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Rapport critique d’Amnesty sur les droits de l’homme au Mali: La stratégie du déni de nos autorités

Le mercredi 22 février dernier, Amnesty International a rendu public son rapport pour l’année 2016-2017 sur la situation des droits de l’homme dans le monde, où le Mali est de nouveau cité parmi les plus mauvais élèves en la matière. En un moment, dans un communiqué d’une rare virulence, le ministère des Affaires étrangères est monté au créneau pour dénoncer les saillies contre le Mali émanant d’autres organisations non gouvernementales chargées de la défense des droits de l’homme, à l’instar de Human Rights Watch, et fustiger les médias maliens accusés d’avoir servi de relais à une campagne de déstabilisation du pays.

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C’est la première fois qu’un ministère de souveraineté, en l’occurrence le ministère des Affaires étrangères, s’en prend ouvertement à la presse nationale accusée dans un langage diplomatique, mais aisément «décryptable» d’être à la solde de l’étranger pour s’être fait l’écho des appréciations peu flatteuses de ces organisations sur la situation des droits de l’homme au Mali.

S’il fallait une nouvelle preuve pour se convaincre que le pouvoir au Mali s’accommode de moins en moins des banderilles que ces institutions plantent dans son dos, altérant de plus en plus son image et sa respectabilité à l’étranger, le dernier message du président IBK adressé au peuple malien résonne comme une sévère mise en garde, une menace à peine voilée destinée essentiellement à la consommation intérieure. Principalement à la presse et à l’opposition invitées à faire preuve de retenue (d’autocensure ?).

C’est que le pouvoir pense que pour contrecarrer le travail et l’inimitié de ces organisations qui cibleraient injustement le Mali, il suffirait de leur couper les sources d’information ; autrement dit instaurer une espèce d’imprimatur tacite aux organes de la presse nationale, tel que suggéré de façon sibylline par les derniers rappels à «l’ordre» adressés aux médias. Mais cela changera-t-il quelque chose à l’équation des droits de l’homme au Mali ? Au-delà de la presse, faut-il rappeler que les canaux d’information et les instruments étrangers de veille en la matière activent légalement au Mali.

Les organisations internationales mises à l’index, telles qu’Amnesty International, sont légalement représentées au Mali. Ajouté à cela, les chancelleries étrangères qui sont à l’écoute des moindres bruissements de la rue. Les réseaux sociaux impossibles à contrôler et à domestiquer, lesquels répercutent sur la Toile à la vitesse du son la moindre manifestation qui se déroule dans la localité la plus reculée du pays. Ceci pour dire que la démarche des pouvoirs publics consistant à se voiler la face pour ne voir dans les alertes sur les violations des droits de l’homme lancées en interne, par la presse, les ligues maliennes de défense des droits de l’homme et les organisations internationales qu’un complot ourdi de l’étranger, est politiquement contre-productif.

À l’ère de la globalisation et de la société de l’information numérique, rien ne peut être caché, tout se sait. L’État de droit est le meilleur antidote pour se protéger de ses ennemis. La stratégie du déni consistant à imputer tous nos malheurs au complot extérieur ne fait plus recette.

Cyrille Coulibaly

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