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Rassemblement Pour le Mali : Jusqu’où ira la guerre des clans ?

Décidément le démon ne cesse de hanter le Rassemblement pour le Mali. Miné par un clanisme sans précédent dans l’histoire des partis politiques au Mali qui a maintes fois occasionné  son implosion, l’on s’achemine vers une véritable explosion au sein des tisserands, surtout après la formation du nouveau gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga. Non seulement le choix de ce dernier, considéré comme un homme de main d’IBK, a causé des grincements de dents, mais aussi l’équipe gouvernementale est vivement contestée par un clan supposé opposé au président de la République, accusé d’avoir sorti des ministres jugés compétents, d’avoir donné un quota insignifiant de 7 ministres sur 35 au parti majoritaire. Entre coups foirés, dénigrement, dénonciation et révélations, la guerre des clans fait rage au sein du Rpm au moment où la dernière ligne droite qui mène à l’élection présidentielle de 2018 est empruntée. Pour le malheur d’IBK ?

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Depuis septembre 2013 et l’accession du président Ibrahim Boubacar Kéïta à la magistrature suprême, les tisserands se regardent en chien de faïence et sont minés par un problème de clans qui empêche la mise en œuvre du programme présidentiel.

Cette guerre a commencé seulement deux mois après l’élection d’IBK, lors des élections législatives, et elle est toujours d’actualisée, s’étant même empirée.

IBK-Tréta

Une bataille rangée s’est déclenchée au RPM pour contrôler l’appareil du parti depuis qu’IBK a été investi président de la République. Elle opposait un clan proche d’Ibrahim Boubacar Keïta et le secrétaire général de l’époque, Bokary Treta, soutenu, lui aussi, par une frange de la direction du parti. Qui voulait opposer ces deux personnalités auxquelles le nom du RPM reste intimement lié ?

La guerre de leadership est partie des législatives de 2013 où des membres de la direction du parti des Tisserands étaient farouchement opposés à des candidatures jugées « trop opportunistes ». Celles-ci étaient soutenues par le clan qui se dit proche du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Parmi celles-ci, la candidature d’Abderhamane Niang au poste de président de l’Assemblée nationale a attisé la haine entre les deux clans. Les proches d’IBK qui avaient gagné la bataille du choix du candidat de Ténenkou aux législatives, voulaient rééditer leur exploit en imposant le doyen Niang au parti afin de présider l’Assemblée nationale. C’était sans compter avec la détermination des partisans de Tréta qui n’ont jamais digéré l’échec de leurs candidats face à ceux du clan opposé. C’est pourquoi, lors du choix du candidat à la présidence de l’Assemblée nationale, Tréta et ses partisans avaient mis en avant l’engagement et le militantisme comme critères majeurs. Il fallait barrer la route aux « opportunistes et aux militants de la dernière heure ». Le Doyen Niang était visiblement dans leur ligne de mire. Puisque celui-ci est un ami du président de la République, le clan opposé au Secrétaire général a fait de son élection au perchoir une priorité. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le clan Tréta s’était opposé énergiquement à cette volonté et avait proposé que le président de l’Assemblée nationale soit un militant de souche du parti.  C’est un critère qui exclut d’office Abderhamane Niang.

Au finish, en faisant élire Issaka Sidibé au perchoir, Treta et ses partisans s’imposent face à la volonté des proches du président de la République. Qui auraient considéré cette victoire du clan Tréta comme une offense, mais aussi une vengeance. C’est ainsi qu’ils avaient juré de faire payer au Secrétaire général sa défiance. Le but était d’éjecter le Secrétaire général et ministre du développement rural de l’époque, Bokary Treta, des instances du parti, mais aussi et surtout du gouvernement.

Après cette première bataille, la guerre entre leaders du parti présidentiel se poursuit dans les velléités de se positionner.

 Guerre de positionnement

Des ministres en quête de légitimité ne reculent devant rien pour faire aboutir leur stratagème, au mépris des règles du parti. Trafic d’influence, corruption, népotisme et utilisation abusive des biens de l’Etat, étaient entre autres les méthodes employées par ces caciques du RPM pour plaire à la base.

