A la direction de la police des frontières, le supplice des demandeurs de passeports fait frissonner. Au-delà du tableau présenté par les autorités, la réalité au niveau de cette structure, qui encaisse en moyenne 20 millions de F CFA par jour, est des plus scandaleuses.
Si les autorités en charge de la délivrance des passeports jurent avoir instauré des réformes, rien n’est fait pour que les citoyens accèdent au précieux document dans les conditions relativement acceptables.
Ici, environ 400 personnes se présentent tous les matins pour demander un passeport. La direction de la police des frontières communément appelée« Immigration » fait de bonnes recettes. C’est tout le Mali qui est concerné ici. Selon un commissaire de police récemment affecté dans la structure, celle-ci se tape entre 15 à 20 millions de F CFA par jour soit environ 600 millions de F CFA par mois.
Le pied de grue pendant de longues heures
Pour certains demandeurs aucun sacrifice n’est de trop. L’essentiel c’est de décrocher le précieux sésame. L’opération se fait tout de même dans la douleur. Il est 4 h du matin. Nous voilà devant la direction de la police des frontières à l’ACI 2000. Une liste était déjà ouverte par les premiers arrivants. A 7h 30 pile, un autre décor triste et affligeant se présente.
Une grande bousculade commence entre les demandeurs quand le préposé à l’organisation de la structure affirme à gorge déployée qu’aucune liste n’est valable. Une injustice que d’aucuns n’ont pas manqué de dénoncer. Comme quoi, pour se doter d’un passeport au Mali, il faut tout simplement être en bonne santé, être physiquement endurant.
Autre aspect de cette déconvenue, les demandeurs devront braver les maladresses verbales de la horde d’agents du Groupement mobile de sécurité (GMS). Au risque de se faire déloger des rangs. Visiblement en mission commandée, les agents du GMS dictent leurs lois tout en caporalisant les demandeurs de passeports alignés dans des colonnes d’infortune.
Ceux-ci sont cloués au pilori pendant 4 à 5 heures avant l’accomplissement de la première étape consistant au dépôt des dossiers. Le long rang des demandeurs longe les deux angles principaux des murs de la direction nationale de la police.
Ces conditions draconiennes qui sous-tendent la délivrance du passeport poussent certains analystes à prôner sa décentralisation. Aux autorités de prendre toutes les responsabilités y afférentes.
A en croire de chef de la division document de voyage, Arby, « les nouvelles orientations procèdent de la volonté des plus hautes autorités de réorganiser et d’assainir le cadre de délivrance des passeports. L’objectif principal qui sous-tend cette mesure est la restauration de l’ordre et de la transparence dans cette structure hautement fréquentée ».
En tout cas ici à l’Immigration, l’heure n’est pas encore au changement.
Affaire à suivre !
David Dembélé
source : lesechos
