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République du Mali: Où sont passés les électeurs d’IBK ?

Elu avec la confiance de plus de 70% des électeurs, le président Ibrahim Boubacar Kéita doit se sentir aujourd’hui abandonné, à la merci totale de ses adversaires, au moment où il a le plus besoin du soutien et de l’accompagnement de ceux qui ont voté pour lui en 2013.

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Le vote à plus de 70% des suffrages exprimés, en 2013, confère au président Ibrahim Boubacar Kéita la légitimité nécessaire pour exécuter son programme politique. Plus de la moitié des électeurs, tout bord confondu, a fait confiance au candidat « IBK » pour présider aux destinées du Mali, un pays qui traverse un des pires moments de son histoire. La crise politico-sociale provoquée par la rébellion au nord du pays, est un moment douloureux pour le peuple malien.

Pour certains observateurs, c’est la conséquence de l’effritement de l’état de droit au fil des ans. L’avènement de la démocratie au Mali a libéré les libertés individuelles, ce qui provoqua une sorte de liberticide nuisible à l’esprit de la démocratie. Le Malien épris de paix, de justice et de droit est-il mort avec l’avènement du multipartisme et de la démocratie ? Eu égard au nombre de violations à l’éthique, à la dépravation du système politique, on est tenté de le confirmer.

Le coup d’Etat de mars 2012 perpétré par la « bande du capitaine Amadou Aya Sanogo », quoique qualifié d’antidémocratique et anticonstitutionnel, a recueilli un assentiment populaire. Parce que pour bon nombre de Maliens, les idéaux de la révolution de mars 1991, qui ont fait chuter le pouvoir de Moussa Traoré qualifié, à l’époque de « régime dictatorial » d’« anti libertés », ont été détruits sur l’autel des intérêts individuels des hommes politiques. Après la chute de Moussa Traoré, on pouvait noter une sorte d’engouement pour la chose politique et qui se manifestait jusque dans les urnes. Cet engouement s’est estompé, petit à petit, au fur et à mesure que les espoirs du changement disparaissaient, les uns après les autres pour laisser place, aux frustrations de la corruption, de l’injustice, du mensonge d’Etat… Les taux de participation aux différents scrutins allaient de crescendo, parce que l’électeur ne faisait plus confiance à l’homme politique obligé de passer par l’achat de conscience pendant les élections, pour se faire élire ou réélire.

Un vote en faveur du changement

La crise au nord, a mis à nu le système politique malien. Le système de mal gouvernance dans lequel le Mali s’est retrouvé, a fait tomber les fondements d’un Etat fort. La guerre contre le Burkina voisin en 1985, a renforcé le Malien dans ses convictions selon lesquelles, le Mali est une puissance militaire disposant de l’arsenal militaire nécessaire et les hommes qu’il faut pour faire face à n’importe quelle menace. En réalité, le Mali avait une puissance militaire. Mais, qu’est ce que les acteurs du mouvement démocratique, ont fait de cet héritage de Moussa Traoré ? Pour se protéger des « militaires », les pouvoirs politiques ont détruit, jour après jour, cette puissance militaire allant jusqu’à réduire le soldat malien en pauvre mendiant pensant qu’un soldat qui a faim ne peut faire un coup d’Etat.

C’est avec l’attaque des rebelles, en 2012, et la mise en déroute de leur armée que les Maliens ont découvert la réalité des choses. Les soubassements d’une armée forte, ont été détruits. Et, il n’existe plus de commandement militaire. Ou presque. Le « Général héros », n’a fait que poursuivre les chantiers du régime Alpha Oumar Konaré sans prendre en compte les nouvelles formes de menaces que constitue le terrorisme. Il n’a pu rien faire face à la puissance de feu des groupes armés rebelles appuyés par les terroristes.

L’élection présidentielle de 2013 n’avait rien de politique. Les Maliens, dans leur majorité, ont opté pour le changement. Ils ont voulu à la tête du pays quelqu’un qui va mettre de l’ordre et rétablir l’honneur du Mali bafoué. Ce quelqu’un, c’est « IBK » dont le caractère d’homme de poigne, alliant rigueur et travail bien fait allaient, permettre au Mali, de l’avis nul des électeurs, de sortir du « piège du nord ».

Aujourd’hui, l’homme « IBK » peine dans sa démarche et ne semble, a priori, bénéficié du soutien populaire dont il aurait eu besoin en pareilles circonstances. Le dossier du nord est si complexe qu’il ne dépend plus de la seule volonté du gouvernement malien. Pour le décomplexer, il faut un soutien et un accompagnement sans faille, des Maliens, à l’action gouvernementale. Ce qui a manqué jusque-là.

Il est aussi important que ceux et celles qui ont fait confiance au Président Ibrahim Boubacar Kéita, en élisant à la tête du pays, puissent lui manifester leur soutien dans les initiatives de changement qu’il entreprend ou qu’il compte entreprendre. Le changement ne se réalise pas par un coup de baguette magique. Il se construit sur le sacrifice de soi. Le changement, c’est la capacité, pour chaque Malien, de se séparer de ses mauvaises habitudes ; c’est aussi nourrir en soi un esprit patriotique ; le respect des valeurs morales qui fondent l’être humain ; c’est la capacité à mettre son intelligence au service de la nation.

Ceux qui ont voté le changement en 2013, ne doivent pas se laisser voler leur victoire comme cela a été après la révolution de mars 1991. Ils ont voté « IBK ». Ils doivent lui donner les moyens d’aller jusqu’au bout de sa mission.

Tièmoko Traoré

EDITO

L’Etat doit rester fort !

La libération d’un homme inculpé, sous la pression de la rue, n’est pas pour renforcer l’autorité de l’Etat. Au contraire, cela contribue à l’affaiblir. Peut-on construire une nation dans l’anarchie ? « Nul n’est au dessus de la loi », entend-t-on souvent dire. Si cela est vrai, tout citoyen devrait pouvoir répondre de ses actes, devant la justice, tout en bénéficiant de tous ses droits en la matière. Être arrêté ne veut pas dire être coupable. Seul un jugement juste et équitable permet d’établir cette culpabilité. Mais, quand la rue empêche ce jugement, et que l’Etat abdique, il y a lieu de se poser des questions : sommes-nous dans un Etat responsable ? Un Etat fort, est un Etat qui sait prendre des décisions/ poser des actes et les assumer. Mais quand l’Etat cède sous la pression, on parle de manque d’autorité de l’Etat. Cela est préjudiciable pour toute la nation.

La chose et… son contraire !

Les Maliens réclament une autorité que l’Etat semble avoir perdu depuis belle lurette. Sont-ils convaincus que sans autorité de l’Etat, le pays vit dans le désordre ? On ose y croire. Mais, l’affirmation de l’autorité de l’Etat ne va pas sans la restriction de certaines libertés notamment celles qui vont à l’encontre de l’intérêt général. L’état d’urgence n’a pas été respecté par les populations, qui y voyaient une restriction de leurs libertés ; les cortèges lors des mariages sont interdits, mais les Maliens ne comptent pas s’y plier ; des Maliens se sont élevés contre la démolition de bâtiments dans le cadre de la lutte contre le bradage du foncier ; même scénario pour la libération des voies publiques. La journée du mercredi 17 Août a été noire à cause d’une manifestation réprimée dans le sang, parce que des populations ont voulu empêcher un des leurs d’être entendu par la justice. L’affirmation de l’autorité, si nécessaire dans un Etat de droit, ne peut se réaliser sans l’implication des citoyens. Ils ne peuvent vouloir une chose et son contraire.

 

Tiémoko Traoré

Source: Le Pouce

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