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Sécurité et souveraineté alimentaire au Mali : pourquoi jeter de l’argent par la fenêtre ?

A partir du moment où tous les grands projets de sécurité alimentaire ont échoué et ont même souvent occasionné des externalités négatives, l’Etat doit-il continuer à jeter de l’argent par la fenêtre ? Actuellement, 15% du budget national sont affectés à l’agriculture sans l’abandon de la politique agricole néo-libérale.

 recolte riz magasin stock office niger niono

Nous partons de la triste réalité que les planifications, en général et celle de l’agriculture, en particulier sont en panne au Mali. Voire dans la quasi-totalité des pays africains. 15% du budget de 1500 milliards de Franc CFA par an, c’est environ 225 milliards par an. C’est donc une coquète somme qui peut servir sous certaines conditions indispensables.

Je défie quiconque de me démontrer que les différents programmes étatiques de sécurité alimentaire induisent des impacts durables d’augmentation de la production générale et de la production agricole (Agriculture au sens large).

Nous partons des constats amers suivants :

-Tous les grands projets de sécuritaire alimentaire ont échoué et ont même souvent occasionné des externalités négatives.

Ils vont vous parler des opérations de développement depuis l’indépendance qui ont détourné les idées des paysans vers des systèmes de production inadaptés. La richesse du bétail après la crise de 1973 a connu une diminution  par des chercheurs amateurs. Lesquels n’ont eu à produire  aucune espèce qui dépasse la productivité des espèces locales de façon significative et durable.

A cet effet, rappelons les méfaits de quelques grands programmes comme le PNVA (Programme nationale de vulgarisation agricole), quel gâchis ! C’était il y a quelques années. Ce programme qui a fait la pluie et le beau temps des agents d’encadrement  a eu pour résultats : néant ! De même, c’est pire pour le financement sous prêt banque mondiale du PASOP (Programme d’appui aux services et organisations paysannes). Ironiquement traduit : « Partager sans oublier le paysan), c’est un programme avec plus de 60 milliards de FCFA qui n’a eu qu’un résultat  néfaste !

En considérant le programme en cours : le PCDA (Programme de compétitivité et de diversification agricole), sous financement de la banque mondiale (qu’ils savent comment faire des mutations  d’appellation. Sinon, ce sont les mêmes programmes.), vous verrez apparemment des actions spectaculaires. Alors qu’en réalité,  ça n’est que du grand bluff !

Système goutte à goutte, magasin de stockage de produits maraichers, transformation agroalimentaire, interprofession …. Pour le non initié c’est extraordinaire de voir ces concepts et projets dont les ruses sont sous traitées avec le paysan complice qui vous dira que sa production et son revenu ont doublé grâce à ces projets.

Comme le colonisateur, ils ont attaqué la mentalité, l’imaginaire du paysan, (bien sûr de certains paysans !). Quel l’impact de l’initiative riz-céréales, pertinent mais très mal gérée, car les marchands de ruse sont plus nombreux que les paysans réels et agents de mérite agricole. Ils vous diront qu’on peut avoir accès au marché européen en signant les APE (Accord de partenariat économique).

Attention danger ! Puisque : l’oignon hollandais moins cher endettent les producteurs d’échalote du pays dogon et de la zone office du Niger ; la banane des pays voisins ou du Maroc fait pourrir celle de notre pays (dans la zone Office du Niger, à  Kolongotomo) ; le riz thaïlandais en vente chez nous, permet d’écouler le surplus de production de ce pays par conséquent inhibe l’augmentation de  la productivité du riz à l’office du Niger. Eux sont à plus de 10 tonnes par hectare et nous, nous nous réjouissons avec 4 tonnes par hectare, bluffés à 6T/ha. Le marché est trop libre et favorise l’accès  des multinationales aux marchés les plus locaux.

-Il n’existe pas une véritable politique de recherche de développement au Mali.

Vous allez entendre dans ce monde les mots docteur, professeur, expert etc. Ils ont à peu près des équivalences chez les paysans expérimentés de Molobala, qui peuvent diriger l’APCAM, voire le Mali si le fétiche importé (Démocratie) ne constituait pas  la seule règle de jeu. Ils font de la sublimation du néophyte ou du profane,  mais au fond il n’en est rien. Oui il y a cet ancien machin qu’on appelait IER (Institut d’Economie Rurale) qui n’avait  jamais battu le paysan Bacary TOGOLA, apolitique. Ils ne vous parleront que de la recherche, la méthodologie, la « fixité », les croisements. Mais jamais un résultat adopté par un paysan. Ils classent les paysans comme récalcitrant à l’enseignement de la vulgarisation agricole mais qui n’est pas récalcitrant à la vaccination au virus du SIDA ?

OGM, non au Mali !  Mais,  déjà au Mali par les multinationales qui financent les instances de recherche agricole empiètent sur les voyages des chercheurs locaux. Mon cousin me dit qu’ils manquent de moyens de recherche, mais ils ont quand même les moyens intellectuels de dire la vérité aux décideurs et aux paysans ? Parmi les nouveaux riches au Mali : après peut-être le milieu des finances, arrive en second celui de l’encadrement du monde rural. Témoins, les villas des luttes antiacridiennes par les ventes des pesticides périmés ou non, …

Arrêtons donc cette option néolibérale de la recherche, financée par les libéraux eux-mêmes. Vous savez pourquoi la pomme de terre est si chère au Mali ? C’est tout simplement parce que le Mali importe les semences, surtout de la France.

-Il n’existe pas une politique de vulgarisation agricole au Mali.

Le PASAOP devrait privatiser la vulgarisation agricole au Mali en les transférant à des ONG ou bureaux d’études. Mais l’opposition des agents de l’agriculture a été tellement forte à travers leurs actions sur les partis politiques que l’idée a été abandonnée au profit d’une vulgarisation de façade. Ils ont créé l’association des utilisateurs des résultats de la recherche. Mais sans résultats significatifs, pas  d’utilisation ?

-Les bonnes expériences et pratiques ne sont jamais répliquées mais désavouées sous l’emprise.

Un complexe de supériorité a atteint les techniciens de l’encadrement agricole. Ces derniers ne veulent plus suivre les ONG,  lesquelles font souvent mieux qu’eux. Ainsi, ces techniciens ne font que prolifèrer des menaces en brandissant des textes législatifs.

La banalisation du savoir-faire local

Organiser un test de performance entre un Ingénieur ou un technicien de l’agriculture pour pratiquer un greffage ! Le résultat est connu d’avance. C’est la chaleur, le vent, les champignons qui vont faire échouer l’œuvre du savant et ce sont les mêmes éléments qui vont faire réussir celle du paysan de Siratintin. Ils sont formés dans les grandes écoles libérales du Nord, répliquées au Sud sans discernement.

Le nom ‘’sécurité alimentaire’’ en Afrique n’est pas  une question de moyen, encore moins de budget national mais d’option et de stratégie. Tout çà s’arrêtera quand les peuples (paysans) prendront leur responsabilité, c’est-à-dire  les pouvoirs.

SDF

Source: Le Canard de la Venise

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