurent en situation d’insécurité alimentaire, dont 423 000 dans une situation sévère et 709 000 enfants à risque de malnutrition aigüe, cette année.

Le sous-secrétaire général des Nations unies et Coordinateur humanitaire régional pour le Sahel a bouclé vendredi sa mission dans notre pays. Une visite au cours de laquelle il a été reçu par le ministre de la Solidarité et de l’action humanitaire, Hamadou Konaté, et la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations-Unies, Mme Mbaranga Gasarabwé, en tant que Coordonnatrice résidente et coordonnatrice humanitaire. Avec ces différentes personnalités, il a discuté de la situation humanitaire et des défis au Mali et dans la région du Sahel. Avant de se rendre dans les villes de Gao, Ménaka, Ansongo et Mopti pour s’informer de la situation humanitaire sur le terrain.
Sur place, le Coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel, M. Toby Lanzer, a rencontré les autorités administratives et communales de la nouvelle région de Ménaka. Il a également échangé avec les acteurs humanitaires de Ménaka et d’Ansongo sur les questions sécuritaires et l’accès aux populations vulnérables. M. Lanzer a félicité les acteurs humanitaires pour leur travail au quotidien qui soulage les souffrances des populations vulnérables.
Au terme de sa mission, Toby Lanzer se dit préoccupé par la détérioration de l’accès humanitaire aux populations dans le besoin. Selon lui, les récentes attaques et la reprise des violences entre les groupes armés ont fortement impacté l’acheminement de l’aide aux populations affectées.
« Je suis profondément préoccupé par l’impact que les récentes attaques et la reprise des violences dans certaines zones du pays ont sur le travail humanitaire des agences onusiennes et organisations partenaires », a déclaré Toby Lanzer.
« Nous faisons tout pour acheminer l’aide aux populations affectées. Jusqu’à présent, les organisations humanitaires continuent à intervenir dans toutes les zones, mais les distributions sont de plus en plus risquées et nous craignons une détérioration importante de la situation humanitaire, alors que le processus de paix est encore fragile. »
Du constat dressé par le Coordinateur humanitaire régional pour le Sahel, près de 3 millions de personnes demeurent en situation d’insécurité alimentaire, dont 423 000 dans une situation sévère. Ce, malgré le démarrage des récoltes agricoles dans plusieurs localités du pays. Et de révéler qu’environ 709 000 enfants sont à risque de malnutrition aiguë cette année.
Notre pays fait face à des défis humanitaires complexes liés à plusieurs facteurs concomitants : le conflit violent de 2012 stabilisé autour d’un processus de paix encore fragile, les changements climatiques, et la pauvreté extrême. En appui au Gouvernement, les agences de l’Organisation des Nations Unies et Organisations non gouvernementales humanitaires au Mali ont développé un Plan de réponse humanitaire 2016. Ce Plan de réponse s’inscrit dans la stratégie triennale d’action humanitaire lancée au Mali et dans 8 autres pays du Sahel en 2014 avec trois objectifs stratégiques régionaux.
L’évaluation des effectifs des personnes dans le besoin au Mali, qui sous-tend la planification de la réponse, a été réalisée par secteur d’intervention. Il a été estimé qu’en 2016, environ 2,5 millions de personnes nécessiteraient une assistance (soit 13,5 % de la population malienne).
Le Plan de réponse humanitaire au Mali vise à apporter une assistance humanitaire aux plus vulnérables pour renforcer leur accès aux services sociaux de base, améliorer leurs moyens de subsistance et leur capacité de résilience et consolider la préparation aux urgences.
Il comporte 127 projets présentés par 44 partenaires et requiert un financement de 354 millions de dollars (USD), dont seulement 30 % des fonds ont pu être mobilisés à ce jour. Les actions proposées ciblent en priorité les zones touchées par le conflit dans le nord et le centre du pays, ainsi que les populations déplacées, retournées ou rapatriées. À travers ce plan, un million de personnes seront assistées par des interventions dans huit secteurs : la sécurité alimentaire, la nutrition, la santé, l’eau-hygiène-assainissement, l’éducation, la protection, les abris et articles -non alimentaires et le relèvement précoce. Le plan assure et assurera aussi la coordination de la réponse.
Malgré ce cri de détresse du Coordinateur humanitaire régional pour le Sahel, la situation humanitaire reste toutefois sous contrôle au Mali. Ce, grâce aux soutiens multiformes de l’État et de ses partenaires en faveur des populations vulnérables. Ce soutien ayant consisté en des opérations de distribution gratuite de 11 428 tonnes de céréales dans toutes les régions du pays y compris le District de Bamako.
En plus de cette opération de distribution gratuite, l’État, à travers le Commissariat à la sécurité alimentaire, a mobilisé 25 000 tonnes de riz local qui ont été mis sur le marché pour renforcer l’approvisionnement les différents marchés en vue de maintenir une certaine stabilité des prix.
À cela s’ajoutent 833 000 enfants et 93 000 femmes enceintes et allaitantes planifiés pour la prévention et le traitement de la malnutrition et 1 700 000 enfants planifiés pour le dépistage de la malnutrition.

Par Mohamed D. DIAWARA

Source: info-matin