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Réintégration: les déserteurs se bousculent

Moins d’un mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali par la dernière partie, à savoir la Coordination des mouvements armés (CMA), certains de ses éléments, anciennement dans les services de l’État, jouent des pieds et des mains pour obtenir leur réintégration. Ce, dans le mépris des dispositions de l’Accord qui met des garde-fous à cette réintégration.

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Impatience, lassitude, précipitation sur le gâteau, les qualificatifs ne manquent pas pour désigner ces combattants qui souhaitent rejoindre leurs anciens services, mais avec un rang supérieur à celui d’avant l’éclatement de la rébellion. Une source rapporte que deux stagiaires des services de la Douane ont rejoint la rébellion en 2012. Leur motivation, ont-ils laissé entendre, était d’obtenir leur intégration avec à la clé un bon grade et leur nomination à des postes où ils pourraient rapidement faire fortune. Exit l’intérêt général. Ce qui compte, c’est eux et leur panse à remplir.

Demandes pressantes

L’on apprend de sources dignes de foi que les téléphones de certains de leurs anciens collaborateurs et chefs hiérarchiques n’arrêtent plus de sonner. Ce qui n’est pas sans surprendre ces derniers qui se demandent par quel tour de magie, ils arrivent à obtenir leurs numéros.

Les déserteurs de l’administration tout comme ceux de l’armée et des corps paramilitaires sont pressés de reprendre du service, à en croire nos sources, et ils le font savoir. L’on apprend que ce sont particulièrement ceux des Douanes qui sont les plus pressants. Le jeu en vaut la chandelle puisqu’il ne s’agit certainement pas du service le plus démuni de la République et qu’il a la bonne réputation d’avoir l’esprit de partage à l’interne.

Il est évident que ces déserteurs sont restés dans les anciens schémas où il suffisait d’envoyer une liste de personnes, des combattants ou non, pour obtenir leur intégration dans les différents corps militaires et paramilitaires. Avec l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, il y a une nouvelle donne avec laquelle ceux qui sont avides d’intégration devront compter. Il est aussi évident qu’il ne saurait être question de disparaître le temps d’une rébellion et de réapparaître pour reprendre son poste comme si de rien n’était. C’est d’ailleurs ce genre de permissivité qui a toujours révolté la majorité de nos concitoyens qui peine à avoir un travail décent alors que d’autres font de ce qu’ils ont ce qu’ils en veulent, selon leur humeur du moment.

L’Accord qui est entré en vigueur précise que ce ne sont pas tous les combattants qui intégreront ce qu’il est convenu d’appeler les forces armées et de sécurité reconstituées. Il ne prévoit pas non plus une réintégration automatique des anciens agents de l’État qui devront se soumettre aux mêmes procédures que leurs compagnons de la rébellion.

L’Accord pour la paix et la réconciliation fait un net distinguo entre l’intégration et le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR).

Il est stipulé à l’article 20 : « l’intégration et le DDR se déroulent au fur et à mesure du cantonnement des combattants pour, soit l’intégration au sein des corps constitués de l’État y compris au sein des forces armées et de sécurité, soit la réinsertion dans la vie civile. Le DDR concernera les ex-­‐combattants cantonnés qui n’auront pas bénéficié de l’intégration ».

La nouvelle donne

Ce qui change aussi, avec l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, est que le cantonnement, l’intégration, le désarmement, la démobilisation, et la réinsertion (DDR) sont précédés de la mise en place d’une Commission nationale créée à cet effet et qu’ils obéiront à des normes préétablies de commun accord des différentes parties (Gouvernement et mouvements signataires).

En ce qui est des normes, l’article 18 stipule : « Le processus de cantonnement des combattants vise à recenser les combattants éligibles à l’intégration ou au programme DDR. Ce processus est mené suivant des normes et pratiques professionnelles établies avec le soutien de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ».

Il faut souligner dans cet article une précision de taille : « les combattants éligibles ». Autant dire que n’est pas pris dans l’armée ou les forces de sécurité qui le veut.

La mise en place de la Commission nationale est prévue par l’article 19 de l’Accord qui stipule : « les Parties conviennent de la mise en place d’une Commission nationale pour le DDR, comprenant les représentants du Gouvernement et des mouvements signataires. Cette Commission travaillera en étroite collaboration avec le Comité de suivi du présent Accord ». Avec une telle disposition, les choses devraient se passer dans les règles de l’art, chaque partie défendant jusqu’au bout sa position et les intérêts qui y sont liés.

Par ailleurs, l’attitude de certains de ceux qui piaffent d’impatience pour leur réintégration au sein des forces armées et de sécurité est pour le moins paradoxale. En effet ont-ils plastronné (montré) que leur combat vise la création d’un Etat dans l’État. En battant de la sorte en retraite, ils administrent la preuve la plus irréfutable qu’il n’y avait aucune conviction dans leur démarche, qu’eux-mêmes ne croient pas à leur machin et qu’ils savent pertinemment que c’est avec la République qu’ils gagnent le plus.

Par Bertin DAKOUO

Source: Info-Matin

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