Robert Mugabe fêtera ses 93 ans la semaine prochaine, assurément dans le faste qu’on lui connaît, et tout indique que si sa santé ne lui fait pas défaut, il sera une fois de plus candidat à la présidentielle de 2018. À vrai dire, même mort et à l’état de cadavre, sa candidature serait selon son épouse Grace Mugabe quand même victorieuse. Oui, oui, même décédé !!!

«Un jour, quand Dieu décidera que Mugabe doit mourir, nous présenterons son cadavre comme candidat sur les bulletins de vote», a lancé vendredi le plus sérieusement du monde Mme Mugabe citée par l’AFP devant des supporters du parti au pouvoir à Buhera (est).

«Vous verrez les gens voter pour le cadavre de Mugabe ! Je suis sérieuse ! Juste pour montrer à quel point ils aiment leur président», a-t-elle ajouté, rappelant la fois où elle avait affirmé qu’elle soutiendrait son époux même s’il devait «se présenter en fauteuil roulant».

Âgée de 51 ans, Grace Mugabe dirige depuis deux ans la puissante et influente Ligue des femmes de la Zanu-PF, le parti au pouvoir. Favorite à la succession éventuelle de son mari, on lui prête depuis un certain temps des ambitions présidentielles qu’elle a toujours niées. Reste que Robert Mugabe présente depuis un certain temps des défaillances physiques évidentes que ses multiples voyages médicaux à Dubaï ou Singapour n’ont fait que confirmer.

Déjà en 2011, WikiLeaks révélait un câble diplomatique américain de 2008 précisant que le dirigeant du Zimbabwe souffrait d’un incurable cancer de la prostate qui lui laissait, au mieux, une espérance de vie d’à peine cinq ans. Malgré ce pronostique peu encourageant et de nombreuses chutes qui ont mis en lumière sa santé dégradante, l’homme fort du pays assure encore aujourd’hui qu’il dirigera la nation au moins jusqu’à ses 100 ans !

Alors Robert Mugabe est-il immortel ? Quand on regarde l’état lamentable du pays, on souhaite que non pour l’avenir des Zimbabwéens. Même si son épouse claironne l’amour du peuple pour son président qui règne sans partage depuis 36 ans, il est permis de douter de cet affection forcée pour un homme qui a considérablement appauvri la nation et dont le pays semble en perpétuelle crise économique.

Robert Mugabe n’a jamais suggéré de nom pour un potentiel successeur, comme si la chose était impossible à envisager, d’où les pronostiques sur une éventuelle candidature de son épouse. Reste qu’on ne peut que souhaiter au peuple zimbabwéen un dirigeant plus éclairé qui saura ramener le pays sur les voies de la prospérité et du rétablissement économique.

Encore faudrait-il que Mugabe quitte le pouvoir. Un départ que seule la mort semble en mesure de provoquer. Mais malgré son étonnante longévité, Robert Mugabe n’est pas immortel. Grand bien en fasse un jour au Zimbabwe !

Jean-Nicolas Saucier