Le premier enseignement qu’on peut tirer de ce recrutement dans l’armée est que « ça ne va pas du tout ».
60 116 dossiers reçus pour 5000 places, cela dénote le niveau élevé du chômage. Mais l’engouement pourrait avoir une autre signification : le sens élevé du patriotisme, une certaine prise de conscience de la gravité de la crise et de la nécessité d’implication des jeunes pour sortir de cette crise. Sauf que cette dernière hypothèse paraît très peu probable aujourd’hui quand on mesure le niveau de citoyenneté dans d’autres domaines. Ce qui nous laisse l’hypothèse du seul manque d’alternative : « Les jeunes n’ont pas le choix, et comme ceux qui se lancent dans les mers et océans, ils sont prêts à mourir pour gagner leur vie ».
De fausses cartes NINA : une alerte pour 2018
Un deuxième enseignement est le degré de corruption dans le pays. En effet, sur plus de 60 000 dossiers, seuls 9273 sont bons, le reste ayant été falsifié, y compris la fameuse carte NINA. Ce qui est une alerte sérieuse dans la perspective des élections générales de 2018. Si on ne peut même plus se fier à cette carte, quel autre document pourrait être considéré comme crédible ?
Une leçon est que les autorités militaires donnent l’impression de n’avoir pas tiré les enseignements du passé. En effet, recruter des futurs combattants dans les grandes villes (comme Bamako, où est prévu le gros du contingent avec plus de 3000 places) reviendrait à recruter de futurs déserteurs, des gens qui ne cherchent qu’à joindre les deux bouts, et non des « combattants dans l’âme », par vocation.
S.H
Source: Le Point