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Sans Tabou: où est passées les défenseurs des femmes ?

Le jeudi dernier, le Mali à l’instar de la communauté internationale, a célébré la journée internationale de la lutte contre la violence faite aux femmes en période de conflit (19 juin). À part WILDAF-Mali et quelques associations qui ont animé une conférence de presse, les gourous de la société civile ont observé un silence total.

Femme enfant pleure violence

Pourtant, ils étaient plusieurs dizaines à battre le pavé pour clamer, sous un soleil de plomb, justice à l’endroit de Mme Fall Kamissa Sissoko froidement assassinée par son conjoint, dans la nuit du 23 janvier dans une rue de ACI 2000, et Mariam Diallo, tuée elle aussi, une année avant, par son époux à Baco-Djicororni ACI. Ce jour-là on pouvait lire sur les banderoles : « Tape sur un tam-tam, pas sur ta femme », « Hommage à Mariam et à Kamissa ». On se souvient encore du Mouvement halte aux violences faites aux femmes qui clamait : « Nous décidons de dénoncer, de dire tout haut ce qui se cache dans les familles, dans nos familles ; disons non ! Non à cette barbarie, non à cette lâcheté ; demandons à nos autorités de prendre leurs responsabilités afin de prescrire cette barbarie comme criminelle. Pour les cas en cours et ceux à venir, la Justice doit donner des sentences exemplaires, dissuasives, nous demandons à nos parents, nos familles de ne plus cautionner, sous aucune excuse sociale, ces actes brutaux et criminels… ».
Malgré de nombreux crimes de violences commis à l’encontre des femmes, ces dernières années, dans notre pays, le 19 juin, dédié à la lutte contre les violences sexuelles, à travers le monde, allait passé inaperçu, n’eût été cette conférence de presse de WILDAF-Mali. En effet, les chiffres sur ces violences faites aux femmes sont très accablants. Ils sonnent comme une interpellation à l’endroit des autorités et des organisations de défense des droits de l’homme et particulièrement de la femme pour que justice soit faite.
La preuve, le 12 novembre 2014, une plainte a été déposée par WILDAF auprès du Tribunal de Grande Instance de la Commune III de Bamako avec constitution de partie civile pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre au nom de 80 femmes et filles victimes de viols et d’autres formes de violences sexuelles commis lors de l’occupation du Nord Mali par les groupes armés. Outre cette plainte, l’ONU-femmes a révélé qu’au Mali, 353 femmes ont été victimes de violences conjugales en 2014 et 603 femmes ont subi ces mêmes violences en 2015. Mais ces femmes vivent leur mal en silence et n’ont que leurs yeux pour pleurer. Abandonnées à leur triste sort, ces femmes font l’objet de stigmatisations et d’autres traumatismes.
Outres cet acte de WILDAF-Mali et ces informations données par ONU-Femmes, nous avons d’autres femmes qui ont subi des humiliations plus graves, qui ruminent leur sort au fond de leur case. Parmi celles-ci, on peut citer le cas de cette femme qui a été lapidée à mort à Aguelhok, le 29 juillet 2012, par des islamistes d’Ansar dine, alors qu’elle allaitait encore son enfant de 6 mois quand ses bourreaux la trainaient à la place publique pour être lapidée sous les yeux impuissants des populations sommées d’assister à un spectacle aussi odieux, les fusils braqués sur elles.
Avec tous ces dossiers, comment ces organisations de défense des droits des femmes peuvent-elles chômer ? En tout cas, ce 19 juin, décrété Journée mémorielle pour les femmes victimes en période de conflit, les nombreuses organisations et associations de défense des droits des femmes ont fait profil bas ou du moins que les activités menées étaient bien loin des attentes.
Il est important de savoir que la dame lapidée à Aguel’hoc est la première victime d’exaction d’une telle gravité inouïe de l’histoire de notre pays et mérite bien d’être inscrite en lettre d’or dans les livres des combattantes pour la défense des droits des femmes. Malheureusement elle est en passe de tomber dans les oubliettes.
Malgré tous ces crimes qui attendent d’être jugés et le nombre important d’organisations féminines de défense des violences faites aux femmes, les 19 juin ne doivent, en aucun cas, passer inaperçus dans notre pays comme si tout allait mieux dans un monde meilleur pour que les associations de défense de femmes démissionnent de leur mission.

Christelle KONE

 

Source: info-matin

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