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Rapport de l’ONU sur les violations des droits de l’homme au nord du Mali : Les groupes armés du nord et l’armée malienne mis en cause

Les Nations unies ont publié un rapport sur les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre novembre 2013 et mai 2014 au Mali.  Bien qu’étant l’un des tournants de la situation dans le septentrion malien, ce document ne prend pas en compte les évènements tragiques des 17 et 21 mai à Kidal, lorsque plusieurs administrateurs maliens ont été froidement exécutés par les séparatistes dans la foulée et après la visite mouvementée de l’ancien premier ministre Moussa Mara. Même s’il reproche aux groupes armés séparatistes d’être à l’origine d’abus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire, le rapport met également en cause l’armée malienne.

Pour la réalisation de ce rapport, l’ONU indique que 36 missions d’enquêtes et d’établissement des faits par les équipes des droits de l’homme de la MINUSMA ont été effectuées dans les régions de Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti. En plus d’une visite menée dans 150 lieux de détention dans ces quatre régions ainsi que dans les localités de Sélingué, Dioïla et Markala. Le texte souligne qu’  » au moins 50 cas d’attaques indiscriminées, asymétriques et actes de terrorisme ont été commis par des combattants du MNLA, du HCUA et du MAA-dissident ainsi que par des combattants de groupes armés extrémistes« . C’est le cas notamment des terroristes d’AQMI, du MUJAO et d’Ançar Dine. Aussi, il est reproché à ces groupes des  » exécutions sommaires et extrajudiciaires, arrestations et détentions arbitraires et illégales, des cas de torture, utilisation et enrôlement d’enfants, pillage et destructions de biens « . Concernant les forces armées et de sécurité maliennes, le rapport les met en cause dans des cas d’  »exécutions sommaires et extrajudiciaires, arrestations et détentions arbitraires « .

Ces violations auraient été commises lors du retour progressif de l’armée malienne dans les régions du nord, notamment Kidal, Gao et Tombouctou suite à la signature de l’accord préliminaire de Ouagadougou, le 18 juin 2013.

Outre Kidal, de nombreuses violations ont eu lieu dans les localités d’Anefis, Tarssek, Aguelhok et dans la région de Gao. Ainsi, ils sont environ une dizaine de civils qui auraient été  » exécutés tandis que d’autres ont été victimes de traitements cruels, inhumains ou dégradants, d’arrestations arbitraires et de détentions illégales « . La mission affirme avoir remis des rapports d’enquêtes documentés aux autorités maliennes sur l’implication  de certains militaires dans les violences au nord, mais jusque-là aucune suite n’est donnée à ces affaires.

Les terroristes d’AQMI et leurs mouvements affiliés (MUJAO, Ançar Dine et autres) sont également mis en cause dans ce rapport. Ils sont aussi tenus pour responsables de la détérioration de la situation sécuritaire au nord du Mali. Pour la mission d’enquêtes, l’instabilité constatée dans cette partie du territoire national est due à la persistance des attaques terroristes perpétrées par ces groupes extrémistes. En clair, même si l’intervention militaire franco-africaine lancée en janvier 2013 a permis de les chasser, les terroristes tendent à revenir en menant des attaques asymétriques et en utilisant la guérilla.

C’est ainsi que des soldats maliens, onusiens et ceux de l’Opération Barkhane sont régulièrement confrontés à ces attaques qui se caractérisent par l’installation d’engins explosifs, les tirs de roquettes et d’obus de mortier. Des civils paient également un lourd tribut à ces attaques. Ainsi, des forains sont régulièrement pris pour cibles sans compter ceux soupçonnés de livrer des informations à l’armée française pour neutraliser les terroristes.

Le rapport impute à ces derniers l’enlèvement et l’exécution des deux envoyés spéciaux de RFI, Gislaine  Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre 2013. Il est également reproché à ces extrémistes l’enlèvement des civils et du personnel des ONG internationales et des organismes des Nations unies.Toujours selon le rapport, la situation des violations des droits de l’homme au nord du Mali est également exaspérée par des affrontements armés intra et intercommunautaires, particulièrement dans  les localités de Kidal, Gao et Tombouctou. Pour la mission d’enquêtes, ces violences  » ont contribué à entretenir un climat de suspicion propice à la vengeance et à la haine au Mali « . Ainsi, des affrontements ayant opposé les communautés peul et tamasheq dans la région de Gao depuis novembre 2013, ont causé  » au moins 125 victimes dont 75 tués « . Une situation qui aggrave l’insécurité qui prévaut dans cette zone et elle est très souvent suivie d’  » exactions d’une rare cruauté « . Notons que ces cas ont été constatés durant la période s’étalant du 1er novembre 2013 au 31 mai 2014.

Pourtant, dans ce rapport, il est clairement écrit que cette situation s’est particulièrement détériorée au lendemain de la visite mouvementée à Kidal de l’ancien premier ministre, Moussa Mara, le 17 mai 2014. Des affrontements ayant eu lieu après l’exécution des administrateurs maliens et l’occupation des locaux du gouvernorat de Kidal par les séparatistes, le 21 mai 2014. Mais, à aucun moment, ce rapport ne fait état de ces violences commises par les séparatistes du MNLA et du HCUA.

De l’aveu même du directeur de la division des droits de l’homme de la MINUSMA, Guillaume Nguefa, ces  » évènements ont fait reculer les avancées tendant à la restauration de l’autorité de l’Etat et risquent de remettre en cause les efforts nationaux et internationaux visant la consolidation des acquis démocratiques issus des élections de juillet et octobre 2013, notamment en termes de justice transitionnelle « .  Pour la mission d’enquêtes, le rapport sur ces violences sera disponible ultérieurement.  Ainsi, pour remédier à cette situation, la MINUSMA suggère de  » tout mettre en œuvre pour parvenir à un règlement pacifique du conflit dans un climat respectueux des droits de l’homme « .Pour elle, il faut que l’impunité cesse, que les auteurs de crimes soient traduits devant les juridictions et que les victimes soient mises dans leurs droits. C’est d’ailleurs là toute l’idée de l’accord de paix et de réconciliation obtenu à Alger. Lequel, en plus de prévoir une nouvelle architecture institutionnelle qui permettra aux populations locales de s’autogérer, intègre des dispositions pour la poursuite et la sanction des personnes incriminées dans les violations des droits humains en plus d’une réparation pour les victimes. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles les séparatistes refusent de le parapher, contrairement au gouvernement malien et les mouvements armés patriotiques.

Massiré DIOP

 

Source: L’Indépendant

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