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Pourparlers intermaliens d’Alger : LA MEDIATION TENTE DE RAPPROCHER LES POSITIONS »

Le gouvernement et les Mouvements signataires de la plateforme d’Alger sont pour la régionalisation. Tandis que le MNLA et ses alliés soutiennent le fédéralisme

negociateurs mnla

Tous les protagonistes sont d’accord que cette troisième phase des pourparlers d’Alger est une étape cruciale du processus, car il s’agit de s’accorder sur l’essentiel pour aller à un préaccord. Après l’ouverture des travaux, les discussions de fond ont aussitôt commencé. Le week-end a été dominé par les rencontres tripartites à huis clos à la Résidence El Mithak. L’équipe de la médiation a d’abord rencontré la délégation gouvernementale et la Coordination des mouvements de l’Azawad. Les médiateurs ont ensuite rencontré à la fois la délégation du gouvernement et les Mouvements signataires de la plateforme d’Alger. La tâche des facilitateurs est de rapprocher les positions des différentes parties autour du document de synthèse pour la paix et la réconciliation au Mali. Mais les choses ne sont pas faciles car les divergences sont bien réelles.

Le constat est qu’à ce stade des pourparlers, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et ses alliés le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA tendance radicale)  font  pression sur tout le monde en remettant sur la table leur projet de fédéralisme et refusent de faire des concessions. On peut dire que le MNLA tient vraiment à rester sur cette position. C’est pourquoi il a mis en avant les tenants de la ligne dure comme Mossa Ag Assarid et Mahamadou Djéri Maïga. Ce dernier était absent lors de l’élaboration du document de synthèse après avoir été écarté dès l’entame des pourparlers. Aujourd’hui, l’homme refait surface à un moment crucial du processus et attire l’attention de la presse.

C’est aussi le cas de Mossa Ag Assarid qui n’hésite pas, devant les cameras du monde entier, à rejeter à ce stade des négociations le système de gouvernance locale proposé par le gouvernement. Il feint d’ignorer que cette proposition figure en bonne place dans le document élaboré par l’équipe de la médiation pour la paix et la réconciliation. Il continue de soutenir mordicus que l’opportunité doit être maintenant donnée aux populations du Nord du Mali de gérer librement leur territoire. « Le thème Azawad ne doit pas être un tabou. Il ne doit pas non plus être un mot qui choque le gouvernement du Mali. Si nous avons reconnu l’intégrité territoriale du Mali, il ne faut pas qu’à l’intérieur de cette intégrité territoriale il y ait des choses qui nous empêchent de nous entendre », argumente-t-il, ajoutant : « nous cherchons à avoir un accord qui puisse être un contrat social entre les deux parties dans le seul intérêt général de nos populations. Si nous avons cette volonté, nous ne pouvons pas ne pas avoir un accord ».

La solution du fédéralisme est rejetée par les Mouvements signataires de la plateforme d’Alger composée de la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA), du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA tendance modérée), de la Coordination des mouvements et forces de résistance (CMFR) et du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et Alliés (GATIA). Leur position rejoint celle du gouvernement. Ces mouvements soutiennent que les pourparlers doivent aboutir à un accord qui peut être appliqué sur le terrain. « Nous avons abordé des questions très pertinentes se rapportant à la prise en charge des éléments de l’accord. Il s’agit des questions de sécurité, des questions politiques et institutionnelles, législatives et réglementaires, des questions de gouvernance. Nous n’avons pas demandé ce qui est impossible. Nous restons objectifs. Néanmoins, nous sommes convaincus que ce qui s’est passé dans le nord du Mali, oblige qu’il y ait nécessairement un changement dans la gouvernance et que la sécurité soit la priorité pour tout le monde…Tant que l’armée n’aura pas été capable de se déployer sur l’ensemble du territoire pour sécuriser l’ensemble des populations, il n’y aura de paix et de développement. C’est ça notre position. Je pense que notre message a été bien passé du coté de la médiation », souligne Me Harouna Toureh, le président des mouvements.

 

COMPROMIS, CONCESSIONS ET REALISME. Pour sa part, le chef de la délégation du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, assure que le gouvernement est prêt à faire un pas en avant et demande au MNLA et ses alliées de faire de même et surtout de faire preuve de réalisme et de retenue. « Chacune des parties a donné son point de vue sur le document de la médiation en toute franchise, avec les arguments nécessaires. Nous avons défendu la position du gouvernement tout en valorisant la qualité du travail qui a été fait par l’équipe de la médiation ; tout en mettant en avant les points qui sont les plus importants pour le gouvernement. Nous avons écarté ce qui n’est pas acceptable à ce stade des négociations en particulier les notions de fédéralisme et de l’Azawad et nous avons expliqué pourquoi. Je crois que l’équipe de la médiation a pris bonne note de ces différents éléments. Nous sommes venus dans ce processus avec la détermination d’aboutir à la paix. Nous pensons que chacun de nous doit faire un effort dans ce cadre, et faire preuve de retenue et d’un engagement réel », soutient-il.

Le ministre Diop rappelle que le document de la médiation prend en compte le mode de gouvernance locale proposé par le gouvernement et qui permet aux collectivités territoriales de se développer économiquement. « Il est important que la discussion soit centrée de plus en plus sur le document qui a été soumis par la médiation et qui constitue pour nous la seule base de la conversation à ce stade », fait-il remarquer. Par rapport aux accusations du MNLA et ses alliés contre l’Etat malien de 1960 à nos jours, le ministre Diop dira : « un accord de paix nous donnera un espace nécessaire pour rétablir la vérité et la justice ».

Les prochains jours seront très déterminants pour toutes les parties présentes dans la capitale algérienne. La chef de la délégation gouvernementale, Abdoulaye Diop, pense qu’il faut arriver à une paix sincère et non imposée au bout du fusil et que l’équipe de la médiation aura assez d’éléments pour bâtir une stratégie qui permet de rapprocher les parties.

Compromis, concessions, réalisme sont les mots sur lesquels les médiateurs ont beaucoup insisté lors de la cérémonie d’ouverture de ce troisième round. Si elle ne parvient pas à rapprocher les positions des protagonistes, la médiation sera de toute façon amenée à trancher tôt ou tard pour vraiment faire la paix dans notre pays.

Envoyé spécial

M. KEITA

SOURCE / ESSOR

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