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S.T. s’enfuit en France pour sauver sa fille : L’excision a de beaux jours devant elle au Mali

Depuis plusieurs années, les acteurs de la lutte contre l’excision mènent des campagnes pour bouter la pratique. Des progrès significatifs sont certes observés, et même des lois ont été votées pour abolir la pratique dans certains pays tels que le Burkina Faso et le Sénégal. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt., au Mali l’excision continue ses ravages, il n’y a aucune loi interdisant la pratique. Alors sans défense face à sa communauté qui fait de l’excision une question d’honneur et de dignité, S.T. par des voies détournées a pris la tangente jusqu’en France, aidée en cela par son mari. N’est-ce pas scandaleux le nombre de victimes innocentes et les préjudices causés aux femmes ?

pratique excision Mali

 

 
Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’excision, également appelée Mutilations Génitales Féminines (MGF), recouvre  » toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou autre lésion des organes génitaux féminins pratiquées pour des raisons non médicales « .
Pour certains,  l’excision, en prévenant le désir sexuel, empêcherait les expériences sexuelles prénuptiales puis les relations adultérines, garantissant ainsi l’honneur de la famille et du mari. Par ailleurs, dans de nombreuses sociétés pratiquant l’excision, il est commun de penser que les hommes n’épouseront que les femmes ayant subi l’intervention. La volonté d’un mariage conforme aux convenances, indispensable pour la sécurité économique et sociale ainsi que pour satisfaire les idéaux locaux en matière de maternité et de féminité, peut expliquer la persistance de la pratique.
Pour d’autres, pratiquer l’excision permettrait de perpétuer une tradition et de protéger une identité. Par exemple pour certaines couches sociales au Mali, la pratique est intégrée aux rites de passage à l’âge adulte. La pression du groupe social d’origine, et plus particulièrement la pression des anciens, fait que la pratique de l’excision persiste et continuera encore longtemps. En effet, même lorsque les familles sont conscientes des conséquences néfastes des MGF, elles perpétuent la pratique car elles craignent les jugements moraux et les sanctions sociales ; toute personne s’écartant de la norme serait confrontée à la condamnation et à l’ostracisme de la communauté.
Des conséquences dramatiques
Pourtant, l’excision ne présente aucun avantage pour la santé et est préjudiciable à bien des égards. En effet, elle présente des conséquences physiques immédiates. Car l’excision entraîne une douleur intense, accompagnée de peurs, d’angoisses et parfois d’un grave état de choc psychologique. Par ailleurs, la vulve, les lèvres et le clitoris sont des parties du corps très vascularisées et innervées ; l’excision s’accompagne donc de saignements et peut se traduire par une hémorragie parfois grave. Pratiquée dans des conditions d’hygiène souvent précaires, elle est à l’origine d’infections multiples, vulvaires, urinaires et gynécologiques, menant parfois à la stérilité. La diffusion des infections peut s’étendre et générer des septicémies qui, sans traitement adéquat, peuvent évoluer vers la mort.
Aussi, elle présente des conséquences psychologiques. La douleur, le choc et l’utilisation de la force physique par celles qui pratiquent l’intervention laissent de nombreuses petites filles, adolescentes et femmes traumatisées. Certaines études ont révélé une plus grande probabilité de crainte des rapports sexuels, d’état de stress post-traumatique, d’anxiété, de dépression et de pertes de mémoire chez les femmes excisées.
En plus, l’augmentation du risque de saignements au cours des rapports sexuels, qui est fréquente lorsque la désinfibulation est nécessaire, peut accroitre le risque de transmission du VIH.
A cela s’ajoutent des complications obstétricales. Sans une aide appropriée, la femme infibulée et l’enfant qu’elle porte sont menacés de mort au moment de l’accouchement. Par ailleurs, chez les femmes excisées, les déchirures du périnée sont très fréquentes et l’excision est souvent à l’origine de fistules vésico-vaginales ou recto-vaginales (quand une jeune fille excisée accouche pour la première fois, il arrive que le vagin, ayant perdu son élasticité, provoque un éclatement et la mort des tissus séparant la vessie ou le rectum du vagin. C’est la fistule. La femme devient incontinente et perd continuellement son urine ou ses selles par le vagin. Elle est souvent rejetée non seulement par le mari, mais aussi par toute la communauté).
Enfin, l’excision présente des répercussions sur les nouveau-nés et sur la qualité de la vie sexuelle.  Les résultats d’une étude menée par l’OMS sur 28 000 femmes dans différents pays, prouvent que les mutilations génitales des mères ont des conséquences négatives sur les nouveau-nés : les taux de décès périnatal chez les nouveau-nés sont plus élevés pour les enfants des femmes ayant subi une mutilation sexuelle que pour les enfants des femmes n’ayant pas subi de mutilation. Quant à la qualité de la vie sexuelle, l’ablation d’organes sexuels extrêmement sensibles, en particulier le gland du clitoris, peut avoir une incidence sur la sensibilité sexuelle et aboutir à une diminution du plaisir et des douleurs au cours des rapports.
L’on comprend dès lors les ravages causés par l’excision au Mali. Elle continue ainsi son petit bonhomme de chemin au Mali avec ses conséquences désastreuses sur la santé physique et psychologique des petites filles et des femmes, en violation de leurs droits humains comme les principes d’égalité et de non-discrimination en raison du sexe ; de droit à la vie, lorsque l’intervention entraîne la mort ; de droit à ne pas être soumis à la torture ni à des traitements cruels, inhumains ou dégradants ; des droits de l’enfant puisque l’excision est presque toujours pratiquée sur des mineures ; des droits de femmes ; des droits à la santé, à la sécurité, à l’intégrité physique de la personne, et à être protégé contre la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Mais que faire ? Le cas de S.T. témoigne de l’insuffisance des mésures prises contre l’excision. D’ailleurs la pauvre dame est désormais sous ménace de mort car pour les autres membres de sa communauté, elle est la toute première à les défier. D’aucuns affirment qu’elle ne peut fouler le sol du bercail au risque d’être un cadavre de la défiance. D’autres profèrent même des ménaces contre son mari pour sa complicité. Mais après tout, l’excision a de beaux jours devant elle au Mali.
Mamadou DABO

SOURCE: Zénith Balé

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