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Quelle doctrine d’action ? Les actes d’IBK ont annulé ses paroles et ses paroles ont annulé ses actes

Pris entre des pressions contradictoires, il arrive au président de la République de « flotter », de ne pas arriver à se décider, à se forger une doctrine d’action.

 

Accepter d’être présenté comme  un messie et donner ensuite l’impression de tâtonner, laisse sceptique. La forte variation du discours présidentiel a finalement eu raison des dernières illusions, dont se berçaient des millions de Maliens convaincus d’avoir fait le bon choix. Aujourd’hui, la découverte de l’envers du décor semble donner la force et le courage aux citoyens de se torturer la cervelle pour comprendre la déconvenue. Au nom de quel critère le président Ibrahim Boubacar Keïta affectueusement appelé par ses initiales IBK change-t-il constamment d’avis sur des questions cruciales ? Silence radio de sa part. Les observateurs politiques croient avoir trouvé le grain des choses sous la paille des mots de ses collaborateurs. Ainsi s’interrogent-ils sur la marge de manœuvre d’un régime qui doit à la fois plaire (démocratie l’exige) et déplaire (sous le poids des pressions contradictoires).Tenez ! Adulée le matin, la Mission des Nations-Unies au Mali (MINUSMA) est vilipendée le soir. On peut multiplier les exemples, notamment son opposition à l’ouverture des négociations avec les groupes armés du Nord  tant qu’ils n’auront pas déposé  les armes, une exigence formulée au début de son mandat. Son avis a vite évolué sur le sujet, puisque ce préalable  a été abandonné. Mais à quoi bon s’étendre longuement sur les nombreux cas. L’objet de ces lignes étant de comprendre la raison des variations dans le sillon qu’il semble s’être tracé.

Il serait naïf de croire que le président IBK a toujours des idées claires sur la ligne à suivre. Pris entre des pressions contradictoires, il lui arrive de « flotter » de ne pas arriver à se décider, à se forger une doctrine d’action. Les pintades regardent la nuque de celle qui les précède, dit un adage bamanan. En l’absence de directives claires, les services agissent en ordre dispersé. Le secret qui entoure certaines tractations conduites « au sommet » complique la tâche d’interprétation de l’échelon administratif. Il y a un décalage entre la personnalisation très grande du pouvoir du capitaine et ses instruments de navigation qui sont d’un certain âge. De ce fait, le chef de l’Etat et son équipe ne se consacrent qu’aux affaires qui leur paraissent les plus urgentes, les plus sensibles, laissant sur bien des points l’administration dépourvue de directives claires et les ministres agir à leur guise. La  cohérence voudrait qu’on donne un coup de frein à l’ascension au sommet des affaires pour arbitrage en responsabilisant davantage l’appareil administratif et faire partager ses secrets. D’aucuns objecteront les problèmes de fuites. Qui seraient dommageables à la réussite de certaines négociations qu’il s’agisse de la conclusion d’accords avec les partenaires au développement ou à l’intérieur du pays entre autres. Mais voilà, la méfiance suscite la déloyauté. Casser ce cercle vicieux crée une meilleure osmose entre l’autorité politique et l’administration est possible.

Au bout du compte, IBK a dilapidé en quelques années de pouvoir le capital de confiance qu’il avait accumulé pendant des décennies. A prêter une oreille attentive aux conversations dans les « grins »  ou salons, l’opinion publique retient de lui présentement l’image d’un homme d’Etat dont les actes ont annulé les paroles et les paroles ont annulé les actes.

Georges François Traoré   

source : L’Informateur

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