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Science : Comment les mathématiques changent le monde

A la minute même de l’annonce, l’édition anglaise de Wikipedia vient d’ajouter une ligne historique à l’entrée “Médaille Fields”. Une femme a enfin reçu l’équivalent du Prix Nobel pour les mathématiques, qui est remis tous les quatre ans. Maryam Mirzakhani est tout un symbole : née à Téhéran en 1977 (l’année de l’élection de Jimmy Carter) elle reçoit sa thèse d’Harvard en 2004, et enseigne aujourd’hui à Stanford. Elle est est récompensée pour ses découvertes sur les surfaces de Riemann.

 

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Le premier des quatre lauréats à être annoncé et à recevoir la médaille des mains de la Présidente de la République de Corée Park Geun-hye est le Franco-Brésilien Artur Avila, sans doute le dynamicien le plus prolifique aujourd’hui. Signe des temps, il est le premier lauréat de nationalité française à ne pas avoir étudié à l’Ecole Normale Supérieure. Les deux autres lauréats sont Manjul Bhargava pour ses travaux en géométrie des nombres et Martin Hairer pour ses contributions aux équations différentielles aux dérivées partielles stochastiques.

Même si tous ces travaux peuvent sembler ésotériques ils consacrent aujourd’hui le domaine encore largement inconnu des systèmes dynamiques et des systèmes complexes, auquel Paul Bourgine de l’Ecole Polytechnique a consacré pour le 21ème siècle un vaste Unitwin (le réseau de jumelage universitaire de l’Unesco) qui s’étend sur tous les continents. Pourquoi les mathématiques sont en fait aussi essentielles à notre vie, notre société et notre économie ? Pourquoi est-il tout à fait normal que la chef de l’état Coréen se présente en personne pour inaugurer le Congrès International des Mathématiciens, en grande pompe et avec une sécurité renforcée au COEX (Palais des Congrès) de Gangnam ?

Si elles sont sources de beauté et d’émerveillement, les mathématiques sont aussi plus prosaïquement une source exceptionnelle de développement économique. Sans aucun matériel ni expérimentation coûteuse, en n’utilisant que son esprit, un papier et un crayon, le mathématicien change silencieusement le monde, et génère accessoirement des centaines de milliards de dollars de valeur économique in futurum. Les mathématiques sont de très loin la discipline scientifique où le levier de productivité est le plus immense, mêmes si leurs retours sont massivement globaux (donc difficiles à accaparer). Si Turing pesait déjà décisivement dans la victoire alliée de 1945 les mathématiciens peuvent aujourd’hui changer la donne dans virtuellement n’importe quelle activité, organisation ou problématique de l’humanité, des embouteillage à l’espace en passant par la politique, la diplomatie, et bien sûr l’informatique et la cybersécurité, qui dépendent du fascinant problème encore ouvert “P=NP ?” auquel contribue le Prix Nevanlinna d’aujourd’hui, Subhash Khot.

Si la Corée a sorti le grand jeu pour montrer tout l’intérêt politique et économique qu’elle porte aux mathématiques, les pays africains se fédéraient juste hier pour en faire autant (au symposium MENAO qui se tenait au même endroit) car les mathématiques sont certainement le meilleur outil de développement technologique pour ce continent. De Park Geun-hye à Paul Bourgine, beaucoup de gens l’ont déjà compris.

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