De Gao à Bamako, en passant par Kayes, Goundam et d’autres localités, le parti présidentiel était en proie à des dissensions internes. Des tendances ont été créées de part et d’autre, par des élus et des ministres RPM. Et chaque clan s’estime très proche du président de la République. Conséquence : il s’arroge le droit de faire et défaire les comités, sous-sections et sections du parti. Des militants et cadres du RPM sont victimes de coups bas et autres menaces de ces ministres qui s’affrontent pour le contrôle du parti.

Exemple concret : En commune V du district de Bamako, deux clans s’affrontaient. L’un adossé à un jeune député et l’autre à un maire adjoint de Bamako. Chacun d’entre eux a pour mentor un ministre du parti. Chaque camp a mis en place une section dont les responsables s’affrontaient devant les tribunaux au vu et au su de la direction du parti.

Les militants RPM se livraient une guerre fratricide jusque dans les coins les plus reculés du pays. Dans ces localités lointaines, les partisans se vantent même d’appartenir aux clans de tel ou tel ministre. Donc, la responsabilité des ministres RPM était énorme dans le déchirement, voire l’explosion en vue du parti présidentiel.

Autre cas pratique : A Gao, les partisans du ministre Bokary Tréta se battaient contre ceux de son homologue Abdoulaye Idrissa Maïga. Chacun met en avant son statut et son rang pour influencer les militants afin de s’offrir leur soutien à l’occasion du congrès du parti.

Dernier exemple : A Goundam, le ministre Mahamane Baby multipliait les contacts, le trafic d’influence et autres gymnastiques pour damner le pion à l’honorable Oumar Traoré, qui a regagné le parti présidentiel après sa victoire aux législatives. Baby, qui n’aurait jamais milité à la base, se positionnait activement pour le poste de secrétaire général de la section de Goundam au détriment de l’honorable Traoré. Mais les partisans de ce dernier ne partageaient pas cette incursion du ministre Baby dans une localité qui lui est totalement étrangère (politiquement).

Les démons de la division étaient prêts à tout pour arriver à leur fin. Même si le RPM devrait en pâtir. La descente aux enfers continuait donc pour le parti majoritaire qui avait annoncé un congrès en mars 2016. Mais l’instance statutaire n’a pu avoir lieu, parce que les dirigeants furent incapables de mettre leur égo de côté.

A cela s’ajoutait l’épineuse question de la gestion des conflits entre anciens et nouveaux militants.

Que dire du cas de ces nombreux opportunistes qui ont regagné le RPM après l’élection d’IBK. Ceux-ci, pour des raisons alimentaires, se sont précipités pour se faire de la place au sein des structures de base du parti. Tout ceci a contribué à créer des déchirures au sein du parti.

Qui pour succéder à IBK ?

A cette farouche guerre de positionnement succède cette autre toute aussi mortelle de la succession du président IBK.

Plusieurs fois manifesté au détour de faits et événements, la guerre pour le contrôle de l’appareil d’Etat a véritablement quand fut, enfin arrêtée la date définitive du 4è congrès ordinaire du parti du tisserand les 22 et 23 octobre 2016. Le RPM était face à son destin. Ça passe ou ça casse ! La faute à un problème de leadership, le parti ayant du mal à trouver le tisserand capable de filer du bon coton pour mériter d’être un successeur d’IBK. Dans ce brouillard, trois noms revenaient dans les couloirs du parti, les coulisses et les médias. Il s’agit de Bokary Tréta et des ministres Abdoulaye Idrissa Maïga et Mahamane Baby. Au vu de sa sagesse, le vice-président et porte-parole du Parti, Dr Boulkassoum Haïdara n’était également pas hors course, même s’il paraissait désavantagé par l’âge.

