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Processus électoral au Mali : la démocratie en danger

Les irrégularités ayant affecté le processus électoral constitue aujourd’hui une menace sur la démocratie malienne. Privation de liberté d’expression, irrégularités dans l’organisation du scrutin… entre contestation et autoritarisme, la démocratie malienne acquise en 1992 est à l’épreuve.

Depuis la publication des résultats provisoires par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, les contestations gagnent du terrain. Dix-huit candidats dont Soumaïla Cissé, Aliou Diallo, Oumar Mariko, Mohamed Ali Bathily, Mountaga Tall, Choguel Kokalla Maïga, Moussa Sinko Coulibaly, Dramane Dembélé et autres dénoncent «le bourrage honteux des urnes» par le candidat sortant et appellent les autres candidats à «la formation d’un front uni pour le Mali».

Après des sorties médiatiques, un grand meeting a été tenu au Palais de la culture de Bamako pour dénoncer la fraude électorale. Face aux militants, les candidats ont désapprouvé les irrégularités. «Nous ne voulons pas que le pays soit dirigé par la corruption, par la gabegie, par l’insécurité, par le népotisme. Ce n’est pas le Mali qu’on a connu. Nous n’accepterons pas la dictature de la fraude dans notre pays. Non à la dictature de la fraude. Un pays se construit par la tête, par l’intelligence», a souligné l’honorable Soumaïla Cissé.

Le candidat Aliou Diallo a rappelé qu’il a introduit des recours à la Cour constitutionnelle contre la fraude électorale. «Il faut que le bourrage d’urnes cesse. L’élection ne s’est pas bien passée», a-t-il dit. Dr. Choguel Kokalla Maïga a été on ne peut plus tranchant. «Les résultats ne reflètent pas les réalités du pays. Kayes était une région oubliée pendant 5 ans. Les cheminots sont sans salaire depuis 6 mois. On a tout fait pour les acheter le 29 juillet dernier. Pour nous, il n’y a pas eu de vote. On a insulté les Maliens», a-t-il martelé.

Pour Dr. Choguel Maïga, la campagne agricole de cette année est compromise, car les engrais et les semences n’ont pas été donnés à temps aux paysans. «On crée la misère pour venir acheter les Maliens, on ne va pas accepter cela…Il ne peut pas y avoir 33 000 votants à Ménaka. Le conflit intercommunautaire au centre a été instrumentalisé. Personne n’a le droit d’utiliser la misère des Maliens. Si on laisse passer, il n’y aura plus d’élection au Mali. Il faut les résultats bureau de vote par bureau de vote. Nous menons un combat de principe. C’est la survie de notre pays. Nous ne serons pas d’accord avec ce résultat», a déclaré le candidat Choguel Kokalla Maïga.

Le candidat Dramane Dembélé a insisté sur la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote. Me Mohamed Ali Bathily a souhaité que les choses se fassent dans le cadre de la loi. «L’élection ne s’est pas bien passée. C’est la mauvaise distribution de la procuration qui a amené la fraude», a-t-il dit. Il a mis l’accent sur la récusation de la Cour constitutionnelle. Selon lui, c’est grâce au mouvement démocratique que la présidente de la Cour constitutionnelle Manassa Danioko est revenue à la magistrature. Enfin, il a déploré «le coup d’Etat électoral» orchestré par les gouvernants.

Ils ne sont pas seuls à douter de la bonne foi du gouvernement. Dans un communiqué, la Mission d’observation électorale de l’UE (MOE UE) au Mali a indiqué qu’elle poursuit son observation du processus électoral après avoir suivi la centralisation et la publication des résultats provisoires, renouvelle ses appels à la transparence à l’approche du second tour de l’élection présidentielle prévu le 12 août.

«À l’approche du second tour, il serait souhaitable que les autorités prennent toutes les mesures nécessaires de manière à garantir le droit de vote à tous les électeurs», a-t-elle précisé. «La Mission renouvelle par ailleurs sa demande aux autorités de publier au plus tôt les résultats du premier tour de l’élection présidentielle bureau de vote par bureau de vote, et de faire de même pour le second tour, dans un souci de transparence et conformément aux bonnes pratiques et standards internationaux», a insisté Cécile Kyenge.

Par ailleurs, la MOE UE invite le MATD à rendre publics les chiffres relatifs à la distribution des cartes d’électeur qui se poursuit entre les deux tours, et à prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre les cartes non distribuées disponibles aux électeurs dès l’ouverture des bureaux de vote lors du second tour.

La Mission de l’UE demande aux autorités de ne pas limiter la liberté d’expression en cette période électorale et de garantir l’accès sans entraves à internet et aux réseaux sociaux. La Mission insiste notamment sur la nécessité de permettre à la radio Renouveau FM de reprendre rapidement ses programmes. De manière générale, il conviendrait de privilégier la saisine de la Haute Autorité de la Communication (HAC) compétente en premier lieu pour les médias privés.

Ces constats constituent de sérieuses menaces sur notre démocratie et sont susceptibles de présager le pire.

Zan Diarra   

 Soleil Hebdo

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