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Serval : objectif final : Une base française à Tessalit

Entre Bamako et Paris, la finalité de l’opération Serval se dessine-t-elle ? On est tenté de répondre par l’affirmative, avec la décision française d’ouvrir une base militaire à Tessalit, localité située au nord du Mali. Et du coup, la France réalise un vieux rêve : s’installer militairement au Mali et dans le Sahara. Et le pouvoir de Bamako compte plus que jamais sur le soutien de Paris…pour gouverner.

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Ce n’est qu’un secret de polichinelle : la France rêvait d’une présence militaire au Mali, précisément à Tessalit. Jusqu’ici, toutes les démarches et pressions en direction de Bamako s’étaient soldées par des échecs. Mais aujourd’hui, les données ont changé entre les deux pays. Et l’invasion de la meute de djihadistes et de narcotrafiquants, qui ont investi le nord du Mali, a ouvert la voie à la France pour intervenir, puis s’implanter durablement dans cette zone, hautement stratégique.

 

 

En réalité, l’intervention française s’achemine (finalement) vers l’ouverture d’une base militaire avancée à Tessalit. Les nouveaux accords de défense, dont la signature était prévue le 20 janvier dernier, contiennent cette décision. Une décision déjà arrêtée par les deux parties. Reste donc à attendre la signature (officielle) de ces accords pour divulguer ce qui n’est plus un mystère.

 

 

En effet, les Français ont déjà pris pied à Tessalit. Ils l’ont fait solidement. Un officier malien témoigne : « la quantité de matériels militaires et d’autres types de matériels acheminés par eux (les Français) à Tessalit prouve qu’ils ne sont pas venus pour repartir de sitôt… Dès le départ, les Français avaient un agenda caché aux Maliens…Ils sont venus en sous marins ».

Quinze mois après le déclenchement de l’opération Serval, Paris a presque atteint tous ses objectifs. Les djihadistes sont vaincus, presque tous les otages français ont recouvré la liberté. Cerise sur le gâteau : l’ensemble du Mali (de Bamako à Kidal) est désormais dans un dispositif militaire et sécuritaire entièrement contrôlé par les Français (militaires, agents de sécurité et de renseignements). Notre officier ajoute : « A Bamako, on les voit partout. Même les endroits les plus stratégiques de la capitale et du département de la Défense sont grandement ouverts aux Français… ». Pour l’officier, un tel scénario était inimaginable il ya seulement trois ans. Mais aujourd’hui, les Français ont accès à tout et ils contrôlent tout.

 

 

A ce tableau, seule manquait l’ouverture d’une base. Et le choix de Tessalit n’est pas fortuit. Selon des observateurs, cette localité a une grande importance géostratégique. Les Français le savent mieux que quiconque.

 

 

Pas du goût des Algériens…

Autre raison : il existe de gros enjeux sécuritaires et économiques dans cette zone, le Sahara : présence de groupes armés, trafics en tous genres, sous sol riche en ressources minières. D’où la décision de la France de s’y installer définitivement et confortablement.

 

 

Toutefois, la présence française à Tessalit n’est pas du goût des Algériens. Selon notre confrère Jeune Afrique, la décision française (ouverture de sa base) ne sera officialisée tant que le ministre de la défense, Jean Yves Le Drian, n’en aura pas informé son homologue algérien de vive voix lors d’un déplacement à Alger. « Il s’agit pour la France d’y mettre les formes et la manière pour éviter toute fâcherie avec l’Algérie qui facilite actuellement le ravitaillement des troupes françaises présentes dans le nord du Mali à partir de son territoire », précise JA.

 

Malgré tout, l’implantation d’une base française dans la zone n’est pas du goût des Algériens. Elle confirme même des soupçons exprimés à Bamako par des diplomates algériens. Ceux-ci, après le déclenchement de l’opération Serval, le 11 janvier 2012, avaient émis des doutes sur la sincérité de cette intervention française au Mali. Comment expliquer qu’en quelques heures, la France ait pu subitement mobiliser toutes ses forces (aériennes et terrestres) pour agir aussi rapidement ?, s’interrogeaient les Algériens. Qui indiquaient, à l’époque, que l’opération Serval avait en réalité été planifiée de longue date…Et que les Djihadistes et leurs complices du Mnla ont fourni le bon prétexte à la France.

 

 

Aujourd’hui, de nombreux Maliens épousent cette thèse et critiquent ouvertement l’intervention française. Le blocage de la situation à Kidal, les passe-droits accordés aux membres du Mnla, l’indifférence des Français à l’égard des groupes armés qui contrôlent Kidal… ce sont là autant « d’ingrédients » qui assaisonnent actuellement le « menu pimenté » du nord du Mali. Dans un tel contexte, l’ouverture d’une base française, à Tessalit, risque d’être mal comprise par une opinion malienne très remontée.

 

 

Alors, Serval était-elle un judicieux prétexte pour les Français ? Nombreux sont, aujourd’hui, les Maliens à le croire.

 

 

C. H. Sylla

SOURCE: L’Aube

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