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Scène politique nouveau : Faire sortir les partis de la posture démagogique

L’URD et le PARENA sont aujourd’hui  des rares partis de l’opposition à clarifier, par des données quantifiables, le contenu de leur programme.

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Il sort des sentiers battus des «généralités» ou des «grandes lignes» des plates-formes déjà connues pour entrer de plain-pied dans le cycle des propositions concrètes, qui permettront aux citoyens d’apprécier les différences en matière de pertinence sociologique, et parfois scientifique, qui existent entre son projet et celui des autres formations. Ils y vont secteur par secteur, pour exprimer rationnellement  leur volonté d’apporter les solutions aux problèmes qui se posent à la société, et par là même, leur vision pragmatique pour réaliser les grands changements que tout un chacun attend.

Une telle démarche, si elle est érigée en règle fondamentale ailleurs, pour rendre plus lisible la rivalité politique, est en soi une nouveauté chez nous dans la logique du combat que mène l’opposition démocratique pour affirmer sa discordance avec les thèses du Pouvoir, pour montrer surtout que les idées qu’elle défend sont plus proches des aspirations citoyennes et plus progressistes concernant les impératifs du développement économique, social, culturel…

Et c’est pour cela qu’elle devient très intéressante pour mesurer  les engagements des uns et des autres, avec cette particularité de libérer le paysage politique de ses scories, de son côté superflu et de sa dimension démagogique.

Du bétail électoral à tout prix

Il faut dire que la classe politique dans son ensemble a habitué les maliens, à la veille de chaque élection, à la présentation de programmes qui ne sont autres qu’un relevé de vagues orientations populistes, pour tenter de convaincre l’opinion mais de manière très superficielle, voire très schématique.

On y trouve de tout dans ces plates-formes, aussi bien chez les partis représentants du Pouvoir que chez les formations parasitaires, qui énoncent, elles aussi, des défis et des objectifs qu’elles ne pourront jamais atteindre. Tout le monde s’engage à renforcer le processus démocratique, à préserver la cohésion nationale, à défendre l’idéal républicain, la liberté d’opinion et de la presse, à améliorer les conditions de vie des citoyens, à consolider l’indépendance de la justice, et tutti quanti.

Des slogans qui s’introduisent de facto comme un leitmotiv dans les préambules des campagnes électorales, mais qui, à force d’être ressassés sur la même tonalité électoraliste par toutes les chapelles politiques, des conservateurs aux modernistes, en passant par les extrêmes, finissent par perdre tout leur sens.

Des slogans creux, qui n’ont généralement aucune prise sur la réalité du terrain, et qui dépassent souvent outrageusement les ambitions affichées et les capacités matérielles et doctrinales pour les concrétiser. La raison est que les partis en compétition, soit pour la conservation de leurs positions dominantes, soit pour la conquête de parcelles de pouvoir, n’ont jamais été mis dans la situation de rendre des comptes avec précision sur la fiabilité de leurs engagements et promesses, et donc d’expliciter sur la base d’arguments mesurables les objectifs qu’ils veulent atteindre au-delà du patriotisme étroit qui les anime et qui semble suffire à leurs chimères.

Une politique politicienne

Combien seront-ils à croire le RPM, le  parti des caciques, quand il promet par exemple d’approfondir le processus démocratique  ou de garantir l’indépendance de la justice ? Combien seront-ils à croire le PASJ, quand il abonde dans le même sens, avec un excès de zèle que les maliens ne peuvent plus supporter ? La vérité est que ces deux «béquilles» du pouvoir font exactement le contraire de ce qu’ils avancent dans leurs programmes respectifs.

Ce sont les plus prédateurs de la démocratie qui plaident pour la… démocratie! Forts du soutien des structures de l’État, ils ne se sentent, en outre, même pas obligés, par respect de la relation qu’ils ont avec le public, d’aller dans les détails chiffrés pour vendre leurs produits, lorsqu’ils ont la garantie que la course est gagnée d’avance. Pourquoi en effet s’encombrer de propositions irréalisables quand l’urne est assurée d’être bien remplie ?

Derrière cette façade peu reluisante, où les deux grands partis qui animent la scène politique nationale font illusion, l’embrouillamini qui caractérise les petits partis parasitaires est encore plus dramatique. Pour s’afficher, on fait les promesses les plus inimaginables, même si on sait que cette façon de faire de la politique cause des dommages énormes à la vie politique nationale. Au demeurant, si on compare les tendances partisanes chez nous avec celles des pays avancés, on s’aperçoit qu’un programme explicité dans ses moindres propositions est une règle incontournable pour une formation politique qui veut s’attirer les faveurs des électeurs.

Partout où ils vont, les leaders des partis ou leurs porte-voix sont constamment soumis au feu des questions qui portent sur la manière et les moyens mis en œuvre pour la réalisation de leurs projets, tout en veillant à ne pas désagréger les deniers publics. Les compétiteurs doivent affronter le public et les journalistes avec des convictions et des arguments solides et maîtrisables pour défendre leurs promesses électoralistes, au risque, s’ils ne sont pas bien préparés, de mettre en jeu leur crédibilité et donc leur avenir politique.

Cette race de partis qui se mettent toujours à la place de leurs électeurs avant de les interpeller, qui viennent avec la conviction de construire sur du solide, nous manque au Mali. Il n’y a qu’à voir comment sont menés les débats politiques sur nos écrans publics ou privés, pour s’apercevoir qu’en matière d’approche politique, le retard est énorme chez nos formations.

Et cette carence «professionnelle» est même perceptible au niveau des médias, qui ne poussent jamais leurs interlocuteurs dans leurs derniers retranchements pour connaître la vérité. Un représentant beau parleur, bon manieur de la langue de bois et qui annonce des paris non vérifiables passe souvent l’examen médiatique sans encombre. Il faut donc apprendre à mettre mal à l’aise les partis politiques pour les sortir de leurs postures démagogiques. L’URD et le PARENA ont donné le ton. Leurs propositions sur la presse sont d’un réalisme réconfortant. Il mérite d’être suivi.

Youssouf Coulibaly

Nouveau Réveil

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