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Procès Amadou Haya Sanogo : à quand la fin ?

Annoncée pour ce lundi 13 janvier 2020, la reprise du procès tant attendu d’Amadou Haya Sanogo et co-accusés, dans l’affaire dite des bérets rouges, est reportée aux prochaines assises. « En raison des contraintes majeures liées à la préservation et à la cohésion au sein des Forces armées mobilisées pour la défense de la patrie, le procès Amadou Haya Sanogo, prévu pour ce 13 janvier est reporté à une prochaine session de la Cour d’assises de Bamako », apprend-on dans un  Twitter du ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré, rendu public ce week-end.

¨Pour rappel, les accusés seront jugés pour complicité d’assassinat et d’enlèvement. Il s’agit de l’affaire dite des bérets rouges. Nous sommes en décembre 2013. Les corps d’une vingtaine de militaires appartenant à une unité parachutiste de l’armée, communément appelée les Bérets rouges, avaient été retrouvés dans un charnier à Diago, près de Kati, localité située à 15 km de Bamako, qui était le quartier général d’Amadou Haya Sanogo et de ses hommes, auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012 contre le régime du Président ATT.

Ces militaires tués avaient été arrêtés tout juste après une tentative de coup d’Etat contre Amadou Sanogo : proches de l’ancien président Amadou Toumani Touré, ces soldats avaient mené une tentative de contre-coup d’Etat qui avait été violemment réprimée en avril 2012 par la junte militaire, dirigée par l’ex-capitaine Sanogo.

Ce procès, comme son nom l’indique, oppose les putschistes du 22 mars 2012, des personnalités d’un seul camp, aucune personnalité du camp opposé dans le conflit ayant occasionné la mise en œuvre de la procédure judiciaire n’étant présente.

Nous sommes, manifestement, dans le cas d’un procès difficilement justifiable en droit, tant il est indéniable que tout procès, au terme des débats, doit déboucher sur la manifestation de la vérité, qui consiste dans le cas d’un antagonisme avéré, à déterminer qui, des parties opposées, a tort et qui a raison. Quelle vérité peut-on prétendre rechercher, en effet, dans un procès relatif à un antagonisme entre au moins deux camps, où l’on ne s’intéresse qu’aux membres d’un seul et même camp ?

Les signaux forts qui viennent de la société civile, de la famille des inculpés, du monde intellectuel et des acteurs politique, des citoyens ordinaires du Mali et le cri du sang de ceux qui ont été massacrés, qui sortent tous de leur torpeur, dénoncent la tragédie que vit Amadou Haya Sanogo.  Car pour eux, il faut aller au procès pour situer les responsabilités et condamner les auteurs, afin de permettre aux familles des victimes de faire le deuil de leurs enfants.

Aussi, croyons-nous fermement qu’il ne sera pas raisonnable de tenir un procès dans une procédure où les antagonistes ne se rencontreront pas dans le prétoire sans faire le procès de la justice et de ses mandants. Dans tous les cas, la tenue de ce procès à multiples rebondissements, est déjà une bonne chose en soi dans ce Mali où on avait l’habitude de voir des personnes supposément impliquées dans des tentatives de coups d’Etat, jugées à la hussarde et passées par les armes sans avoir jamais eu droit à un procès équitable. Ces méthodes inhumaines et expéditives sont fort heureusement bien loin derrière nous, et cela est à mettre au crédit de l’ensemble des Maliens qui ont œuvré au retour de l’Etat de droit et à l’avènement d’une Justice indépendante.

Le procès programmé pour la prochaine assise sera une parfaite illustration et au-delà des condamnations et des réparations des préjudices, c’est le fait qu’il pourrait permettre à notre pays de tourner définitivement le dos à l’immixtion intempestive de l’Armée dans le jeu politique qu’il faut retenir et saluer. On peut, en effet, espérer au terme de cette instruction à la barre, qui va certainement révéler des fissures et des dysfonctionnements énormes au sein de notre Grande muette, que notre armée reste désormais dans ses casernes et deviendra définitivement républicaine en se mettant résolument au service du politique et non le contraire, comme on l’avait malheureusement vécu dans notre pays ce 22 mars 2012.

Paul Y. N’GUESSAN

Source: Bamako News

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