Dans ce duel, chacun avait ses atouts, ses défauts et ses soutiens. A commencer par Bokary Tréta qui est le point focal de tous les militants à la base, à Bamako comme à l’intérieur du pays. Il le doit au fait qu’il était quasiment devenu le gardien du siège du parti qu’il ne quittait de jour comme de nuit. C’est pourquoi, quand IBK est monté à Koulouba, on pensait que le poste de Premier ministre allait logiquement lui échoir. Mais, IBK, qui lui vouait jusque-là un respect déférent, a dribblé tout le monde.

Mais Tréta se contentera néanmoins du super ministère du développement rural, étant également la deuxième personnalité du gouvernement. Avec ce poste, le secrétaire général de l’époque du RPM prend encore plus de galons auprès des militants à la base qu’il rencontre à chacune de ses missions à l’intérieur du pays. Bref, de l’avis de beaucoup de ses camarades et des militants, Bokary Tréta était l’homme de la situation.

Cependant, face à ces atouts, Tréta traine des défauts et des tares.

D’abord, quand il était ministre, son nom a été mêlé à plusieurs scandales de détournements et de corruption à grande échelle, notamment dans les affaires des engrais frelatés et des 1000 tracteurs du président.

On lui reproche aussi fondamentalement son ambition démesurée d’atteindre les sommets tout de suite. Ensuite, il s’est brouillé avec l’ancien président du parti, IBK, dont il bravait l’autorité tout en comptant sur ses soutiens et sa popularité au sein du parti. Il a fallu qu’un clan, constitué par les proches du président, lui brise l’élan. C’est après tout ça que le président IBK l’a éjecté du gouvernement.

Abdoulaye Idrissa Maïga n’avait pas assez de tours dans son sac, en dehors qu’il serait l’homme de confiance du président IBK dont il fut le directeur de campagne lors de la Présidentielle de 2013.

Cependant, il avait un atout majeur : on trouverait des liens de parenté entre lui et la Première dame. En Afrique, c’est un facteur favorisant non négligeable dans les nominations et les promotions politiques.

Mais, cela ne suffisait pas à le hisser aux cimes du parti, dans la mesure où le natif de Gao ne draine pas de foule, en ce sens qu’il ne fait même pas l’unanimité dans son propre fief, à Gao où son autorité est contestée par le ministre Malick Alhousseyni. Aussi, il est considéré comme un militant de la 25è heure.

Quant à Baby, son premier atout majeur, c’est son ascension politique au sein du RPM où il a franchi allègrement tous les échelons. Mais lui aussi n’a pas de base.

Toute analyse faite, la présidence du RPM ne devait pas échapper à ce trio de prétendants. Mais, un quatrième larron, en la personne de Boulkassoum Haïdara, pouvait déjouer tous les pronostics. Finalement, au terme du concret, c’est le clan de Tréta qui l’a emporté avec l’élection de son mentor comme président du Rpm. IBK a été poussé à s’aligner. Mais, le président ne l’a jamais gobé. Et depuis le dernier remaniement ministériel, il tient sa revanche. Non seulement il nomme au poste de Premier ministre un cadre de la dernière heure, Abdoulaye Idrissa Maïga, mais IBK pose des actes encore plus graves, selon le clan opposé à lui. Ceux-ci l’accusent d’avoir éjecté des ministres du parti, compétents, comme Ousmane Koné, Mahamane Baby et Mme Sangaré Oumou Bah. Ensuite, IBK a biffé de la liste de ministrables fournie par le Rpm plusieurs noms de cadres avec qui il n’était pas en odeur de sainteté. Enfin, il a réduit considérablement le nombre de ministres proposés par le parti.

Aujourd’hui, l’opinion voit, entend des « choses » venant du Rpm qu ne laissent aucun doute sur les rapports tendus entre cadres Rpm d’une part et entre un clan du parti et le président IBK.

Il faut donc naturellement et logiquement s’attendre dans les mois, voire semaines à venir à une tension interne au sein du parti, dans la dernière ligne droite du mandat d’IBK. Où va le Mali ?

CH Sylla

 

Source: L’Aube

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