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Session spéciale de la Cour d’assises de Bamako : En prison pour cupidité

Lorsque son activité commerciale a périclité, le jeune homme a décidé d’intégrer un groupe terroriste. Ce qui lui a coûté très cher

H.H, la vingtaine, a été jugé par la Cour d’assises pour acte de terrorisme. L’affaire s’est déroulée, il y a quelques années alors que les terroristes avaient pignon sur rue sur de nombreuses localités du Septentrion malien.

Ce jeune de nationalité nigérienne avait été motivé par l’appât du gain pour rejoindre des groupes terroristes qui combattaient l’armée régulière de notre pays. Les faits qui ont motivé son renvoi pour être jugé en Cour d’assises remontent en 2017.

Comme nombre de jeunes de son âge, qui n’ont pas pu continuer leurs études, ou qui sont passés par des écoles coraniques sans succès, H.H s’était lancé dans le commerce. Au début, ses affaires marchaient relativement bien pour lui. Ainsi, il parvenait à joindre les deux bouts sans grande difficulté du point de vue financier.

Les activités commerciales étant ce qu’elles sont, il est arrivé un moment où le garçon a connu des difficultés pour tenir. Le temps passait, et il ne voyait plus le bout du tunnel, bien au contraire, il s’enfonçait de jour en jour au point qu’il décida de fermer boutique. C’est au cours de cette traversée du désert qu’il a été approché par une connaissance. Ce dernier s’est portée volontaire pour le secourir dans le but de le sortir de la mauvaise passe dans laquelle il s’est subitement retrouvé.

L’ami lui a proposé d’intégrer un groupe de combattants qui s’évissait dans une des localités au nord du Mali. Cet ami a mis tout son poids dans la balane pour convaincre le jeune commerçant en le faisant espérer sur d’énormes retombées financières dans sa caisse, s’il acceptait sa proposition. Après quelques temps de réflexion, le commerçant en faillite a accepté de s’engager dans un des groupes terroristes qui écumaient dans cette partie de notre pays.

Il y a adhéré avec la conviction que son futur salaire lui permettrait de renflouer ses caisses et de relancer son activité commerciale.

Une fois qu’il a pris contacte avec le groupe de combattants de son choix, la hiérarchie lui a fait savoir qu’il devait percevoir mensuellement un salaire de 50.000 Fcfa. Mais, il l’ont fait savoir qu’il devait se consacrer uniquement aux travaux domestiques et non au combat sur le terrain.

Un jour, les terroristes ont senti l’imminence d’une attaque de la force Barkhane. Ils ont ainsi décidé de changer de site pour un autre qu’ils avaient jugé plus discret, et où ils pouvaient combattre sans grande crainte.

Le groupe de terroristes a décidé de plier bagages pour la localité de Tanbamkort (Cercle de Gao). Au cours de ce déplacement, le convoi du groupe a été aperçu par les éléments de Barkhane. Le temps que les alliés de nos forces armées ne procèdent à une frappe, les combattants terroristes se sont dispersés dans la nature. C’était la débandade et le sauve qui peut. Dans la confusion totale, H.H a été capturé par Barkhane, alors qu’il ne savait plus où aller. Il a été désarmé et transféré à Bamako via Gao.
Il s’est retrouvé entre les mains des juges du pôle judiciaire spécialisé qui ont requis l’ouverture d’une information judiciaire pour des faits d’appartenance à un groupe de combat intentionnellement en relation avec une entreprise terroriste, d’actes de terrorisme par détention, port d’armes et de munitions de guerre

à son interrogatoire sur le fond devant le magistrat instructeur, l’inculpé a reconnu avoir rejoint le groupe terroriste concerné pour y travailler en connaissance de cause. Il n’a pas non plus nié le fait qu’il a été capturé, alors qu’il détenait une arme de guerre de type AK47 avec chargeur et munitions.

Toutefois, le mis en cause a nié être le propriétaire de l’arme qu’il attribue à un de ses camarades combattants. Suivant la même logique, l’inculpé a nié l’accusation d’acte de terrorisme. Pour convaincre la Cour sur ce passage, il a expliqué qu’il ignorait ce que le groupe, qu’il avait intégré, faisait. Il a ajouté qu’il ne savait pas manier une arme. « Je ne sais même pas comment manier une arme, à plus forte raison l’utiliser », s’est-il défendu bec et ongle.

Pour éclairer la lanterne de la Cour, l’inculpé a détaillé qu’il travaillait avec des gens en brousse, alors qu’il ignorait tout de leur nature. Pis, il dit avoir travaillé pour eux durant plusieurs semaines sans avoir reçu le moindre Kopeck comme salaire mensuel.

Les jurés avaient une autre idée sur le jeune homme et son groupe de combattants. De l’avis des juges, ce groupe de combat encore non identifié, serait basé dans les environs Tanbamkort au niveau de la frontière Mali-Niger et a pour missions de commettre des assassinats, des tortures, vols, pillages et autres actes de terrorisme. C’est ce qui a d’ailleurs conforté les jurés dans leur idée relative à l’infraction citée plus haut. Pour appuyer cette idée, les juges ont estimé que l’arme que l’inculpé portait au moment de son arrestation, lui appartenait.

Dans l’analyse des faits, le ministère public n’est pas allé par le dos de la cuillère. Il a sollicité la Cour de maintenir l’accusé dans les liens de culpabilité. Au même moment, l’avocat de celui-ci a eu une autre idée de cette réquisition du défenseur des citoyens. Il a soutenu que son client a été victime d’un phénomène qui a été importé chez nous. Pour le conseil, son client a été contacté par un démarcheur des groupes terroristes pour être leur domestique.

Puis, pour soutenir cette idée il a fait croire que son client a été interpellé, lorsqu’il cherchait de l’eau pour son travail. Sinon, selon lui, il n’a jamais appris à manier une arme. Donc, il ne l’a jamais utilisée. Partant du fait que l’inculpé n’a rien nié à la barre, selon l’avocat, celui-ci a demandé aux jurés de ne pas le voir comme un criminel, mais comme un individu qui cherchait à nourrir sa famille, même si la façon de le faire est maladroite, a-t-il plaidé.

En réponse aux questions résultantes des débats, l’accusé a été reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. Au même moment, la Cour a écarté toutes circonstances atténuantes en sa faveur.
Dans sa délibération, elle a retenu toutes les charges contre l’accusé. Celui-ci a écopé de la réclusion criminelle à perpétuité, assortie du paiement de dix millions de Fcfa d’amende. à cette condamnation, s’ajoute une autre : cinq millions de francs Fcfa comme dommages et intérêts pour l’état malien.

Yaya DIAKITÉ

Source : L’ESSOR

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