Depuis le fameux dossier du code de la famille, les associations islamiques se comportent comme des structures qui viennent de subitement découvrir leur force. En tout cas, tout porte à croire que cette force mise au grand jour dans le combat contre le code de la famille, risque de surgir dans le cadre des élections présidentielles de juillet 2013. Des associations musulmanes ne s’apprête-t-elles pas à donner des consignes de votes ?

Commencer par des comités de gestion dans les mosquées, en vue de la formation de ligues, nous assistons impuissant à un glissement de la religion vers la politique. Si de tout l’on avait pensé que la religion et la politique ne pouvaient pas faire bon ménage, des voix s’élèvent de plus en plus du côté de certaines mosquées à travers le pays pour soutenir le contraire. Ils sont convaincus que l’Islam et la politique sont deux choses qui vont de paire.

L’islam étant la chose la mieux partagée au Mali, est-ce qu’il est normal que les leaders religieux s’affichent derrière tel ou tel autre candidat. Cela peut être de nature à fausser le jeu démocratique, pour celui qui connait les relations qui lient certains fidèles aux leaders religieux. Malheureusement depuis quelques temps, des leaders religieux ont décidé de se faire inviter dans le champ politique, quitte à fausser le jeu démocratique. Aujourd’hui, il n’y a aucun doute, à l’allure où vont les choses, la présidentielle de juillet 2013 est partie pour être le champ d’expérimentation d’une nouvelle stratégie de conquête du pouvoir en faisant appel à des leaders religieux.

Ce qui se trame aujourd’hui dans certaines mosquées du pays et dans certaines confréries, n’augure pas de lendemains meilleurs pour la démocratie malienne. Le Mali n’a pas encore un parti islamique, chose interdite par la loi, mais le Mali n’est-il pas parti pour être gouverner sous le désidérata de certains leaders religieux qui se sont subitement rendus compte de leur pouvoir de faiseur de roi. Fort de ce pouvoir, une association religieuse vient de publier son mémorandum qu’elle souhaite faire avaliser par les candidats pour pouvoir donner des consignes de vote. Et, la, nous ne sommes pas loin d’un marché : promesse de respecter les exigences du mémorandum contre une consigne de vote. Et, comme tous les candidats engagés dans la bataille électorale ne cherchent qu’à être élu, il n’y a aucun doute certains vont s’engager à respecter le mémorandum, en sachant pertinemment qu’il comporte des exigences  difficilement conciliables avec la marche d’une République démocratique et laïque. Même si des leaders religieux se sont démarqués de cette manière de faire les choses, nous sommes tentés de nous demander jusque quand durera leur réticence. En tout cas, en cette veille d’élection présidentielle au Mali rares sont les mosquées où il n’y a pas de conciliabules et de tractations pour voir le candidat qui doit mériter le vote des musulmans. Un pays à 90% musulmans, une consigne de vote venant des mosquées n’est-t-elle pas anti-démocratique ?

Assane Koné               

Ousmane Baba Dramé