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Sidy Keïta : « C’est en tenant le langage de la vérité qu’on fera revivre le tourisme malien »

Le secteur du tourisme bat actuellement de l’aile au Mali, en proie à une instabilité sécuritaire qui aiguisé la méfiance de la clientèle internationale. Sidy Keita, directeur de l’Agence pour la promotion touristique du Mali (Mali Tourisme), répond aux questions de Benbere.

Benbere : Comment se porte le tourisme malien actuellement ?

Sidy Keïta : L’activité touristique est pratiquement à l’arrêt. Depuis quelques années, notre pays est confronté à un problème sécuritaire. Malheureusement, d’année en année, cette situation s’amplifie non seulement avec la destruction d’une part importante du patrimoine culturel, mais également la dégradation de l’environnement sécuritaire. Aujourd’hui, nous avons encore d’autres défis au regard de la crise sanitaire mondiale qui persiste toujours. Ces situations cumulées ont fini par affecter le secteur du tourisme dans notre pays, à l’image d’autres pays à travers le monde. Le tourisme malien, malheureusement, ne se porte pas bien. Nous avons des suppressions d’emplois, des chômages techniques, une paupérisation extrême des communautés qui vivaient autrefois des activités touristiques.

Pourquoi l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie est devenu Mali Tourisme. En quoi ce changement de nom est-il important ?

En réalité, il y a eu une restructuration opérée en 2014, à la demande à la fois du secteur public et du secteur privé. Cette demande consistait à séparer les missions de règlementation des missions de promotion. Toutes les deux étaient gérées par l’ex- Office malien du tourisme et de l’hôtellerie. Pour donner encore plus de visibilité à notre tourisme, les plus hautes autorités ont mis en place l’Agence de promotion touristique du Mali dont le nom commercial est Mali Tourisme.

Récemment, Mali Tourisme a signé un partenariat avec la mairie de la commune rurale de Siby, un lieu important du tourisme malien. Parlez-nous un peu de ce partenariat.

C’est justement dans le cadre des décisions qui ont été prises à la suite des difficultés que nous avons évoquées. Aujourd’hui, la destination Mali est confrontée à une crise à trois visages : il y a la crise politique, la crise sanitaire et, pire, l’insécurité qui affecte gravement notre industrie. Face à cette situation, nous avons remarqué aussi que la destination Mali a été carrément abandonnée par la clientèle internationale.

Pour nous, il était donc important de réfléchir à d’autres mécanismes afin que le secteur puisse survivre. Après maintes réflexions, nous avons décidé d’orienter nos efforts vers la diversification de l’offre touristique du Mali, et de promouvoir le produit auprès du public malien. Cela nous a amenés à nous intéresser à Siby dans le processus des travaux d’aménagement d’un certain nombre de sites touristiques. Nous avons donc mis en place, à la demande de la mairie de Siby, un bureau d’accueil d’informations touristiques afin de faciliter l’accueil, l’orientation de ceux-là qui souhaiteraient visiter la commune de Siby. Mais nous sommes aussi conscients que les collectivités territoriales n’ont pas suffisamment de ressources ou que le secteur touristique n’est pas suffisamment inscrit comme un secteur prioritaire dans le développement communal. C’est ce qui nous a amenés à signer une convention de partenariat avec la mairie de Siby. Cette convention est sous forme de mesures d’accompagnement pour soutenir la collectivité de Siby. Au bout de 2 ans, nous allons nous retirer et passer la main au syndicat d’initiative du tourisme de Siby, qui est sous la responsabilité de la mairie de Siby.

Vous avez  parlé de la destination Mali, abandonnée par la clientèle internationale à cause de la crise sécuritaire. Avez-vous un message à l’endroit de cette clientèle ?

C’est important de tenir le langage de la vérité. La campagne médiatique sur le Mali a tellement été axée sur le négatif que c’est difficile pour quelqu’un qui n’a jamais fait ce pays de vouloir venir sans crainte. Certains pensent que dès qu’on descend de l’avion, ce sont les « terroristes » qui les accueilleront. On comprend la peur de ces personnes. Elle est légitime. Nous sommes conscients aussi de nos difficultés sécuritaires, mais c’est important de travailler sur un message rassurant. Là où nous avons des problèmes, nous devons le dire sans mentir. Mais il y a aussi des possibilités. Il est également de notre responsabilité de le faire savoir. C’est possible d’aller par exemple à Siby, à Koulikoro, à Kayes, à Mopti, à Sikasso. Mais nous savons que c’est irresponsable de dire aux gens qu’ils peuvent partir par la route à Kidal sans crainte. Il est pourtant possible de rallier Tombouctou ou Gao par Sky Mali. Avec le langage de la vérité, tout ira pour le mieux. C’est en tenant le langage de la vérité qu’on fera revivre le tourisme malien 

Parlons un peu de « Ségou Fali Tour ». Quel est l’objectif visé par cette initiative ?

Ségou Fali Tour a été mise en place pour valoriser la pratique de la charrette tractée par l’âne. C’est une vieille activité et la localité de Ségou l’a toujours fortement pratiquée. En plus, c’est un bon moyen pour découvrir la ville de Ségou. Au-delà de la valorisation de cette activité, nous prônons également le bon traitement de l’âne. Nous appelons à un changement de comportement vis-à-vis de cet animal qui fait beaucoup en matière de corvée pour les populations.

On l’a découvert lors du festival sur le Niger 2021. Elle se limite au festival ?

Pas du tout. Au niveau de notre direction régionale à Ségou, les plateformes sont disponibles pour les voyageurs qui aimeraient faire un tour sur les charrettes.

Beaucoup d’artisans disent être en difficulté à cause de la baisse de la clientèle, notamment internationale. Quel message pour rassurer ces derniers ?

Les difficultés des artisans sont connues. Nous avons récemment organisé, sous l’égide du département en charge de la culture, de l’artisanat et du tourisme, une série de séminaires qui ont mobilisé toutes les parties prenantes, les artisans inclus. L’objectif étant de faire un diagnostic, identifier les difficultés mais proposer surtout des solutions. Beaucoup de propositions par rapport aux activités et mesures d’accompagnement, ont été fait, et on espère que l’activité artisanale se portera mieux dans un futur proche. En tant que malien, nous devons être le premier moteur de notre propre économie. Consommons malien. La consommation des produits artisanaux au niveau national est un coup de pouce pour nos artisans. C’est important.

Source : Benbere

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