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Présidentielle au Mali : mais alors, il a lieu quand le débat de fond ?

Le débat autour de la publication du livre  « C’est Possible au Mali »de Mamadou Igor Diarra est le véritable lancement de la campagne présidentielle au Mali.

Il a fait une proposition qui « parle » à une partie de l’électorat qu’il vise, il s’est pris en retour une descente en flammes de la part du système IBK.

Ils ont également, au passage, bien insisté sur un point faible de Mamadou Igor Diarra, la partie de son origine étrangère. Il a beau vivre au Mali depuis des décennies et être fils d’un natif de Markala (région de Ségou), Il est né ailleurs et a gardé cette couleur de peau métissée.  Quoi qu’en pensent certains, qui hurlent à la xénophobie dès qu’on parle de l’origine étrangère d’une personne, c’est un point d’attaque qui porte et qui paye dans une bonne partie de l’électorat, notamment rural et âgé.

La campagne électorale impose, si on veut l’emporter, d’être pragmatique.

 

Le but, c’est de gagner l’élection, c’est la priorité absolue, qui conditionne la possibilité d’imposer ses idées et son programme.

Il ne faut pas attendre un quelconque « débat de fond », le moment n’est pas propice, puisque le but fondamental de l’élection est de sélectionner une personne, pas un programme.

La question qui est immédiatement posée, c’est « mais alors, il a lieu quand le débat de fond ? ».

Il a lieu, mais dans d’autres sphères, selon d’autres modalités. Il faut juste savoir où regarder (et pour cela, il ne faut pas compter sur les médias Maliens).

Les débats de fond sont un processus en général lent, éclaté, collectif et médiatiquement peu visibles.

Cela se déroule par le biais d’articles confidentiels dans des groupes de discussions spécialisés, de rencontres informelles et de discussions de couloirs.

Cela concerne un nombre finalement assez réduit de personnes, mais souvent, sur des thèmes et des questions assez précises.

Quand un sujet est technique, il faut déjà savoir de quoi on parle, ce qui constitue parfois une barrière à l’entrée, même s’il y a plusieurs cercles.

On peut avoir ceux qui maitrisent parfaitement, sont reconnus dans le milieu concerné et ont réfléchi au sujet. Ils sont au coeur du processus, comme éléments moteurs, mais pas forcement comme décideurs.

Il y a ensuite ceux qui comprennent ce qui se dit, sans pour autant avoir une maitrise technique complète.

Ce qu’ils comprennent, ce sont les enjeux, et c’est dans cette catégorie que l’on retrouve, entre autres, les politiques (qui sont rarement des experts pointus, même si ça arrive).

 

La caractéristique des débats de fond est qu’ils sont souvent, du moins dans les prémisses, assez techniques, donc peu attirants pour les médias Maliens, et donc inconnus du grand public.

 

C’est quand le débat surgit sur le champ politique qu’il commence à être visible.

Parfois, il n’y a même pas débat car il y a consensus, et la validation politique se fait naturellement, sans éclats.

Un exemple, celui de l’intervention des armées Etrangères sur le sol Malien. Il n’y a pas eu tellement débat pour le décider. Pour la situation de Kidal, les seuls éclats médiatiques sont destinés à pousser un peu la communauté internationale à laisser l’armée Malienne à y aller.

Je n’ai pas entendu beaucoup de voix condamner l’attitude de la communauté internationale dans la gestion de la ville de Kidal.

Sur tous les grands sujets, il en va de même.

Le débat de fond est même permanent, car il faut sans cesse ajuster. Mais il reste une affaire de spécialistes.

Les « citoyens de base » sont de fait exclus de ces débats, ce qui peut effectivement poser question d’un point de vue démocratique.

Ce qui assure l’équilibre, c’est la présence des politiques au cours des débats, là où les choix se construisent matériellement, et leur prééminence au moment de la validation.

Ces politiques sont à la fois partie prenante aux débats, mais dépendent, pour leur survie politique, des suffrages de citoyens. Ils sont donc obligés de se préoccuper, de très près, de « l’état de l’opinion », de l’acceptabilité des solutions et des choix techniques proposés.

Vous comprendrez aisément qu’en période pré-électorale, les politiques ont l’esprit saturé par le scrutin à venir.

 

Pas question, par une maladresse  de compromettre l’élection comme c’est le cas actuellement de l’opposition Malienne.

Pas le temps non plus de courir les  spécialistes, il faut être sur le terrain.

 

Il y a quand même des éléments du débat de fond qui ressortent quand les candidats, par le biais de leurs programmes, proposent le fruit de ce travail à la validation.

Si le citoyen veut du débat de fond, qu’il aille disséquer les programmes, regarder d’où viennent les idées, dans quels cercles ils ont été élaborés.

Mais qu’il n’attende pas qu’on les lui donnent.

 

Une élection, c’est d’abord le choix d’une personnalité, avec son caractère, sa solidité nerveuse, ses équipes (on ne gouverne pas seul) et éventuellement, en dernier ressort, quelques choix fondamentaux.

 

En tout état de cause, les éléments de fond sont déjà cristallisés, les programmes déjà bouclés à 98%, il est hors de question que la campagne soit un « work in progress » à ciel ouvert devant les citoyens.

Cela donnerait un bien mauvais débat de fond…

 

Séga DIARRAH

Président de BI-TON

Blog : diarrah.com

La rédaction

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